L’industrie du diamant fait face à une période difficile, mais une lueur d’espoir subsiste

Mathew Nyaungwa

Sans aucun doute, une fois de plus, l’industrie du diamant nage en eaux troubles, une situation qui rappelle les mauvais souvenirs de 2008, l’année où les prix du diamant ont chuté de 60 % en raison du ralentissement économique mondial.[:]
La crise de la dette européenne, une croissance économique ralentie aux États-Unis, une faible demande en Chine, ainsi que la chute de la roupie indienne face au dollar américain figurent parmi les facteurs qui contribuent à la crise actuelle dans l’industrie mondiale du diamant.

Les chiffres des échanges et de la production, récemment publiés par la De Beers, n’étaient pas encourageants et montraient clairement une industrie en difficulté.

Tout s’écroule

Le géant « blessé » du diamant a déclaré que ses bénéfices bruts pour le premier semestre s’élevaient à 502 millions de dollars, loin du montant de 1,02 milliard obtenu un an auparavant.

Ses ventes sont passées de 3,9 milliards de dollars au premier semestre de l’année dernière à 3,3 milliards de dollars, tandis que la production de diamants a fléchi à 13,4 millions de carats, en raison de la priorité accordée aux réparations et à l’entretien.

La De Beers, qui doit être reprise par Anglo American après avoir accepté en novembre de l’année dernière de racheter la part de 40 % de la famille Oppenheimer, a déclaré que le reste de 2012 s’annonçait également difficile.

« La De Beers s’attend à ce que les conditions commerciales dans le mid-stream demeurent difficiles pour le second semestre 2012, a déclaré la société dans un communiqué. La De Beers poursuivra sa production dans le sens de la demande des sightholders et s’efforcera de stimuler la demande des consommateurs et de la fidéliser. »

Le groupe s’attendait à produire de 28 à 30 millions de carats pour l’année pleine, une baisse par rapport à l’activité de 2011.

La De Beers a aussi permis à ses sightholders de reporter l’achat de près de la moitié de leur attribution jusqu’en mars 2013.

Son directeur général, Philippe Mellier, a déclaré aux journalistes : « Si les clients n’ont pas les moyens d’acheter, nous devons nous adapter. C’est pourquoi nous avons pris l’extraordinaire décision de reporter près de 50 % (de l’attribution des sightholders) jusqu’en mars [2013]. »

Selon Rapaport News, Diamdel, qui vend environ 10 % de la production de la De Beers aux sightholders et non-sightholders par le biais de ses enchères en ligne, aurait déclaré que la participation des acheteurs avait baissé d’environ 10 % lors de son dernier cycle d’enchères pour le brut.

« La baisse de la demande, associée au fait que les acheteurs participant à nos ventes au comptant ont plusieurs autres opportunités d’achat, a engendré un assouplissement des prix, » a déclaré Neil ‎Ventura, le directeur général de Diamdel.

Fermeture provisoire et baisse persistante

L’un des sightholders de la De Beers au Botswana aurait provisoirement fermé sa fabrique de bijoux en diamants, moins d’un an après avoir débuté ses activités, évoquant des coûts inaccessibles pour les matières premières.

Il s’agissait du second sightholder de la Diamond Trading Company Botswana (DTCB), après Shrenuj Botswana, à viser l’enrichissement des diamants dans ce pays du sud de l’Afrique.

BHP Billiton, qui avait annoncé en décembre 2011 son intention de se retirer de l’industrie diamantaire, a déclaré que sa production avait chuté de 28 % en glissement annuel, à 413 000 ‎carats au quatrième trimestre fiscal clôturé le 30 juin 2012.

La production pour l’exercice fiscal a chuté de 29 %, à 1,784 million de carats.‎

La société a déclaré que la production à la mine Ekati au Canada devrait rester limitée pour le moment, la matière extraite étant de moins bonne qualité.

Israël pleure aussi

Les exportations de taillé d’Israël ont également reculé de 19 % en glissement annuel, à 3,26 milliards de dollars au premier semestre 2012.

Le contrôleur de diamants Shmuel Mordechai a déclaré que la baisse était due à de mauvaises conditions économiques dans le monde et à une crise ayant eu des conséquences sur la Bourse du diamant d’Israël (IDE).

L’industrie a été accusée de fraude fiscale et de blanchiment d’argent.

Les importations de brut en Israël ont chuté de 19 %, à 1,99 milliard de dollars pour le premier semestre, tandis que les exportations de brut ont reculé de 33 %, à 1,52 milliard de dollars.

La situation n’est pas désespérée

Pendant ce temps, les différents acteurs de l’industrie prévoient que les marchés se reprennent une fois que la monnaie se sera stabilisée et qu’une nouvelle demande « émerge » sur le marché international, à l’occasion des fêtes de Noël.

Des articles rapportent déjà que la roupie indienne ne poursuivra pas sa baisse dans l’immédiat.

La devise avait chuté de 25 % pendant l’année clôturée au 30 juin et même dépassé les pertes essuyées par l’euro et la livre sterling.

Le groupe Rio Tinto, qui possède des mines de diamants en Australie, au Canada et au Zimbabwe, a déclaré que la production du groupe avait fait un bond de 18 % en glissement annuel, à 6,167 millions de carats au premier semestre 2012.

Le groupe a aussi déclaré que la production pour le deuxième trimestre de l’année avait augmenté de 3 % en glissement annuel, à 2,808 millions de ‎carats.

Le minier, qui déclarait en mars dernier qu’il envisageait de cesser ses activités dans le diamant, vise une production en année pleine de 14,6 millions de carats, une augmentation de 25 % par rapport à 2011.

Namakwa Diamonds a également généré des recettes d’environ 4,2 millions de dollars sur sa troisième vente de brut en provenance de sa mine de Kao et ayant eu lieu à Anvers, les prix obtenus étant de 3,4 % supérieurs aux estimations initiales de la direction.

Le minier, qui a proposé 51 lots pour un total 14 495 carats, a déclaré que les diamants du Lesotho s’étaient vendus en moyenne 286 dollars/carat, avec une grosseur moyenne de 0,36 ct.

« Toutes les marchandises de notre troisième tender à Anvers se sont vendues, de la même façon que pour les deux premiers, et les prix ont dépassé les attentes initiales, » a déclaré Theo Botoulas, le directeur général de Namakwa Diamonds.

Il a déclaré que, au cours de huit tenders organisés depuis janvier, la société avait vendu un total de 87 011 carats en provenance de Kao, générant 24,6 millions de dollars de recettes.

Le producteur russe ALROSA, considéré comme le premier producteur mondial en volume, n’a pas encore publié ses résultats pour le premier semestre.

Les articles des médias russes de la semaine dernière, rapportant des données issues du ministère pour le Développement économique et industriel de Yakoutie, étaient contradictoires et ne peuvent donc pas être considérés comme factuels ou comme un reflet exact des opérations de la société pour le premier semestre de l’année.

L’industrie devra attendre la publication des données d’ALROSA avant de pouvoir dire si un autre géant du diamant broie du noir.

Cependant, ALROSA a déclaré plus tôt dans l’année avoir enregistré un bénéfice net de 285 millions de dollars pour le premier trimestre, un montant plus élevé que l’objectif initial de 159 millions de dollars.

Ses ventes de diamants pendant cette période ont atteint 1,2 milliard de dollars, contre 950 millions cumulés un an auparavant.

Par conséquent, nous pouvons conclure, de manière générale et sans trop nous avancer, que le marché du diamant est en difficulté, les acheteurs étant moins empressés que l’année dernière à la même période de dépenser leurs ressources limitées pour des diamants.

Il y a cependant une lumière au bout du tunnel, malgré la période sombre que traverse l’industrie.

L’histoire montre que les acheteurs desserrent souvent les cordons de leur bourse pendant les fêtes et l’on espère que cette année ne fera pas exception à la règle.

Si ce n’est pas le cas, préparons-nous à vivre une longue période de dépression.

Source Rough & Polished