L’indice de référence des cours de l’or paraît dépassé. Celui des diamants l’est-il aussi ?

Rob Bates

Cette semaine, a été annoncé un recours collectif contre les cinq banques qui supervisent le cours fixe quotidien de l’or. Ces établissements sont accusés de manipuler le marché. [:]

Pour ceux qui ne le savent pas, depuis 1919, les cours fixes de Londres sont établis deux fois par jour, par cinq banques, et ces dernières années par téléconférence. Les détails de ce mécanisme sont expliqués ici (en anglais).

Ses détracteurs expliquent que le système a bientôt un siècle et qu’il laisse le pouvoir aux mains de quelques acteurs, avec peu de transparence ou de contrôle. Au moins un critique propose qu’il soit remplacé par un système basé sur des échanges électroniques.

Le marché des diamants a lui aussi longtemps cherché une norme. Depuis quarante ans, la cotation Rapaport joue ce rôle, allant jusqu’à produire son propre jargon (« sous le Rap », « au-dessus du Rap »).

La « fiche Rap » est supervisée par Martin Rapaport, qui l’établit chaque semaine d’après sa lecture du marché. J’ai beaucoup de respect pour Martin (qui m’a fait débuter dans le métier) ; il gère la « fiche Rap » de façon éthique et parfois courageuse. Dans les années 80, il a été connu pour avoir reçu des menaces de mort lorsque les prévisions de prix du marché baissaient trop.

Mais, à l’instar des cours fixes de l’or, le système date d’une autre époque. Rapaport avait l’habitude de dire que sa cotation des prix du diamant « faisait briller la lumière dans un trou noir. » Aujourd’hui, le trou n’est plus si sombre : les échanges s’effectuent sur Internet et les prix de Blue Nile et d’autres sites sont fixés par les négociants en temps réel ou quasi-réel – Rapaport a testé une seconde cotation basée sur les transactions de son réseau d’échange RapNet.

Après quelques recherches sur Google, j’ai été surpris d’apprendre que ces questions ne sont pas réservées au marché du diamant. Les cours de nombreuses matières premières – dont le charbon, le minerai de fer, l’engrais, le gaz – seraient fixés par des méthodes similaires, souvent grâce à des publications spécialisées, selon The Economist.

Les « cours du pétrole » proposeraient un espace de transparence réconfortant. En réalité, de nombreux cours de référence pour le pétrole et d’autres matières premières ne sont que des estimations, basées sur des informations incomplètes, elles-mêmes issues de marchés illiquides et non réglementés. Au mieux, ils s’appuient sur la capacité d’un journaliste chevronné à interpréter les déclarations de ses sources à propos des soumissionnements, des offres et des transactions. Au pire, ils reposent sur la conjecture d’un novice crédule.

L’Union européenne, est-il ajouté, chercherait à réglementer ces systèmes de déclaration des prix, évoquant l’idée de légiférer sur le journalisme. Un « problème plus fondamental » se poserait ; l’article poursuit en ces termes : certaines de ces matières premières s’échangent plus rarement. Il sera donc toujours difficile d’obtenir une lecture des prix.

Pour en revenir aux « cours fixes de l’or », la mauvaise publicité qui en est faite pourrait permettre d’affiner le système actuel et de le rendre plus transparent. Je ne serais pas surpris que soit adopté un système électronique – si ce n’est pas maintenant, le sujet sera sûrement programmé. Peut-être le marché du diamant finira-t-il par prendre un chemin similaire. Contrairement à certaines des matières premières mentionnées, les informations sur les prix de certains diamants (mais certainement pas tous) sont transparentes et, parfois même, publiques. Il faut juste trouver un moyen de les synthétiser, pour que chacun puisse les comprendre et les accepter.

Source JCK Online