ALROSA : nous serons numéro un en 2018

Edahn Golan

Il m’a fallu sept heures de vol, entre Moscou et la petite ville de Mirny, suivies d’un autre vol en hélicoptère de deux heures, pour atteindre la mine Nyurba d’ALROSA, en République de Yakoutie.[:] Elle se situe dans l’une des régions les plus reculées de la planète. Là-bas, on extrait une grande partie des diamants vendus partout dans le monde. La mine a produit 7,3 millions de carats en 2012 et constitue la structure la plus productive d’ALROSA. Il faut savoir que sa production n’est limitée que par la capacité de son usine de séparation. Cette usine massive digère 1,7 million de tonnes de minerai par an, en provenance de la mine à ciel ouvert, qui fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Parcourir cette structure permet de comprendre clairement le travail acharné entrepris par ALROSA pour devenir le plus grand producteur de diamants en volume. En Yakoutie, 34 millions de carats sont extraits chaque année.

Or, il m’a fallu rentrer à Mirny, à quelque 600 mètres sous terre, dans la mine souterraine internationale d’ALROSA, pour sentir que je me trouvais vraiment au cœur de la bête. Debout à côté de la fraiseuse qui broyait la paroi de kimberlite contenant les diamants, j’étais aussi loin que possible de l’aura romantique et glamour du taillé, aussi loin que l’est cet environnement hostile et gelé de Sibérie de la 5ème Avenue à New York.

Des procédures de sécurité strictes, l’obscurité, l’air chargé et l’ambiance lugubre de la mine n’ont rien de commun avec l’idée haut de gamme que l’on se fait des bijoux en diamants. Nous avons là l’avenir d’un grand nombre des mines de diamants d’ALROSA. La société prolonge leur durée vie en exploitant les parties souterraines, tout en maintenant leur efficacité. Pour mesurer cela, le Premier Vice-président et directeur exécutif d’Alrosa, Igor Sobolev, tient compte du bénéfice net obtenu par rapport aux dépenses opérationnelles.

ALROSA détient une réserve massive et prouvée de 1,154 milliard de carats en Russie. Elle prévoit que la production annuelle de ses mines de Yakoutie recule à 24 millions de carats d’ici 2035. Or, la production de Severalmaz, dans le nord de la Russie, devrait passer de son niveau actuel de production annuelle de 500 000 carats à 10 millions de carats en 2035. Elle viendrait ainsi compenser cette baisse.

À la veille de son introduction en bourse, prévue pour le mois d’octobre de cette année, la société avance un plan audacieux pour se débarrasser de ses activités non stratégiques. Selon Igor Sobolev, le programme englobe de vendre sa centrale hydroélectrique et ses sociétés de gaz, de pétrole, ainsi que ses entreprises agricoles. D’autres actifs ont déjà été cédés, dont l’exploitation de minerai de fer de Timir et sa petite chaîne d’hôtels. Ces activités ont été rachetées il y a quelques semaines par une entreprise de Saint-Pétersbourg.

[two_third]ALROSA applique une stratégie agressive : elle entend devenir la plus grande société minière de diamants au monde, détrônant ainsi la De Beers. Dans ce contexte, la société recommande à ses deux principaux actionnaires, la Russie et la Yakoutie, d’employer les produits de l’introduction en bourse pour lui reprendre des projets civils, afin de la « soulager », selon les propres termes d’Igor Sobolev. Ces projets concernent notamment l’amélioration des infrastructures hydrauliques et la restructuration de l’aéroport de Mirny. « Le gouvernement doit assumer l’entière responsabilité » de ces services, a-t-il affirmé à son bureau de Mirny cette semaine.[/two_third]

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« ALROSA applique une stratégie agressive : elle entend devenir la plus grande société minière de diamants au monde, détrônant ainsi la De Beers. »

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Lors de l’introduction en bourse du minier, la Russie et la Yakoutie proposeront d’acquérir chacune une participation de 7 %. Or, la croissance ne viendra pas de la vente d’actifs non essentiels ni du transfert des services au gouvernement.

En plus des importantes réserves qu’elle détient en Russie, ALROSA s’est engagée dans un programme d’exploration ambitieux au Zimbabwe, au Botswana et en Angola. La société a notamment acheté sept concessions adjacentes à la mine de Catoca en Angola.

Simultanément, la De Beers réduit sa production et investit dans la vente au détail, des avancées qui, apparemment, n’améliorent pas sa rentabilité. Aujourd’hui, la société extrait moins de carats qu’ALROSA, mais génère un chiffre d’affaires plus important. En effet, ALROSA a choisi de retirer du minerai des marchandises plus petites que la De Beers. Malgré cela, ALROSA restait deux fois plus rentable que la De Beers en 2012, affichant « une efficacité opérationnelle supérieure à celle de ses concurrents », a déclaré Igor Sobolev. Voici la comparaison :

Alrosa_vs_DB_financials-2012

J’ai interrogé Igor Sobolev pour connaître l’échéance posée par ALROSA pour devenir la plus grande société de diamants. « En 2018 », a-t-il répondu sans hésitation. Le plan a, à l’évidence, été mûrement réfléchi. Il s’appuie sur une demande constante des consommateurs, une augmentation de la production, des réserves connues et des prix du brut en légère augmentation, de quelques pour cent chaque année. Il ne s’appuie pas sur la demande croissante des consommateurs ni sur des ressources non prouvées.

Plus tard cette année, ALROSA débutera des essais sur un équipement d’extraction télé-opéré, destiné à atteindre des zones auparavant inaccessibles pour des raisons de sécurité. Sa stratégie à long terme n’en est pas moins ambitieuse et déterminée. La société souhaite atteindre des sites jamais visités auparavant, mais laisse une importante question en suspens : une fois numéro un, assumera-t-elle également le rôle de leader, dont l’industrie a tellement besoin ?

Source Idexonline