En février, l’Union européenne (UE) avait convenu de lever les sanctions imposées à Zimbabwe Mining Development Corporation (ZMDC), dans le mois suivant le plébiscite du Zimbabwe. [:]Il fallait pour cela que tous les États membres reconnaissent que la société se montrait paisible et transparente.
L’Union a déclaré, à l’époque, que les sanctions seraient également levées s’il n’y avait aucun motif raisonnable de croire que ZMDC était impliquée dans des activités qui compromettent la démocratie lors des élections.
Les élections au Zimbabwe ont eu lieu le 31 juillet.
Le président Robert Mugabe et son parti ont remporté le scrutin à une écrasante majorité, malgré une « énorme fraude » dénoncée par son principal rival, Morgan Tsvangirai.
L’UE, à qui l’on a interdit d’observer le scrutin, avait également déclaré qu’elle s’appuierait sur les rapports que remettraient Southern African Development Community (SADC) et l’Union africaine pour décider s’il convenait de lever les sanctions à l’encontre du Zimbabwe.
SADC a récemment approuvé le scrutin, le qualifiant de « libre et crédible ».
Quelques jours après la sortie du rapport de SADC, la Belgique, qui possède à Anvers le plus grand centre de négoce de diamants, s’est relancée dans sa croisade pour que ses pairs européens lèvent les sanctions sur ZMDC.
Elle a rappelé que l’UE n’avait pas contesté les élections. Par conséquent, l’accord de février devait être respecté et les sanctions levées.
« Pour nous, l’accord existe bel et bien », aurait déclaré le porte-parole belge du ministère des Affaires étrangères, Hendrik van de Velde, selon l’agence Reuters.
Toutefois, certains membres de l’UE, dont la Grande-Bretagne, ont exprimé « de graves craintes » face à ce qu’ils ont qualifié d’irrégularités électorales.
« Il existe des preuves flagrantes que ces élections n’ont pas respecté les lignes directrices de SADC, ni même la loi électorale du Zimbabwe », a déclaré le secrétaire d’État britannique aux affaires étrangères, William Hague, dans un communiqué le mois dernier.
« Nous craignons de possibles retombées pour la région. »
Robert Mugabe a riposté à ces accusations.
« Les pays occidentaux du vieux continent ont un avis négatif sur notre processus électoral et sur les résultats. Eh bien, il n’y a pas grand-chose que nous puissions faire pour eux. Nous les rejetons aux rangs des infâmes, ceux dont nous devons broyer la turpitude morale », a-t-il clamé lors de son discours d’investiture.
« Ils ont le droit de penser ce qu’ils veulent, pour autant qu’ils reconnaissent que la majorité de notre peuple a approuvé le résultat des élections… Hier, ils prenaient pour prétexte un déficit de démocratie pour imposer des sanctions. Aujourd’hui, nous demandons à ces nations coupables : quelle est votre excuse ? Quelle est-elle aujourd’hui ? Quels intérêts ces sanctions sont-elles destinées à servir ? »
Malgré les critiques émises par certains États membres de l’UE sur le scrutin du 31 juillet, les rapports indiquent que le bloc avait accepté de lever les sanctions sur ZMDC.
Reuters a repris les propos du porte-parole des Affaires étrangères de l’UE, Michael Mann. Selon lui, les diplomates ont conclu à l’absence de preuve attestant que les activités de ZMDC étaient liées à des violences pendant la période électorale.
Il a ainsi affirmé que le bloc avait entamé le processus de radiation de ZMDC de la liste des sanctions.
Par la suite, le Journal officiel de l’Union européenne a annoncé que les importations de brut de ZMDC dans l’Union seraient autorisées à partir du 25 septembre 2013. Les importations en provenance d’autres sociétés, liées à cette entité, seraient également autorisées. Il s’agit des sociétés Marange Resources, Сanadile, Mbada, Kimberworth Investments et Diamond Mining Corporation (DMC).
D’après le AWDC, grâce à l’appui des autorités belges, cette décision permettra que les diamants commercialisés par la Minerals Marketing Corporation of Zimbabwe soient vendus à leur valeur optimale, sans subir la baisse actuelle des prix que connaissent d’autres marchés.
La décision de l’UE devrait avoir un impact positif sur le fonctionnement du secteur, les revenus de l’exploitation minière, la transparence du marché et le développement économique et social durable du Zimbabwe, a noté le AWDC.
Rugare Gumbo, porte-parole du ZANU-PF, a affirmé que la levée des sanctions sur ZMDC était « trop tardive et trop limitée ».
« Ils veulent aider leurs entreprises commerciales, les sociétés de taille (en Belgique). C’est la raison de leur décision. Ils ne se soucient pas des gens qui souffrent au Zimbabwe », aurait-il déclaré, selon Reuters.
Cette avancée risque fort de faire grincer des dents les groupes de pression tels que Global Witness, qui s’étaient acharnés pour que les sanctions soient renforcées, plutôt qu’assouplies.
Dans un communiqué publié le jour de la Saint-Valentin, le groupe a mis en garde contre ce qu’il a appelé « un triangle amoureux » entre la Belgique, ses diamantaires et le Zimbabwe.
Et d’ajouter : « Même si l’Union européenne cherche à promouvoir démocratie et stabilité au Zimbabwe, elle doit éviter un ménage à trois avec la Belgique et ses diamantaires pour cette Saint-Valentin. »
Global Witness a rappelé que tout assouplissement des interdictions sur l’industrie du Zimbabwe risquerait d’engendrer une recrudescence de fonds pour la police loyaliste et les militaires de Mugabe, quelques mois seulement avant les élections.
Certains d’entre nous n’imaginaient pas que l’UE lève les sanctions, étant donné ses critiques acerbes de Robert Mugabe.
Nous pensions qu’ils seraient extrêmement déçus (si l’on en croit leurs commentaires) et regretteraient leur « naïveté », ayant cru que Robert Mugabe perdrait les élections en faveur de Morgan Tsvangirai.
Les faits ont montré que nous avions tort et le statu quo a pris le pas sur la politique.
Désormais, avec l’absence de restriction sur le commerce des diamants de Marange (en supposant que les États-Unis emboîtent le pas à l’UE), Harare n’aura plus aucune excuse pour négocier ses pierres avec âpreté, par peur des représailles.
Faites publier les chiffres du commerce mensuel, trimestriel et annuel, comme cela a été le cas dans des pays comme le Botswana et l’Afrique du Sud. Cela permettra d’éloigner le nuage sombre du pillage des diamants, suspendu au-dessus des opérations de Marange.