Mythes et réalités : entre « découverte » de centaine de milliards de carats et bouleversements à la De Beers

Edahn Golan

Un programme télévisé local, amateur de potins, propose une rubrique intitulée « So True/Totally Not » (C’est tellement vrai/Totalement faux). Les animateurs y confirment ou réfutent des rumeurs sur les célébrités. Cela m’est revenu à l’esprit suite aux nombreuses questions qui nous parviennent sur l’annonce de la découverte d’une méga-ressource de diamants dans la région gelée de Sibérie. C’est avec intérêt, et parfois désappointement, que nous voyons évoluer une actualité. Dans ce cas, il s’agit probablement d’un journaliste assez étranger aux minéraux, aux diamants ou à l’extraction minière, mais contraint par les délais de remise de son papier, qui a produit un article à sensation. Il n’a pas compris les termes, ne connaissait pas toute l’histoire, il s’est contenté de recueillir quelques informations juteuses et a concocté son petit texte.[:]

Dans le monde du journalisme, généralement, le premier article fait foi pour ceux qui reprennent l’histoire, et celui-ci n’y fait pas exception. La presse, les journalistes économiques, les sites commerciaux et tout un tas de blogs ont tout simplement repris l’histoire, sans en vérifier les faits, même si l’article d’origine contenait quelques indices sur de possibles inexactitudes. Il en va ainsi, par exemple, de la mention que ces « diamants » sont plus durs que les diamants « ordinaires ».

La plupart des diplômés du secondaire savent que la structure d’une substance en est un élément inhérent fondamental. Modifiez-la et la substance se transforme, dans ce cas, elle devient un autre minéral.

Alrosa a qualifié le minéral découvert d’impactite, un terme utilisé pour décrire une roche créée par l’impact d’une météorite sur la terre. Selon Chaim Even-Zohar, il s’agit en fait de lonsdaléite, également connue sous le nom de diamant hexagonal, un carbone doté d’une structure cristalline, semblable à un diamant.

La lonsdaléite présente une dureté de Mohs de 7 à 8, contre 10 pour les diamants, une différence due à des impuretés et des imperfections présentes à l’état naturel. Une simulation en laboratoire (non, les diamants ne sont pas le seul minéral à avoir un parent proche en laboratoire) a été jugée 58 % plus dure que du diamant. D’où l’extrait : « plus dur que le diamant ».

Conclusion : « Totalement faux. » Même pour des ressources de qualité industrielle, je le répète, Totalement faux. L’exploitation minière est une opération très gourmande en trésorerie. De nombreuses ressources diamantifères (avec de vrais diamants) ont été découvertes, puis abandonnées, car elles n’étaient pas économiquement viables, à savoir que les revenus tirés des marchandises ne couvraient pas le coût de l’exploitation minière.

Une mine de diamants ordinaire doit produire entre 0,5 carat et 2 carats par tonne pour être rentable. En Sibérie, où le sol est gelé, le coût des opérations de cartographie, d’exploration, de creusement, de construction de l’installation de séparation, de sécurité, etc., n’est pas rentabilisé par les 2 dollars par carat de la ressource, le prix des marchandises industrielles. Avec un coût d’exploitation minière supérieur à 100 dollars/tonne, ce gisement devrait produire le chiffre inimaginable de 50 carats/tonne pour simplement atteindre l’extrémité basse de l’équilibre. Voilà qui est tout à fait improbable, alors exit l’impact sur l’industrie du diamant !

La prochaine fois que vous entendrez quelqu’un dire qu’il y a autant de diamants que de grains de sable, rétablissez la vérité !

Le changement d’orientation à la De Beers

L’annonce de la vente de la participation de sa famille dans la De Beers par Nicky Oppenheimer a été considérée comme la fin d’une époque. Aujourd’hui que la transaction est achevée, une nouvelle ère a débuté. Il n’y a plus de représentant de la famille Oppenheimer à la présidence de l’entreprise, ils ont été remplacés par un « outsider », la PDG d’Anglo American, Cynthia Carroll, une femme, rien de moins.

Les nouvelles de sa désignation ont fait suite à une annonce interne selon laquelle l’entreprise procède à un remaniement de son activité. Le PDG Philippe Mellier, un autre cadre supérieur extérieur à l’industrie, admet la fin de l’époque où l’activité du brut était axée sur le fournisseur. Reconnaissant que le marché est désormais axé sur la demande, il souhaite replacer les clients au premier plan. Pour la De Beers, il s’agit des consommateurs, et même avant cela des sightholders, ses propres clients.

Le fait que les sightholders aient récemment demandé une baisse des prix et une réduction de l’offre de brut peut avoir eu une incidence sur la dernière déclaration de la société, expliquant que le consommateur est au sommet de la filière.

En termes pratiques, cela signifie qu’au-delà du nouveau logo, des noms des sociétés (la DTC sera peut-être renommée De Beers Group Sightholders Sales) et du changement de statut des sightholders de la DTC, qui deviennent des sightholders du groupe De Beers, les vrais changements seront accueillis avec une volonté bien supérieure de la De Beers de s’adapter. Le message est le suivant : les sightholders qui se retrouvent confrontés à un stock important de taillé, une demande limitée et des prix en baisse trouveront une oreille plus réceptive à la De Beers.

Conclusion : « C’est tellement vrai. » Bien qu’elle n’ait pas encore été mise en œuvre, et que M. Mellier et Varda Shine, la PDG de la DTC, indiquent qu’il s’agit d’un processus graduel à long terme, la nouvelle direction, qui agira parallèlement à la nouvelle mainmise d’Anglo American sur la société, annonce clairement des changements dans l’entreprise. Le modèle commercial ne devrait pas évoluer pour l’instant, les craintes à propos d’un passage à un système d’enchères ne sont donc pas fondées.

Source Idexonline