Rétrospective 2012 : faiblesse et mises en garde

Michelle Smith

La faiblesse a fait son apparition sur le marché en août 2011. Puis l’année 2012 a apporté avec elle bon nombre de changements et de défis importants ; d’ailleurs, certains d’entre eux persisteront en 2013.[:]

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Lorsque la police est entrée à la Bourse israélienne du diamant en janvier pour arrêter plus d’une dizaine de personnes accusées de blanchiment d’argent, de change de devises illégal et de prêts illégaux, il aurait peut-être fallu y voir un symbole des rebondissements qu’allait connaître l’industrie pendant l’année.

Par la suite, des centaines de diamants CVD synthétiques ont été produits sans être dûment enregistrés, puis vendus sans avoir été déclarés, et sont apparus dans des laboratoires pour être certifiés comme des diamants naturels. Cet événement a permis de rappeler que les diamants CVD sont indétectables, même par les négociants chevronnés. L’affaire a également créé un regain d’inquiétude à propos des effets qu’ils pourraient avoir sur la confiance des consommateurs.

Toutes les actualités qui ont retenu l’attention du public ne portaient pas sur des actes illicites. Les titres de 2012 ont également évoqué l’évolution importante de la dynamique de l’industrie.

Citons notamment la vente de la participation des Oppenhemier dans la De Beers pour 5,1 milliards de dollars. L’accord, annoncé en 2011 mais qui a été finalisé en août 2012, a marqué la séparation de cette famille avec un secteur auquel son nom était associé depuis près d’une centaine d’années.

Par la suite, Rio Tinto (au NYSE et au LSE : RIO) a annoncé son intention de vendre la mine Ekati à Harry Winston (au NYSE : HWD) pour 500 millions de dollars. Cette affaire, une fois terminée, scellera le départ de Rio Tinto de l’industrie.

La De Beers a également fait parler d’elle lorsqu’elle a entamé le transfert de certains segments de ses activités de Londres au Botswana. L’an dernier, la société s’est concentrée sur le déménagement des opérations de tri. En 2013, elle commencera à organiser des sights au Botswana.

Ce changement s’intègre dans la stratégie de ce pays d’Afrique australe visant à diversifier son économie pour ne plus dépendre uniquement de la production de diamants. Dans ce but, le gouvernement a créé la société Okavango Diamond Trading Company et prévoit de lancer les ventes cette année. Quant aux sociétés de la filière, de la taille au transport, en passant par le polissage ou le financement, elles se ruent sur cette plate-forme naissante.

Une hausse de la demande en 2011 a incité Debswana à redémarrer sa mine de Damtshaa. La société a annoncé que la production a repris en janvier 2012, après deux ans de suspension.

Au cours de ce même trimestre, Firestone Diamonds (au LSE : FDI) a suspendu ses opérations dans sa mine BK 11 au nord du Botswana « en raison d’une série de complications opérationnelles et de la faiblesse actuelle du marché ».

Sur une note plus positive, Lucara Diamond (au TSX, au NASDAQOMX et au Botswana : LUC) a entamé des opérations de production après la mise en service de la mine Karowe.

Les événements au Botswana n’ont cependant pas permis de faire oublier ceux de l’Inde, qui a fait les gros titres en 2012.

Une grande part portait sur des décisions politiques. Dès le départ, le gouvernement a décidé d’imposer des droits de 2 % sur le taillé, puis de relever les droits sur les métaux précieux. Suite à cela, l’annonce de l’imposition de droits sur les bijoux sans marque et l’or raffiné a provoqué une manifestation qui a duré un mois.

La faiblesse de la roupie a également fortement freiné l’industrie, en raison des défis imposés aux acteurs du marché et qui ont pesé sur la demande intérieure. Le gouvernement a encore aggravé la situation en adoptant une nouvelle politique malvenue imposant aux Indiens de convertir la moitié de leurs devises.

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La faiblesse de l’Inde n’a pas été isolée, le marché chinois a suivi la même voie et la situation et l’incertitude économiques ont pesé sur la confiance et la demande. Hong Kong, qui ressent les effets de la faiblesse économique de la Chine, a également souffert d’une tendance apparemment croissante : les touristes chinois achètent de plus en plus de diamants en Europe.

Bien que l’année ait commencé avec en point de mire l’importance croissante de l’Orient, ce sont les États-Unis qui ont maintenu le marché à flot.

« Il faut en tirer une leçon : bien qu’il soit important de fidéliser de nouveaux clients, il est aussi primordial de maintenir des relations avec les anciens clients. Le marché ne se limite pas à gagner le plus vite possible quelques dollars de plus. La fidélité et le maintien de relations jouent en notre faveur sur le long terme », a écrit Martin Rapaport dans son message du Nouvel An adressé au marché.

Malgré le soutien apporté par les États-Unis au marché, l’année dernière, les problèmes financiers ont inévitablement attiré l’attention. La situation a peut-être été mise en évidence lorsqu’ABN AMRO (à l’AMS : BGHEF), un important financier du marché, aurait mis fin à une facilité de crédit d’Arjav Diamonds et amené les autorités à sceller des coffres-forts à Anvers, en raison d’une dette de 154 millions de dollars. Arjav contre-attaque en justice et réclame 230 millions de dollars de dommages et intérêts.

Les grands producteurs ALROSA et la De Beers ont commencé à resserrer l’étau autour de l’industrie en appliquant des prix élevés pour le brut sur un marché faible. Dès lors, en plus de lutter contre les problèmes de liquidités et d’accès au crédit, de nombreux professionnels sont aussi confrontés à des marges réduites, et parfois inexistantes. Enfin, les sightholders sont revenus à la raison et ont commencé à refuser des boîtes lors des sights. ALROSA et la De Beers ont ensuite baissé leurs prix.

Globalement, l’année a été marquée par la faiblesse et la prudence ; beaucoup sur le marché ne se sont pas décidés à constituer un stock et les consommateurs ont affiché une préférence marquée pour les marchandises à bas prix.

D’après Bloomberg, l’année 2012 a coïncidé avec une baisse des prix, pour la première fois en quatre ans. Les données de WWW International Diamond Consultants révèlent que les prix du brut ont dégringolé de 16 %.

Les tarifs du taillé étaient également dans le rouge cette année. L’indice RapNet Diamond Index montre que les prix des 1 carat ont chuté de plus de 12,5 % et que les 3 carats ont reculé de plus de 11 %. L’indice pour les mêlés s’est apprécié de 2,3 % sur l’année.

Des acteurs comme la De Beers continuent d’annoncer des perspectives positives à long terme pour l’industrie. La demande devrait se développer de manière significative parallèlement à l’essor des classes moyennes dans les pays émergents comme l’Inde et la Chine, sans que l’offre parvienne à suivre le rythme. Toutefois, malgré un certain optimisme retrouvé pour 2013, l’année a débuté de façon très semblable à l’an dernier : faiblesse du marché et prudence de l’industrie et des consommateurs.

Source Diamond Investing News

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