Revue minière de l’année 2012
En 2012, le groupe ALROSA a conservé sa place de premier minier de diamants au monde en termes de volume extrait pendant la crise économique. [:]Fin 2012, le groupe a acquis, par l’intermédiaire de sa filiale Almazy Anabara, une participation de 51 % dans Nizhne-Lenskoye. Cette entreprise produit plus de 1,3 million de carats de diamants, pour une valeur estimée à 130 millions de dollars. Le rachat augmentera les actifs d’ALROSA de 26,4 millions de carats et complètera sa production annuelle d’environ deux millions de carats. La contribution angolaise de Sociedade Mineira de Catoca a permis au groupe ALROSA de produire plus de 42 millions de carats l’an dernier.
L’auteur a établi ce tableau à partir des rapports annuels et trimestriels de la De Beers, BHP Billiton, Rio Tinto, ALROSA et Sociedade Mineira de Catoca pour la période 2009-2012.
* Production/ventes de diamants
** Estimation
*** Incluant Nizhne-Lenskoye
D’après ces chiffres, les ventes en diamants d’ALROSA atteindront 5 230 millions de dollars en 2012. Le minier se place ainsi à un rang comparable à celui de la De Beers. Il suffira à ALROSA de maintenir ce rythme pour devenir le leader mondial absolu de ce secteur.
La privatisation d’ALROSA
Aux termes du décret gouvernemental du 20 juin 2012, la Fédération de Russie devrait se retirer du capital d’ALROSA en 2016. Simultanément, la République de Sakha (Yakoutie) et les municipalités de Yakoutie cèderont ensemble les actions qu’elles détiennent. Elles pourraient en outre canaliser les fonds des actions flottantes vers le développement d’infrastructures régionales.
Or, ce serait une erreur pour la République de Sakha, qui détient 32 % du total, de ne vendre même qu’une seule de ses actions. La région se retrouverait en effet avec une participation de 19,5 % pour une introduction en bourse ultérieure. Elle perdrait ainsi son pouvoir de blocage ; en effet, les actions appartenant aux uluses locales (les municipalités) semblent être propriété municipale, indépendante des biens nationaux de la République de Sakha. La Yakoutie devrait intervenir pour vendre 7 % des 8 % d’actions détenues par les huit communes de cette province. Selon ce scénario, une fois l’introduction en bourse effectuée, le gouvernement de la République de Sakha s’assurera une minorité de blocage (25 % + 1 action). Les uluses conserveront leur 0,1 % respectif. L’industrie diamantaire est un secteur stratégique pour l’économie de la Yakoutie ; elle contribue amplement à son budget. Les actions d’ALROSA représentent donc le dernier actif majeur de cette république. L’État doit par conséquent maintenir son contrôle dans ce domaine. L’expérience l’a montré ces dernières années, les aides publiques préservent l’industrie des fortes baisses en période d’instabilité économique et des ralentissements de l’économie mondiale. En effet, la valeur des diamants est liée au marché du luxe.
L’évolution des indices des grandes places boursières depuis 2009 montre clairement une progression du Dow Jones. Il y a là un signe d’atténuation de la récession aux États-Unis et une reprise progressive de l’économie mondiale. Le début de l’année a montré une forte hausse des marchés boursiers mondiaux. Dans ce contexte, l’introduction en bourse d’ALROSA prend tout son sens.
Évolution des indices des grandes bourses mondiales entre 2003 et 2012.
La capitalisation de la société ou chacun son dû
Pour l’entrée en bourse de la société, l’essentiel est de déterminer sa valeur. Si l’on considère sa cotation boursière actuelle, la valeur d’ALROSA atteindrait environ 7,3 milliards de dollars. Dès lors, si les actions d’ALROSA devaient flotter aujourd’hui pour une introduction en bourse, la société lèverait environ 2 milliards de dollars. Une participation de 7 % équivaudrait dans ce cas à plus de 500 millions de dollars. Ce montant correspond à celui qui sera dû à la Fédération de Russie si elle vendait sa participation. Les uluses de la province peuvent quant à elles récupérer environ 2 milliards de roubles.
Dr. Yuri Danilov, directeur du Département de sciences économiques pour la gestion du sous-sol régional, Institut d’économie régionale du Nord à l’Université fédérale du Nord-Est d’Ammosov.