Quel avenir après les méga-transactions ?

Michelle Graff

Le 2 juillet, nous serons à mi-chemin de l’année 2014. Il y aura exactement 183 jours qui se seront écoulés et 182 qui resteront à venir.[:]

En quels termes peut-on évoquer l’année jusqu’à présent ? Sans conteste, selon moi, le dénominateur commun a été la succession de regroupements de sociétés, dans un environnement de plus en plus concurrentiel pour la vente au détail.

Les premiers mouvements ont été constatés à la fin de l’année dernière.

En octobre, Hudson’s Bay Company, propriétaire de Lord & Taylor, ainsi que de deux chaînes canadiennes, a obtenu l’accord de ses actionnaires pour racheter Saks Inc. (à peu près à la même époque, une autre chaîne de grands magasins haut de gamme, Neiman Marcus, a également changé de propriétaire, mais pas pour fusionner avec un autre détaillant. La chaîne a été vendue à un autre fonds d’investissement privé.)

Puis nous avons passé le réveillon du jour de l’an et le jour de l’an. J’ai de nouveau eu à apprendre une leçon importante sur l’excès de champagne. Il semblerait que j’aime réapprendre cette leçon tous les deux ans.

Le mois de janvier a été calme. En février toutefois, nous avons appris que Signet Jewelers Ltd. prévoyait d’acquérir Zale Corp. pour 1,4 milliard de dollars. Il s’agissait, je l’ai compris ensuite, du point culminant des consolidations dans l’industrie de la joaillerie. Ces deux noms sont les plus importants aux États-Unis et leur union aboutira à une chaîne de plus de 3 600 magasins dans trois pays.

Leur fusion en dit long sur l’état des grandes structures aujourd’hui. Il n’y a tout simplement plus assez de place sur le marché pour deux détaillants de cette taille, étant donné la concurrence d’Internet et des consommateurs de plus en plus sagaces, toujours plus difficiles à convaincre de dépenser leur argent, et qui attendent presque à chaque fois de faire une affaire ou qu’il y ait de la valeur ajoutée à leur achat.

Après quelques avancées et reculades avec certains groupes d’actionnaires, le silence a de nouveau entouré la transaction de Signet-Zale. Les actionnaires de Zale ont donné leur accord à la fusion fin mai, alors même que la majeure partie de l’industrie se trouvait à Las Vegas pour le salon.

Cette année, j’ai réussi à éviter d’apprendre d’autres leçons pénibles sur la consommation de champagne à Las Vegas et je suis rentrée chez moi dans un état relativement décent.

Moins d’un mois après mon retour, l’actualité était de nouveau chargée : le détaillant chinois Chow Tai Fook, d’une taille similaire à celle du nouveau Signet-Zale, prévoyait de racheter la marque de diamants, Hearts on Fire, basée à Boston, pour 150 millions de dollars.

Ce projet devrait dynamiser les deux parties concernées. Il offre à Hearts on Fire un accès au marché chinois, longtemps convoité, et le soutien de l’un des plus grands noms des bijoux au monde. Chow Tai Fook prend lui possession d’une marque bien établie, un outil très utile sur le marché actuel.

Ces événements font suite, bien entendu, à l’annonce, début 2013, du rachat par le groupe Swatch du nom Harry Winston et de son réseau de boutiques dans le pays. Grâce à cette transaction, Swatch, basée à Biel/Bienne, en Suisse, et qui détient déjà plusieurs marques de montres haut de gamme, met ainsi un pied dans le marché de la joaillerie.

Ce mercato m’interpelle : et après, que se passera-t-il dans ce paysage de la vente de détail post-récession, ultra-concurrentiel ?

Le rachat possible de Tiffany & Co. par l’un des plus gros conglomérats du luxe, comme Kering (anciennement PPR) ou LVMH, fait parler depuis des années.

Quid des autres marques, comme David Yurman, Scott Kay and John Hardy ? John Hardy faisait les gros titres fin 2013. Des sociétés de fonds d’acquisition auraient soi-disant rivalisé pour acquérir la marque de Hong Kong, même si les rumeurs autour de cette transaction se sont récemment calmées. Une source m’a affirmé à Las Vegas que le rachat n’aurait pas lieu.

Je ne sais pas quel sera le prochain gros titre qui me fera veiller tard le soir, mais je suis certaine de deux choses : l’industrie assistera à l’échec d’une nouvelle grosse transaction avant la fin de l’année et je risque de devoir réviser ma leçon à propos du champagne.

Source  National Jeweler