Peu importe que vous n’y compreniez rien, ne rejetez pas tout en bloc

Edahn Golan

J’ai pris l’habitude de relever, dans les articles de la presse généraliste, bon nombre d’inexactitudes au sujet de l’industrie diamantaire. Même si un journaliste, qui traite d’un large éventail de sujets, peut se méprendre sur un fait ou deux, la situation est différente lorsqu’il s’agit d’analystes qui émettent, de façon professionnelle, un avis sur les mérites d’un produit de Wall Street, par exemple.
Le grand nombre de propositions de fonds en diamants a fini par attirer l’attention des commentateurs de Wall Street et les critiques sont presque toujours négatives. Malheureusement, cette négativité traduit une profonde ignorance ; et nous voilà ébahis, à secouer la tête dans un mélange teinté de crainte et d’incrédulité.[:]

Un manque de connaissances
Un observateur a déclaré qu’un fonds en diamants  » n’aurait aucune chance car De Beers contrôle les prix du taillé « . Apparemment, cet auteur n’a pas été informé du virage pris par le marché, d’abord axé sur l’offre et désormais plutôt influencé par la demande. Je suppose qu’il n’a jamais entendu parler des lots de la DTC qui traînent pendant des semaines avant de trouver un acheteur ou qui sont tout simplement vendus en dessous du prix auquel De Beers les a lui-même vendus.

Ailleurs, un commentateur a écrit que la demande d’investissement était faible car il n’existe que deux fonds d’investissement en diamants. Petite pause révision : il existe plusieurs fonds en diamants actifs et au moins deux autres à différents stades de développement. Par ailleurs, il y a toujours un début à tout, il suffit de demander à Thomas Edison ou à Neil Armstrong.

Un autre inconvénient des fonds, de l’avis de cet auteur, c’est que les prix sont principalement fixés par la demande de bijoux, un facteur qu’il considère  » problématique « . La production de lait ou de laine n’est-elle pas fonction de la demande du consommateur ? Pourquoi cela ne constitue-t-il pas un problème dans ce cas ?
Une autre critique qu’il adresse aux fonds, c’est que les prix des diamants sont stables, en particulier face aux cours de l’or et de l’argent. Ce que cette personne ne comprend pas, c’est que cela constitue en fait un aspect attrayant des diamants. La plupart des matières premières s’échangent sur le marché des produits dérivés et leurs prix fluctuent énormément. En période de difficultés économiques, comme fin 2008, les prix des matières premières et des actions baissent fortement, tandis que les cours du diamant sont beaucoup moins touchés. Un investissement dans les diamants est donc, théoriquement, un garde-fou qui permettra de mieux protéger la valeur investie.

Toutes les critiques ne sont pas infondées
Quelqu’un a déclaré dans une émission sur le Web, que les fonds en diamants étaient une mauvaise idée. En effet, un fonds  » peut être très facilement manipulé  » et «  les participants de l’industrie du diamant… peuvent influencer le classement de certains diamants et peut-être même influencer les types de diamants qui entrent dans le portefeuille.  »

C’est un point inquiétant, mais plutôt lié à la perception de l’industrie dans son ensemble. L’idée que s’en fait le public peut être un obstacle ; or, nous savons déjà que l’industrie résistera ou s’effondrera en raison de sa réputation.

Fongibilité
Beaucoup s’interrogent sur le caractère hétérogène des diamants, sur leur fongibilité. En effet, sur une base individuelle, les diamants ne sont pas homogènes. Ce défaut de normalisation soulève la question de la tarification.

À l’évidence, le prix, même dans l’industrie du diamant relativement opaque, n’est pas un problème. En outre, dans de très nombreuses catégories très spécifiquement définies, les tendances des prix des diamants sont faciles à suivre. IDEX Online, Polished Prices et Rapaport le font depuis de nombreuses années. Là où il y a un marché, il y a un prix.

Pourquoi envisager des fonds ?
Les banques refusant d’augmenter leur financement, l’industrie du diamant affiche des marges étroites, en particulier au niveau des fabricants. Elle a donc un besoin urgent de nouvelles sources de liquidités pour se développer.
En achetant des diamants sur le marché, les fonds et d’autres outils d’investissement liés aux diamants pourraient canaliser des centaines de millions de dollars en provenance du secteur financier.
Imaginez ce qui pourrait se passer si une part de cette somme était consacrée à des efforts marketing ?

Nous ne voulons pas ici approuver inconditionnellement tous ces instruments. Chaque fonds doit être jugé sur ses mérites. Un marché à terme peut effectivement être une mauvaise idée, notamment en raison de la volatilité des prix qu’il pourrait introduire.

Cependant, ne renonçons pas à une occasion unique, en nous appuyant simplement sur les dires de certains, qui ont une compréhension et une vision limitées de l’industrie. Au contraire, ce sont bien les idées novatrices et créatrices qui ont toujours aidé l’industrie du diamant à s’épanouir.

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