Quels facteurs auront une incidence sur l’approvisionnement des diamants en 2024 ?

Paul Zimnisky

Le bâtiment de la Diamond Trading Company de De Beers à Gaborone, vu depuis l’autoroute, en 2023. Source : Paul Zimnisky.

Paul Zimnisky, l’un des principaux analystes et consultants de l’industrie du diamant installé aux États-Unis, s’intéresse aux facteurs qui vont influencer l’offre de diamants naturels en 2024 et au-delà. Il donne un aperçu de l’état actuel du marché, des perspectives de production et de ventes et des éventuelles difficultés et opportunités pour l’industrie.

Après un ralentissement des ventes de brut fin 2023, concomitamment à une interruption des achats indiens, les majors De Beers et ALROSA ont accumulé des stocks de diamants.

Pour rappel, au quatrième trimestre, les ventes de De Beers ont reculé d’environ 70 % en glissement annuel en valeur, ce qui équivaut à environ 1 milliard de dollars d’augmentation du stock. ALROSA a purement et simplement suspendu l’intégralité de ses ventes en octobre et novembre, provoquant inévitablement un cumul des stocks d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars.

Les miniers indépendants, qui disposent de moins de souplesse financière, sont parvenus à vendre la plupart des excédents de stocks avant la fin de l’année. Ainsi, en décembre, Petra Diamonds a écoulé environ 70 millions de dollars de brut – avec notamment une augmentation de prix à deux chiffres par rapport aux deux mois précédents. Burgundy Diamond Mines a vendu 170 millions de dollars au cours des derniers mois de l’année. Sa direction a confirmé qu’en fin d’année, « tous les stocks disponibles » (hors « Specials ») avaient été écoulés.

Dans ce contexte, il est probable qu’au premier semestre 2024, au moindre signe de reprise de la demande, les deux majors libèreront sur le marché au moins une partie de leurs excédents de stocks. Cela pourrait alors permettre de ne pas reporter un excédent aussi volumineux entre 2023 et 2024 (sur le marché intermédiaire du moins).

Toutefois, d’ici le second semestre, il va être intéressant d’observer la dynamique de l’offre à moyen et long terme. Après l’arrêt des opérations de la mine Renard au Canada et la récente révision à la baisse des perspectives de production de De Beers, les prévisions de la production mondiale de diamants naturels sont de 117,5 millions de carats en 2024, soit une baisse de 3,5 millions de carats en glissement annuel et de 18,5 millions de carats par rapport à 2019, le point de référence avant la pandémie.

Reste à déterminer l’impact de l’élargissement des sanctions occidentales sur les diamants russes, qui entreront pleinement en vigueur en 2024. Même si les conséquences immédiates de l’embargo ne seront peut-être pas aussi aiguës que certains le pensent, les complexités se feront ressentir dans la chaîne d’approvisionnement et le risque de perturbations importantes est tout à fait réel.

Au mois de mars, toutes les marchandises russes taillées de 1 carat et plus, y compris celles taillées hors de Russie, seront visées par les pays du G7 et par l’UE dans son ensemble. En septembre, la limite sera abaissée à toutes les marchandises (taillées) d’au moins 0,5 carat. Quoi qu’il en soit, ce nouveau seuil ne permettra toujours pas de cibler la majorité de l’offre russe en volume (environ 30 % à 40 % en valeur) – car la production russe contient une part supérieure de petites marchandises.

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Paul Zimnisky

À un niveau plus local, la production commerciale de la mine Luele (anciennement appelée Luaxe), récemment inaugurée en Angola, accélérera en 2024. Une usine de transformation de « phase 1 », en cours d’achèvement, lui permettra de produire jusqu’à 4 à 5 millions de carats environ chaque année, ce qui en fait une source importante de nouvelle production alors que les mines actuelles ont plutôt tendance à s’épuiser partout dans le monde.

Lors d’une conférence de presse organisée par le gouvernement angolais en novembre 2023, les responsables ont indiqué que la production de Luele pourrait être « graduellement » élargie, au fur et à mesure de l’avancement de l’usine, ce qui pourrait permettre de tripler la production. Pour rappel, les ressources de Luele sont estimées à plus de 600 millions de carats. La mine pourrait ainsi être opérationnelle pendant plus de 60 ans.

Source Le Solitaire International