La fin de l’ère des cartels – Ernie Blom

Alex Shishlo

La World Federation of Diamand Bourses (WFDB) a été créée en 1947 pour protéger les intérêts de ses fondateurs. Elle entend œuvrer pour le développement durable du marché et de l’industrie de la taille. [:]
Aujourd’hui, la plus grande organisation de l’industrie mondiale réunit des membres de 28 bourses affiliées à travers le monde. Ernie Blom, son président, a accordé cette entrevue à Rough&Polished. Il y aborde les défis auxquels est confrontée son organisation et décrit la situation actuelle du marché.

Quel est l’objectif principal de la World Federation of Diamond Bourses à l’heure actuelle ?

La confiance des consommateurs est primordiale. Il faut l’établir dans leur esprit et leur fournir des informations pour les aider à faire un choix éclairé lors d’un achat de bijoux en diamants. Nous voulons également promouvoir l’industrie mondiale du diamant et nous positionner afin de poursuivre notre développement. En cela, j’entends élaborer le profil de l’industrie à travers plusieurs plates-formes différentes. Nous y parviendrons grâce à la publicité générique, aux séminaires, aux réunions, aux conférences et à bien d’autres initiatives à travers le monde.

En tant qu’organisation, nous sommes aussi enthousiasmés par les perspectives de la World Diamond Mark, l’une des démarches les plus passionnantes dans l’histoire de la commercialisation de diamants. Les avantages de ce projet profiteront tant au consommateur qu’au vendeur de bijoux en diamants.

La WFDB collabore avec de nombreux organismes internationaux de l’industrie et d’autres secteurs à travers le monde pour veiller à la bonne image de l’industrie. Nous cherchons également à assurer l’avenir des générations à venir dans notre secteur.

D’après vous, pourquoi les prix du diamant augmentent moins vite que ceux d’autres produits de luxe ?

[two_third]La question est très intéressante car certains pourraient bien affirmer que les prix des diamants augmentent plus vite que ceux d’autres articles de luxe. Pour cette comparaison, nous devons comprendre que, même si nous cherchons à débusquer les dépenses de luxe, notre produit est unique à bien des égards. Les diamants sont des pierres précieuses naturelles. Vous ne pouvez les extraire qu’en quantités limitées, contrairement aux autres produits de luxe, qui peuvent être fabriqués dans les quantités voulues – la demande entraîne l’offre, ce qui n’est pas le cas pour les diamants. Il me plaît également de penser que notre produit de luxe prend de la valeur, tandis que de nombreux autres articles ont tendance à en perdre au fil des ans.[/two_third]

[one_third_last]

« Pour les produits de luxe, la demande entraîne l’offre, ce qui n’est pas le cas pour les diamants. »

[/one_third_last]

Comment la World Diamond Mark est-elle mise en œuvre et va-t-elle vous aider à augmenter la part de marché des marchandises en diamants ?

La World Diamond Mark (WDM) permettra certainement d’augmenter la part des diamants dans les dépenses de luxe globales. Gardons toutefois à l’esprit que ce travail sera long et laborieux ; il faut améliorer les conditions que connaît l’industrie face à d’autres industries du luxe. Je suis heureux que la WFDB, qui représente plus de 95 % du marché des diamants dans le monde, agisse dans ce sens.

Le projet, lancé en juin dernier, en est actuellement à sa phase initiale. L’équipe de WDM travaille à soutenir l’industrie, tout en préparant le terrain pour le lancement officiel, début 2014. Je suis heureux de constater qu’ils trouvent des oreilles attentives un peu partout et que, l’une après l’autre, la plupart des organisations nationales et internationales déclarent leur soutien à l’initiative.

Pensez-vous que le marché mondial du diamant puisse encore faire face au problème des prix monopolistiques ?

[two_third]Non, la filière du diamant est trop diversifiée, les jours des cartels sont révolus. Partout dans le monde, de grands centres d’échange se sont créés. Ces marchés sont indépendants. Ce faisant, ils s’assurent que les tarifs soient fixés au jour le jour. La production est maintenant largement répartie ; la De Beers, par exemple, ne représente que 35 % des ventes. Les États-Unis restent le plus grand marché au monde pour le taillé et donc un élément clé de la stratégie.[/two_third]

[one_third_last]

« La filière du diamant est trop diversifiée, les jours des cartels sont révolus. »

[/one_third_last]

Les principaux pays producteurs de diamants en 2012 étaient, en valeur :

Le Botswana – 39,1 %
La Russie – 31,4 %
Le Canada – 18,7 %
L’Afrique du Sud – 10,8 %

Prévoyez-vous une augmentation de la demande de diamants ?

Sans aucun doute ! Toutes les études réalisées ont montré une courbe de croissance, qui dépasse la chaîne d’approvisionnement. La Chine et l’Inde ont connu des essors importants ces dernières années en matière de diamants. Cette tendance devrait se poursuivre.

Bain&Co a récemment mené des recherches en Inde et en Chine sur les futurs achats de diamants. L’étude a indiqué que ces deux pays, de même que le Moyen-Orient, assureront 40 % de la consommation de diamants dans le monde d’ici 2015, contre 8 % en 2005. Parmi les marchés qui affichent également des chiffres de croissance très positifs, citons Singapour et la Thaïlande.

Que pensez-vous des bourses en ligne qui échangent des diamants ?

Il s’agit d’une évolution naturelle de l’activité. Bien qu’elle en soit toujours à un stade précoce, elle doit être encouragée. Si l’on en croit les tendances internationales pour tous les articles de consommation, l’avenir est au commerce en ligne.

Quelles sont vos prévisions pour les ventes de taillé à moyen terme ?

Je crois qu’elles vont augmenter parallèlement à la demande de diamants, notamment sur les marchés asiatiques. Si vous regardez les recherches menées en Asie récemment, elles montrent clairement une demande supérieure à l’offre, qui conduira à des hausses de prix.

[two_third]Que pensez-vous des prix du brut et de la situation de l’industrie indienne du diamant ?

Les prix du brut vont augmenter au fil du temps, parallèlement à un élargissement de l’écart entre l’offre et la demande. La situation de l’Inde pose problème, mais elle va se corriger, leur marché est innovant et créatif. L’Inde a déjà réduit sa fabrication pour mieux gérer les stocks ; des réunions sont en cours pour résoudre les problèmes financiers qui affectent les conditions des échanges.[/two_third]

[one_third_last]

« La situation de l’Inde pose problème, mais elle va se corriger, leur marché est innovant et créatif. »

[/one_third_last]

L’Union européenne a levé ses sanctions sur ZMDC, qui peut désormais vendre son brut. Quel est votre point de vue à ce sujet ?

Il me semble qu’il s’agit d’une étape positive, tant pour le Zimbabwe que pour la Belgique. La société respecte les normes du KP, elle doit donc pouvoir négocier sur les marchés mondiaux. Les diamants zimbabwéens sont vendus sur de nombreux autres marchés, alors pourquoi pas dans l’UE (à Anvers) ? Certes, les diamants zimbabwéens ne sont peut-être pas toujours de la plus haute qualité, mais ils compensent par le volume. Ils ont ainsi contribué à soutenir la demande de brut, lorsque de nombreuses autres mines dans le monde connaissaient une baisse de production. En 2012, le Zimbabwe a produit 8 millions de carats. En 2013, il devrait générer 16,9 millions de carats.

Quels sont vos plans pour la fin de l’année et pour 2014 ?

Consolider ce qui a été entrepris jusqu’ici. L’année est presque terminée et il ne nous reste que quelques mois d’activité. Notre EXCO se réunira à Londres le 20 octobre 2013. À cette occasion, nous évaluerons et finaliserons des plans pour assurer la transition jusqu’en 2014. Je pense que nous allons affiner et développer des opérations en 2014, en conformité avec les stratégies qui ont été mises en place au cours de l’année. En résumé, nous allons continuer à renforcer l’industrie du diamant, la confiance des consommateurs et la prochaine génération de diamantaires. Nous allons positionner les diamants grâce au marketing (WDM), à égalité avec les autres produits de luxe.

Source Rough&Polished


Image The Israeli Diamond Industry