L’élan de Hong Kong

Avi Krawitz

Le salon international de la joaillerie de Hong Kong, qui a eu lieu au cours de la semaine du 3 mars, a insufflé une certaine confiance dans le commerce des diamants, même si le marché ne connaît pas un essor phénoménal. [:]Un salon satisfaisant, qui a répondu aux attentes, a suffi pour que le climat positif, dans lequel baigne l’industrie du diamant depuis le début de l’année, se maintienne… au moins dans un avenir proche.

Généralement, l’industrie s’intéresse de près au salon du mois de mars car il représente le premier grand événement commercial après Noël et, surtout, après le Nouvel An chinois. Souvent, les grossistes et les détaillants cherchent à reconstituer leurs stocks et les négociants à répondre aux commandes.

[two_third]Or, ces dernières années, les acheteurs ont préféré attendre la dégradation des conditions de marché pour passer de grosses commandes. Les détaillants se montrent prudents face à l’achat de marchandises excédentaires et gèrent un stock moins achalandé qu’auparavant.

Le marché n’a guère été favorable aux acheteurs cette année, alors que les prix des diamants taillés étaient relativement élevés au début du salon. L’indice RapNet (RAPI) pour les diamants certifiés de 1 carat a progressé de 1,5 % au cours des deux premiers mois de l’année, tandis que le RAPI pour les 0,30 carat et 0,50 carat a augmenté de 4,6 % et 4,5 % respectivement. Là encore, les tarifs ont diminué en 2013 pour la plupart des catégories.[/two_third]

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« Les détaillants se montrent prudents face à l’achat de marchandises excédentaires et gèrent un stock moins achalandé qu’auparavant. »

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Les fabricants ont connu un bon mois de février, les prix du taillé s’étant raffermis. De façon assez surprenante, la De Beers, quant à elle, a maintenu ses prix pour les diamants bruts. Les fabricants connaissent ainsi une amélioration de leurs marges bénéficiaires et le brut se négocie avec des premiums sur le marché secondaire. Pourtant, les fabricants considèrent que les prix du brut sont élevés et certains soupçonnent qu’un salon de Hong Kong stable annonce une hausse des prix du brut lors du prochain sight.

Indépendamment de l’humeur optimiste avant le salon, les craintes portaient sur un possible refus des acheteurs d’acquérir du taillé à prix élevé. Ces craintes n’ont apparemment pas été avérées et les rapports en provenance de Hong Kong ont été majoritairement positifs. Les acheteurs veulent acheter et les vendeurs maintiennent leurs prix, même si les acheteurs refusent une quelconque hausse.

Selon des conversations avec les exposants et les acheteurs, le salon a montré les tendances suivantes :

• Une bonne demande globale pour les certificats du GIA.

Une forte demande pour les rondes H-, VS-SI de 0,30 carat à 0,50 carat.

Des négociants davantage en quête de couleurs inférieures non-certifiées, de 0,30 carat à 0,40 carat, dans des plis, dont la valeur est pour eux supérieure à celle des diamants certifiés équivalents.

De bonnes ventes pour les grosses pierres.

• Une forte demande pour les diamants certifiés Triple EX, relativement rares.

Des couleurs fantaisie en vogue.

• La stabilité des tailles fantaisie, avec une bonne demande pour les ovales et les coussins.

La présence de liquidités sur le marché, malgré des craintes chez les tailleurs liées au resserrement du crédit bancaire et aux prix élevés du brut.

Des acheteurs chinois sélectifs et sensibles aux prix, mais actifs.

[two_third]En outre, le salon comptait de nombreux exposants et a connu, cette année, une importance sans précédent. Pour la première fois, il a été séparé en deux sites – ou deux salons distincts – à l’instar de celui de septembre.

Le premier salon international de Hong Kong pour les diamants, perles et pierres précieuses, dans lequel se trouvait le pavillon des diamants, a eu lieu du lundi 3 mars au vendredi 7 mars. De nombreux exposants ont fait remarquer qu’ils avaient ainsi raté la fréquentation du week-end. Le salon international de la joaillerie de Hong Kong, d’une importance majeure, s’est déroulé du mercredi 5 mars au dimanche 9 mars.[/two_third][one_third_last]

« Le salon comptait de nombreux exposants et a connu, cette année, une importance sans précédent. »

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Un total de 3 850 exposants ont participé aux deux salons, contre 3 340 l’année dernière, a rapporté le Hong Kong Trade and Development Council (HKTDC), qui organise les événements. En conséquence, même si la fréquentation des visiteurs est restée stable, les exposants de diamants ont remarqué des acheteurs dispersés dans les vastes salles.

Les diamants en présentation étaient abondants, les négociants de tous les grands centres ayant participé ou envoyé des marchandises par l’intermédiaire d’autres fournisseurs. Les échanges à Anvers, Mumbai, Ramat Gan et New York sont donc restés plutôt calmes cette semaine, l’attention étant désormais tournée vers l’est.

Ce ne sont pas les plus de 500 exposants supplémentaires qui ont assuré le succès du salon. Au contraire, cela montre à nouveau que « l’activité du salon » est devenue un jeu de chiffres pour de nombreux organisateurs. Pour le marché, c’est finalement la qualité des acheteurs, et non la quantité des exposants, qui détermine le succès d’un tel événement. En tant qu’organisation commerciale, le HKTDC pourrait, sans le vouloir, rendre un mauvais service à ses membres, en développant autant le salon.

En fait, il est facile de comprendre que certains exposants se soient sentis un peu perdus dans la foule : les acheteurs profitaient d’une offre amplement suffisante à Hong Kong. Nombre de ceux qui se sont entretenus avec Rapaport News ont noté une ambiance positive due aux transactions. Toutefois, le salon n’a pas satisfait tout le monde, les achats ne s’étant pas répartis uniformément.

Dès lors, les fournisseurs commencent à s’interroger sur l’intérêt d’engager de telles sommes pour participer à tous ces salons. Ils vont aussi devenir plus sélectifs face à ces événements, si ce n’est déjà fait. Cela peut expliquer l’intérêt croissant pour des événements spécifiques au commerce des diamants, tels que ceux organisés dans les bourses d’Anvers, d’Israël et de New York, ainsi que The Diamond Show, qui se déroule à Bâle, du 27 au 31 mars.

Pour l’instant, le salon de Hong Kong reste un bon indicateur du marché. Malgré les débuts satisfaisants de 2014, les diamantaires voulaient s’assurer que leurs clients d’Extrême-Orient restent actifs, notamment face à la Chine, qui engage des réformes économiques susceptibles de générer des incertitudes pour les secteurs des diamants et des bijoux. Ils ont au moins pu se rassurer, même si les prix du taillé ont été influencés par les acheteurs, et non par les fournisseurs. Les tarifs ont augmenté en janvier et en février, mais n’ont progressé ni à la hausse ni à la baisse lors du salon.

Le salon de Hong Kong en mars n’était donc pas mauvais, ce qui, en soi, se révèle satisfaisant. Les échanges stables de diamants – même si ce marché était séparé du reste – ont répondu aux attentes. Malgré des craintes persistantes liées aux difficultés du brut et des liquidités, cela devrait suffire pour maintenir l’élan positif constaté en 2014 – du moins pour le moment.

Source Rapaport


Photo Hong Kong International Diamond, Gem & Pearl Show.