De Beers intensifie ses investissements dans une société de bijoux « à essayer »

Lenore Fedow

La PDG de Gemist, Madeline Fraser, annonce ce qu’elle envisage de faire avec les 3 millions de dollars de son nouveau financement.

De Beers Group Ventures investit actuellement davantage d’argent dans le détaillant de bijoux en ligne Gemist, spécialisé dans une technologie permettant « d’essayer avant d’acheter ».

La division de capital-risque de la société diamantaire a participé à un financement initial de 3 millions de dollars mené par Entrada Ventures.

De Beers avait investi dans cette société pour la première fois en juillet 2020, pour un montant non divulgué.

Julie Henley McNamara, associée gérante d’Entrada, rejoindra le conseil d’administration de Gemist, aux côtés de Stephen Lussier, de De Beers, qui a prévu de quitter son poste actuel au printemps.

Madeline Fraser, la PDG de Gemist, a pris le temps d’accorder un entretien sur Zoom à National Jeweler mercredi 2 février, afin d’évoquer ce qu’elle prévoit de faire avec cette dernière série de financements.

Sur le site Internet de Gemist, les clients peuvent créer un design de bijou personnalisé, puis recevoir une réplique gratuite de l’article, ce qui leur permet de l’essayer et de le porter avant d’acheter.

Madeline Fraser, spécialisée dans la création de technologie destinée aux consommateurs, cherche à renforcer sa plate-forme afin de simplifier le processus d’achat de bijoux en ligne.

« Nous avons déjà bâti une expérience de design très dynamique sur notre plate-forme, une expérience compatible avec les appareils mobiles et le Web, a-t-elle déclaré. Nous allons mener énormément d’expériences utilisateur et de développement d’interface, sur la base d’innombrables essais auprès des utilisateurs qui vont rendre l’opération encore plus passionnante et facile d’utilisation. »

Les clients ont fait part à la société du fait que, lors de la création d’un bijou, ils aimeraient pouvoir voir plusieurs articles à la fois, comme des bagues à empiler, ou déterminer ce que pourraient donner plusieurs boucles d’oreilles sur quelqu’un ayant de multiples piercings.

« Au fur et à mesure de notre développement, nous allons travailler pour offrir aux consommateurs une façon unique de découvrir le résultat global et non pas seulement un article individuel », a déclaré Madeline Fraser.

Bien que les clients soient de plus en plus à l’aise à l’idée d’acheter des bijoux en ligne, l’approche de Gemist, qui consiste à « essayer avant d’acheter » réduit le risque pour les acheteurs plus frileux.

Madeline Fraser qualifie ce système de « juste milieu harmonieux » entre la technologie et une pointe de personnalisation.

La fondatrice prévoit également d’agrandir l’équipe de Gemist qui rassemble actuellement moins de cinq personnes.

« Nous sommes une vraie start-up. Je gère des sociétés de façon très hétérogène et très efficace », a précisé Madeline Fraser.

Et Gemist n’est pas sa première start-up. Elle avait précédemment lancé Zoom Interiors, une plate-forme de design d’intérieur présentée dans « Shark Tank » sur ABC, et Hutch, une appli mobile permettant d’essayer des meubles avant de les acheter.

Business Insider a qualifié Madeline Fraser de l’une des principales femmes entrepreneurs de moins de 30 ans à suivre en 2021. Celle-ci a d’ailleurs fait son entrée dans la liste Next 1000 de 2021 de Forbes.

Et pour son équipe en expansion, elle cherche à recruter des spécialistes du marketing, du merchandising et de l’ingénierie.

Gemist investira dans son service marketing pour mettre sur pied d’autres partenariats d’affiliés et de marques et créer d’autres publicités.

Lorsqu’elle envisage un partenariat de marque, a indiqué Madeline Fraser, Gemist tient compte des facteurs de diversité et de développement durable.

« Je recherche vraiment des femmes aux histoires différentes et avec des compétences diverses dans l’industrie car je pense que cela rendra les choses vraiment plaisantes, toutes ces histoires différentes, éclectiques, uniques », a-t-elle déclaré.

Le développement durable est également important pour la marque, a-t-elle insisté, ajoutant qu’elle espère recadrer la conversation autour de ce sujet.

« Nous travaillons aux côtés de De Beers. Nous sommes très concernés par le développement durable et l’impact social et environnemental positif que les bijoux peuvent avoir dans le monde. Nous voulons porter davantage de lumière sur tous ces sujets et couper court aux âneries. »

Là où le développement durable et la narration se rencontrent devient le point de juste équilibre pour Gemist.

« Nous essayons de réinjecter de la narration et du sens dans les bijoux et d’enterrer cette idée de la « fast fashion » », a expliqué Madeline Fraser.

Les gens aiment expliquer le sens qu’a leur bijou préféré, comme le cadeau d’un ami ou celui qui marque une occasion spéciale, mais les marques ne sont pas douées pour raconter ces histoires, a déclaré Madeline Fraser.

« Vous pouvez en fait créer des bijoux qui racontent votre histoire et qui sont une extension de vous-même. Et cela peut se faire de façon durable, avec des matériaux d’approvisionnement responsable et parfaitement sur-mesure. »

Lors de la conférence Zoom, Madeline Fraser portait le collier Moon and Stars de Gemist, qu’elle a elle-même conçu en l’honneur de sa défunte mère, une ode à la puissance de la narration.

« Elle disait toujours qu’elle était la lune et que nous étions ses étoiles, mes frères et sœurs et moi », a expliqué Madeline Fraser.

Le bijou est personnalisable, ce qui permet aux utilisateurs d’ajouter des pierres et de choisir le nombre d’étoiles.

L’un des bijoux les plus importants qu’ait créé Madeline Fraser était sa propre bague de fiançailles personnalisée en morganite. Elle a marqué le début de son voyage dans le monde des bijoux.

À cette occasion, elle a rencontré un bijoutier du centre de Los Angeles, à l’étroit dans une petite pièce. Et malgré la beauté de la bague, l’expérience l’a laissée sur sa faim.

« J’ai trouvé l’expérience décevante. C’était difficile et assommant mais j’ai été surprise par le fait qu’au final, il ait pu créer la bague en deux semaines », a-t-elle expliqué.

« C’était exactement ce que je voulais et plutôt abordable par rapport aux autres bijoux que j’avais vus. Pour moi, c’était cela, la véritable belle découverte. »

Elle a compris à ce moment-là que les bijoux personnalisés pourraient être fabriqués rapidement et de façon rentable mais que le processus « préalable » devait être revisité.

Et même si elle vient tout juste de découvrir le monde de la bijouterie, Madeline Fraser a mis la priorité sur son apprentissage et sa formation, avec l’aide de ses clients, en les appelant et en leur proposant des essais.

Les clients expliquent ce qu’ils aimeraient voir, qu’il s’agisse de tailles, de sertissages ou de pierres.

« Les clients déterminent, à de nombreux égards, le trajet de merchandising que Gemist va finir par emprunter », a déclaré Madeline Fraser.

Pour l’année à venir, qui devrait voir un nombre record de fiançailles et de mariages, la société se prépare à un afflux substantiel de clients.

Gemist est principalement une plate-forme technologique, a rappelé Madeline Fraser, elle n’a donc pas besoin de conserver des stocks aussi importants que ceux des bijoutiers traditionnels, ce qui lui permet un échelonnement plus aisé.

« Nous aurons beaucoup de plaisir à créer de nouveaux designs uniques et à découvrir ce qu’attend cette clientèle à l’avenir », a-t-elle déclaré.

Madeline Fraser a ajouté qu’elle se considère chanceuse et privilégiée de pouvoir diriger Gemist.

« Il n’y a pas beaucoup de femmes qui font ce que je fais. Je trouve donc intéressant de représenter l’énergie féminine dans ces deux industries (la technologie et la bijouterie). Il est important de montrer aux autres femmes qu’elles peuvent aussi le faire. »

Pour en savoir plus sur Gemist, rendez-vous sur le site Internet de la société.

Source National Jeweler 


Photo © Gemist.