Oubliez les sceptiques et acceptez la nouvelle réalité du Botswana

Albert Robinson

Les sceptiques s’en sont donné à cœur joie lorsque la De Beers et le gouvernement du Botswana ont annoncé, en 2011, la signature d’un accord d’extraction et de vente de diamants sur 10 ans.[:] Dans le cadre de la transaction, la Diamond Trading Company (DTC) s’est engagée à transférer la plupart de ses opérations à Gaborone, avant fin 2013. En échange, le minier a bénéficié d’un accord de 10 ans, au lieu des cinq ans traditionnels, qui étaient jusqu’alors la norme. Fin 2013, ce pays d’Afrique australe devait être prêt à organiser le premier sight. La tâche est difficile, la plupart des autres pays auraient des difficultés à y parvenir. Et quant à savoir s’il s’agit d’un énorme défi logistique, la réponse est oui, certainement.

L’assemblage et le tri ne seraient donc plus effectués dans l’antre sacré de la De Beers à Charterhouse Street, à Londres, comme cela se faisait depuis des décennies. Certains se sont interrogés, qui voudrait déménager dans un pays aussi lointain ? Et même si plusieurs employés de la DTC, basés au Royaume-Uni, ont accepté de le faire, ils ne représentent sûrement qu’une petite minorité.

D’autre part, comment le Botswana pourrait-il espérer disposer de trieurs de brut, formés et qualifiés, en un tel laps de temps si court ? Après tout, il s’agit de compétences qui se perfectionnent après de nombreuses années. N’oublions pas, ont affirmé les opposants, que la De Beers possède 11 500 catégories de diamants.

Enfin, d’autres considérations, d’ordre plus pratique, sont apparues pour les sightholders de la De Beers : la durée des trajets, en premier lieu. Il n’existe pas de lignes directes – il faut généralement transiter par Johannesburg, puis prendre un vol de 40 minutes jusqu’à Gaborone. Certains diamantaires ont besoin d’un visa pour entrer en Afrique du Sud, d’un visa de transit, puis d’un visa pour entrer au Botswana. Voilà de quoi avoir mal à la tête, et c’est un euphémisme, sans compter le temps passé hors du bureau et les innombrables allers-retours entre les ambassades, passeport en main.

Finis les sauts rapides par-dessus la Manche pour les diamantaires belges ou les vols de quatre heures pour leurs homologues israéliens, ou encore les sept heures de voyage pour les sightholders indiens et américains.

Et Gaborone n’est pas exactement Londres, ont utilement souligné les sceptiques, ce berceau de la démocratie moderne, où s’est décidé le sort de centaines de millions de personnes du vaste empire de Grande-Bretagne, il y a de cela bien longtemps. Plus d’escapades jusqu’au West End pour voir la dernière pièce de théâtre ou comédie musicale. Plus de sorties au musée et dans des galeries de renommée mondiale. Finis les plus beaux hôtels, restaurants et cafés ou les commerces de première catégorie ; adieu l’occasion d’un voyage à Londres pour profiter de courtes vacances avec votre conjoint.

Quid des hôtels et restaurants du Botswana ? Ils ont été rapidement ignorés, sous prétexte que la qualité ne serait pas au rendez-vous. La qualité de l’eau ? La fourniture d’électricité ? Au mieux, intermittente. Internet ? Tantôt oui, tantôt non – probablement défectueuse la plupart du temps. La transparence ? Sûrement absente. La sécurité ? Les installations pour les sightholders ? Les plats cashers ? La liste des inquiétudes était longue. Et ces craintes, largement répandues, ont persisté jusqu’à la fin de l’année dernière.

Puis une drôle de chose s’est passée – peut-être n’était-elle pas drôle, mais exceptionnellement bien organisée et exécutée. Le premier sight au Botswana s’est déroulé en novembre – avant l’échéance de fin d’année. Les sightholders sont arrivés. Ils ont été conduits vers d’excellents hôtels équipés de la plupart, voire de toutes les installations dignes d’établissements 4 ou 5 étoiles à travers le monde. Le service est de première classe, et je peux en témoigner pour m’être rendu dans le pays la semaine dernière afin d’examiner les installations.

Le Botswana, un pays indépendant depuis moins de 50 ans, bordé par des nations qui ont connu tourmentes et incertitudes, est un territoire pacifique, démocratique et stable. Ses routes sont de bonne qualité et ses transports ne semblaient pas poser problème. Pour un pays qui ne disposait que de quelques kilomètres de bitume au moment de son indépendance, ses artères sont désormais d’une qualité relativement élevée et son réseau routier assez vaste.

Certes, ce n’est peut-être pas Londres, mais le pays propose des expériences touristiques inédites à Piccadilly Circus ou à Shaftesbury Avenue : voyage dans le bush ou safari, au Botswana ou dans l’Afrique du Sud voisine.

L’expérience pour les sightholders et les autres représentants de diamantaires se rendant à Gaborone – comme ceux qui vont étudier les diamants proposés à l’Okavango Diamond Company – est d’un niveau international. La sécurité à la De Beers, à la DTC Botswana, dans les bureaux de Debswana et du Diamond Technology Park, où se trouvent l’ODC et plusieurs sightholders, va au-delà de tout ce que moi, personnellement, j’ai vu ailleurs, dans le monde du diamant, en matière de protections multiples des diamants, des visiteurs et du personnel.

Bien sûr, quelques problèmes demeurent, liés au lancement. Il serait illusoire de prétendre que tout est parfait. Des fonctionnaires comme le directeur résident de la De Beers au Botswana, Reo Moroka, et le vice-président exécutif des ventes mondiales aux sightholders, Paul Rowley, l’affirment franchement.

Mais le pays a fait des progrès exceptionnels ces dernières années et continue à travailler. Certains objectifs sont toujours à l’ordre du jour et, notamment, les pourparlers avec différentes compagnies aériennes sur la possibilité de vols directs. Le gouvernement du Botswana s’est engagé à ce que l’expérience pour les sightholders et autres membres de l’industrie diamantaire soit aussi harmonieuse que possible.

Alors, si quelqu’un croit encore que les craintes exprimées ici sont vraies, qu’il aille rapidement au Botswana. Les Botswanais avec qui j’étais en relation ont tous été, sans exception, charmants, polis et amicaux et m’ont proposé un niveau de service que je serais ravi de retrouver ailleurs dans le monde.

Le Botswana est déterminé à devenir une plaque tournante du diamant dans le monde, mais aussi un centre de fabrication de bijoux. Telle est la nouvelle réalité de l’industrie. Alors, bon voyage et profitez de cette escapade !

Source Idexonline