Le Zimbabwe Independent a révélé que De Beers Consolidated Mines, l’unité sud-africaine du groupe diamantaire, est l’un des sept prétendants à convoiter une part des 78 % de Rio Tinto dans la mine Murowa au Zimbabwe.[:]
« La plupart de ces candidats sont des consortiums, notamment des investisseurs locaux et sud-africains. On y trouve de grandes maisons minières d’Afrique du Sud, déjà fortement impliquées dans les diamants », dixit une source anonyme citée dans l’article.
« Au premier chef, la transaction doit respecter les lois d’indigénisation du pays. Selon elles, seuls 49 % de la participation de Rio Tinto peuvent être acquis par des non-autochtones. Les partenaires autochtones achèteront les 19 % requis pour atteindre les 51 %. »
Selon l’hebdomadaire, la De Beers avait déjà procédé à d’importants travaux d’exploration dans la région, sans pourtant réussir à localiser le gisement. Celui-ci a finalement été découvert par les géologues de Rio Tinto sur le site de la mine actuelle de Murowa.
D’où peut-être leur intérêt pour la mine de kimberlite.
Les réserves de la mine étaient estimées à 19 millions de tonnes de minerai, pour une teneur de 0,9 carat (180 mg) par tonne.
Rio Tinto a également estimé que les prix de la production de Murowa atteindraient une moyenne de 65 dollars/carat au cours de la durée de vie de la mine.
L’offre présumée de la De Beers pour une participation dans la mine suscite l’intérêt car le groupe entretenait des relations tendues avec le gouvernement zimbabwéen.
Obert Mpofu, ministre des Mines et du Développement minier du Zimbabwe avait, ces dernières années, accusé la De Beers d’avoir pillé des diamants de Marange pendant plus de 15 ans, sous couvert d’activités d’exploration.
Le ministre a réitéré ses accusations lors de la conférence minière du diamant au Zimbabwe en novembre dernier. Il a affirmé que la De Beers avait pillé plus de 100 000 tonnes de minerai de diamant au cours de la période où elle était présente dans la région.
« En fait, mes dossiers montrent qu’ils ont recueilli plus de 100 000 tonnes de concentré de diamant, surtout alluvial. D’après eux, il leur reste à déterminer s’il s’agit ou non de diamants », a-t-il déclaré à l’époque.
« Je n’ai reçu à ce jour aucun rapport sur les suites données à nos échantillons. À Marange, il ne faut pas deux minutes pour déterminer s’il s’agit de diamants, il leur a pourtant fallu 15 ans. Quelle hypocrisie ! »
La De Beers a nié ces allégations. Elle a affirmé que toutes ses activités à Marange étaient transparentes.
« Le programme de prospection est destiné à trouver des sources de kimberlite dans la région de Marange et à comprendre la nature géologique du gisement lui-même. Dans ce cadre, la De Beers a régulièrement recueilli des échantillons de sol et de roche dans la région, qui ont ensuite été envoyés aux laboratoires de la De Beers en Afrique du Sud pour analyse », a déclaré Lynette Gould, responsable des relations médias du groupe.
« Ces échantillons ont été exportés par le biais de la Commission géologique du Zimbabwe et avec son autorisation, en respectant toutes les procédures applicables. Tout a été dûment consigné. »
Lynette Gould a déclaré que les rapports de prospection détaillant les résultats et les analyses avaient été présentés au ministre des Mines, conformément à la législation du Zimbabwe et à sa gestion des EPO (Exclusive Prospecting Orders)
Forevermark, le bureau de commercialisation des diamants haut de gamme de la De Beers a également mis de l’huile sur le feu en déclarant en 2011 qu’il ne vendrait pas de diamants des mines de Marange. Ils seraient généralement trop petits et d’une qualité insuffisante pour la marque.
Cette déclaration a agacé Gift Chimanikire, le ministre adjoint des Mines et du Développement minier. Il a rétorqué en déclarant que son pays n’avait pas l’intention de vendre ses diamants à une De Beers « mal cotée ».
Selon lui, le groupe n’était « qu’un acteur mineur de l’industrie ».
Face à tant de bisbilles, on peut se demander si Harare viendrait gêner les transactions au cas où Rio Tinto choisissait la De Beers pour racheter une partie de sa participation dans la mine de diamants.
Bien sûr, ce ne sont que de pures hypothèses, mais l’on est tenté d’imaginer que la discrimination prévaudra si l’accord penchait en faveur de la De Beers.
L’avenir nous le dira !