L’ours polaire sort d’hibernation

Rob Bates

Le symbole de l’ours polaire (Polar Bear Diamonds), qui distingue les diamants d’origine canadienne, fait son grand retour, selon des responsables du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest.

Le logo, qui a réussi un coup publicitaire en 2000, le jour où il est apparu en première page du New York Times, sera réservé aux diamants non seulement extraits par l’un des trois producteurs de la région, mais également taillés sur place.

Le gouvernement a concédé la licence de l’ours polaire à Diamonds de Canada, qui dispose d’une usine dans les territoires, usine équipée d’une technologie automatisée pour la taille.

Le label, inscrit sur le rondiste du diamant, a également été remis au goût du jour.

« Il nous semblait que cette marque continuait à susciter le respect et l’appréciation, affirme Andy Leszczynski, directeur des diamants, des redevances et de l’analyse financière pour le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Mais nous voulions lui attribuer un caractère plus évocateur. »

Le gouvernement a ainsi engagé un cabinet de design graphique pour faire entrer l’ours « dans le XXIe siècle », explique German Villegas, responsable des diamants et de l’industrie secondaire pour le gouvernement.

« Nous voulions en faire un ours polaire dynamique, explique German Villegas. Il est plus agile et plus doux, pas du tout agressif. Il est tourné vers l’avenir. Nous avons effacé une certaine image d’agressivité qu’il a pu avoir par le passé. »

Benjamin King, le PDG de Diamonds de Canada, considère que le nouvel ours est plus « sensibilisé aux questions de santé ».

« Le premier était un peu en surpoids. Celui-ci est plus affiné. Ce n’est plus un ours en peluche. Il a davantage confiance en lui, il est plus affûté. »

Diamonds de Canada prévoit d’inscrire la marque de l’ours polaire sur 16 000 diamants uniquement, autrement dit le nombre d’ours polaires actuellement présents au Canada. Une part des bénéfices ira aux efforts de recherche du gouvernement.

Cette limite des 16 000 est un chiffre difficile à tenir, explique Benjamin King, « à moins qu’ils ne trouvent une banquise rassemblant 10 000 ours polaires supplémentaires. »

Il prévoit de les vendre en l’espace de 10 ans. Malgré tout, il se félicite que le produit soit en édition limitée.

« On voit tellement de marques aller et venir et qui, au bout d’un moment, ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Dans 30 à 40 ans, les gens seront heureux d’avoir l’un de ces 16 000 diamants. »

La société appliquera le label sur les diamants de 1,5 carat et plus uniquement. Elle intégrera également des diamants bruns et jaunes.

« Nous voulons apporter de la diversité dans la production provenant de chacun de ces sites, explique-t-il. On pourra ainsi affirmer que tel diamant vient de la mine Ekati, tel autre de Diavik, qui ferme dans cinq ans. C’est un sujet sur lequel notre industrie n’a pas encore réussi à communiquer, le fait que les diamants soient comptés, que Diavik ne produira plus dans cinq ans. »

Les diamants seront suivis et vendus avec des rapports Diamond Origin du GIA.

« Ce produit attire une certaine clientèle qui attend plus de son achat et veut comprendre d’où viennent les diamants », explique-t-il.

Les diamants ne supporteront pas de premium mais seront proposés « au prix juste », ajoute-t-il.

« Quand on voit ce qui se passe en Russie… les diamants sont bradés à Dubaï, explique-t-il. Le Canada est au-dessus de la mêlée, ses produits vont devenir une référence. »

Diamonds de Canada vend également des diamants bruts avec l’ours polaire, pour lesquels les consommateurs peuvent choisir la forme taillée. Ce produit s’est révélé étonnamment populaire, explique Benjamin King.

« Lorsque l’on voit une pierre brute, on sait qu’elle va se transformer. Ces sensations font appel à un instinct basique. »

En plus des diamants, les consommateurs auront la possibilité d’acheter des articles créés par la population autochtone des Territoires du Nord-Ouest, comme des œuvres d’art, des perles et des chaussures.

Le gouvernement a décidé de concéder la licence du logo à Diamonds de Canada pour s’assurer que les sociétés qui l’utiliseront « partagent la même vision », explique German Villegas. Almod Diamonds dispose également d’une usine de taille dans les territoires mais n’a pas encore signé pour le label de l’ours polaire ni pour l’autre marque du gouvernement, intitulée Government Certified Canadian Diamond.

L’usine totalement automatisée de Diamonds de Canada est étroitement surveillée, afin de voir si elle peut atteindre le rendement voulu, avec des frais de main-d’œuvre réduits.

Benjamin King explique que cela a été le cas jusqu’à maintenant.

« Toutes les sociétés de logiciels qui ont créé des outils pour l’industrie n’ont pas de vrais diamants. Chaque jour, nous arrivons à optimiser notre production mais c’est impossible si vous n’avez pas de vrais diamants avec lesquels travailler. »

Le label a reçu un accueil étonnamment chaleureux lors du JCK Las Vegas, explique Benjamin King.

« Cet ours hiberne depuis si longtemps que, lorsque nous l’avons ramené à la vie, les gens étaient très excités… Bien plus que ce que je pensais », explique-t-il.

Cette année, German Villegas et Andy Leszczynski ont assisté à leur premier salon JCK, qui a été pour eux une révélation.

« La plupart des miniers oublient pourquoi ils extraient, explique German Villegas. Dans les allées du JCK, vous comprenez vraiment à quoi sert leur métier. Les gens sont vraiment passionnés par les bijoux. C’est un travail assorti d’un engagement total. Il existe peu d’industries où la passion atteint un tel niveau. »

Source JCK Online