Déménagement de la DTC

Avi Krawitz

Le transfert de la Diamond Trading Company (DTC) de De Beers, de Londres à Gaborone, est en bonne voie et ne pouvait pas avoir lieu plus tôt pour le Botswana. Ce déménagement marque le début d’une période passionnante pour cette nation d’Afrique australe et devrait jouer un rôle de catalyseur, parvenant à diversifier l’économie et, espérons-le, à créer de nombreux emplois, deux éléments bien nécessaires.[:]

Souvent considéré comme le chouchou de la région, le Botswana affiche malgré tout des problèmes. Citons le taux élevé de VIH, qui connaît malgré tout une régression, ainsi qu’un taux de chômage important, estimé à près de 20 %, sur une population de seulement 2 millions de personnes.
Même si l’on sait que le déménagement de la DTC ne créera au départ qu’environ 40 postes sur place, la plupart à temps partiel, il est à espérer que les services auxiliaires, liés au développement, stimuleront la création d’emplois. Le tourisme et le commerce de détail en seront des bénéficiaires évidents.

Paul Rowley, président-directeur général (PDG) suppléant de la DTC au Botswana, qui supervise le déménagement, a souligné qu’il s’agit là bien plus que d’emplois.
« Nous voulons nous présenter ici comme une organisation internationale, le but n’est donc pas de simplement adapter ce qui existe déjà », a déclaré Paul Rowley à Rapaport News. « Notre objectif est vraiment d’apporter un large éventail de compétences au Botswana, en élargissant les horizons du pays ; ce qui est réellement important, c’est ce que généreront ces emplois, au-delà de la DTC et de l’industrie même. »

Avancée par phases
La DTC progresse par étapes. Une société a été enregistrée au Botswana, sous le nom « De Beers Aggregation Company », afin d’intégrer l’activité internationale de la DTC qui aura lieu dans le pays. Paul Rowley a fait remarquer que le nom de la société allait inévitablement changer pour mieux refléter la portée des activités qu’elle se propose de réaliser. « Il n’est pas question de ne relocaliser que les services d’agrégation, les activités commerciales et les ventes de la DTC seront aussi concernées », a-t-il souligné. « En résumé, le sight de Londres va disparaître et tout ce que nous gérons actuellement à Londres sera organisé depuis le Botswana. »
Le déménagement se conclura sur l’organisation du « sight de Londres » à Gaborone pour la première fois fin 2013. Avant cela, l’équipe d’assurance qualité, qui compte environ 20 personnes, devrait déménager au mois de mai, suivie par les activités d’agrégation de la DTC (l’assortiment de marchandises issues de diverses mines de De Beers en un stock, en fonction des catégories). Le sight d’octobre 2012 devrait être le premier pour lequel les marchandises seraient regroupées au Botswana.
À partir de là et jusqu’au terme du déménagement, plus d’un an plus tard, les lots du sight seront essentiellement créés à Gaborone et transférés au Royaume-Uni pour distribution aux 66 sightholders de Londres et aux deux sightholders du Canada. Les lots destinés aux 10 sightholders d’Afrique du Sud seront envoyés de Gaborone à Johannesburg, ceux des 13 sightholders de Namibie de la DTC seront envoyés à Windhoek ; le solde restant à Gaborone ira aux 21 sightholders de la DTC au Botswana.
Le travail en coulisses, « les calculs et les instructions sur la façon de créer les lots », comme le dit Paul Rowley, sera effectué sur les réseaux informatiques, d’octobre jusqu’à la fin du déménagement du personnel de planification et de logistique, qui devrait intervenir au premier semestre 2013. Le dernier groupe à déménager sera l’équipe de vente, ainsi que la PDG de la DTC, Varda Shine, lors du lancement du « sight de Londres » à Gaborone vers novembre-décembre 2013.

Restructuration
Au total, ce sont près de 80 employés de la DTC à Londres qui se sont engagés à déménager à Gaborone avec des contrats de trois à cinq ans, après quoi ils seront nationalisés s’ils décident de rester. Dans le cas contraire, leurs emplois seront pourvus par des personnes locales, c’est ce qui est prévu dans la plupart des cas. Dans un premier temps, la DTC embauchera 40 Botswanais supplémentaires, ce qui portera le nombre total d’employés à 120. Ceux-ci viendront s’ajouter aux 430 personnes environ, pour la plupart autochtones, qui sont actuellement employées par la DTC au Botswana.
« Cette dynamique évoluera avec le temps mais, pour l’instant, nous voulons déménager une activité opérationnelle et nous assurer que la transition se fasse sans heurt », a déclaré Paul Rowley. « D’où la nécessité de transférer nos compétences depuis Londres, lorsque c’est nécessaire, car le processus ne doit connaître aucun contretemps. » Les activités de tarification et de recherche et développement de la DTC resteront à Londres, au siège du groupe De Beers.
La structure des activités de la DTC au Botswana sera donc répartie entre la société nouvellement créée, qui supervise le fonctionnement international (les activités d’agrégation et de tri et les ventes pour les clients de Londres et du Canada), et la DTC au Botswana, qui se concentrera sur sa fonction essentielle de tri et d’évaluation de la production de la compagnie minière locale, Debswana.
Une grande part du travail de préparation consiste à rénover le bâtiment de la DTC au Botswana, pour accueillir les deux sociétés. La structure sur trois étages, ouverte en 2007, présente une capacité de 50 millions de carats mais a traité, jusqu’à présent, moins de la moitié de cette quantité. Des ajustements doivent donc être apportés à l’infrastructure et à la logistique.

Le rôle de la DTC au Botswana
La DTC au Botswana, qui est une coentreprise dans laquelle De Beers et le gouvernement du Botswana sont présents à parts égales, servira ses deux sociétés mère, le gouvernement prévoyant de lancer la vente indépendante de la production non-agrégée de Debswana plus tard dans l’année.
Dans le cadre du contrat de commercialisation récemment signé entre le gouvernement et De Beers, la production de Debswana qui, à 22,9 millions de carats en 2011, représentait un peu plus des deux tiers de la production totale de De Beers, sera triée et évaluée par la DTC au Botswana. Par la suite, en 2012, 11 % seront envoyés à une entité gouvernementale nouvellement créée, récemment nommée Okavango Diamond Trading Company, qui se chargera des enchères proposées par le gouvernement. Le reste sera envoyé à la DTC pour agrégation, puis distribution aux sightholders.
Paul Rowley a fait remarquer que la DTC Botswana doit encore décider du mode de transfert des droits du gouvernement puisque, en raison des lois sur la concurrence, le stock ne doit pas traduire les lots ou les assortiments commerciaux de la DTC. « Une fois que le gouvernement aura établi son organisation commerciale, nous constituerons un atelier et un groupe de travail afin de déterminer la façon de transférer les marchandises à la DTC au Botswana », a-t-il déclaré.
La part du gouvernement dans la production de Debswana, dont 10 % étaient disponibles avec effet rétroactif à partir de janvier 2011, augmentera de 1 % par an jusqu’à se stabiliser au niveau des 15 % prévus pour 2016. Les marchandises seront proposées dans un cycle de 10 sights, qui s’accordera sur celui utilisé par la DTC. Paul Rowley a expliqué que si le gouvernement refuse de profiter de ses droits, comme cela a été le cas jusqu’à présent, la DTC obtient un droit de premier refus sur ces marchandises.

Devenir une plaque tournante
Les refus ne devraient pas se poursuivre une fois que le gouvernement aura lancé ses enchères. L’objectif est d’inciter une plus grande partie de l’industrie diamantaire à s’installer au Botswana. Les enchères de brut du gouvernement auront très certainement un effet attractif. Elles seront appuyées par l’important transfert de la DTC d’un continent à un autre.
Les Botswanais doivent donc se tenir prêts. Une fois que tout sera en place, 300 nouveaux visiteurs au moins se rendront presque chaque mois à Gaborone. Dans le même temps, le personnel de la DTC s’installera, beaucoup accompagnés de leurs familles. En outre, d’autres usines de taille sont en cours d’installation suite au déménagement.
À l’échelle mondiale, ces chiffres représentent peu, mais Gaborone est une petite ville. La présence de ces structures aura un impact et ces chiffres augmenteront très probablement, peut-être de façon exponentielle si l’expérience fonctionne. Les nouveaux venus et les visiteurs, ainsi que leurs familles et amis, dépenseront non seulement en diamants, mais aussi en nourriture, en hébergement et en visites touristiques, générant ainsi du commerce et de l’emploi.

Et c’est là tout l’intérêt.

En réalité, la décision de déménager la DTC de Londres au Botswana n’a pas d’intérêt commercial pour De Beers. Le déménagement est compliqué, coûteux et peut-être sans précédent en termes d’envergure. Cependant, c’est au Botswana que se trouve le brut et le pays a effectivement exploité ce fait comme il le fallait. Le rêve du Botswana de devenir une plaque tournante du diamant est peut-être finalement à portée de main, dans quelques mois seulement. Et son périple, qui dépassera le simple cadre des diamants, ne fait peut-être que commencer.

Rapaport