Les retards du GIA préoccupent les fabricants

Joshua Freedman

Les clients du Gemological Institute of America (GIA) ont subi plusieurs retards dans leurs envois destinés à être certifiés, ce qui pose problème pour la gestion des stocks, a appris Rapaport News.

Une brusque hausse des achats de brut depuis décembre a accru la demande de certificats. Par ailleurs, les baisses de capacités liées aux restrictions de la Covid-19 ont fait peser des pressions supplémentaires sur le GIA. Les délais de réalisation sur certains marchés vont actuellement jusqu’à 25 jours, alors que la période habituelle tourne autour de sept jours, ont indiqué des fabricants au cours de la semaine du 22 mars.

« La demande de services de certification du GIA est à son plus haut, a expliqué Tom Moses, vice-président exécutif du GIA et directeur de la recherche et du laboratoire, dans un entretien par e-mail avec Rapaport News mercredi 24 mars. Cette demande, ainsi que les effets du coronavirus, comme les limitations de capacités imposées par les gouvernements, les contraintes de transport et l’absentéisme, ont tous participé à allonger les durées de service au-delà de ce qui est acceptable. »

Les fabricants en Inde, le plus grand centre de fabrication de diamants au monde, ont annoncé des retards particulièrement graves au laboratoire de Mumbai, l’un des centres de certification les plus actifs du GIA. Au cours de la semaine du 15 mars, l’État du Maharashtra, où se trouve Mumbai, a ordonné aux entreprises de limiter son personnel à 50 % en raison d’une hausse des infections au coronavirus.

D’après le site Internet du GIA, un diamant de couleur D à Z présenté au laboratoire de Mumbai le 25 mars serait prêt le 22 avril. Certains clients ont affirmé qu’ils avaient envoyé des marchandises à des établissements du GIA dans d’autres pays, espérant un retour plus rapide.

De Beers et ALROSA ont vendu près de 2 milliards de dollars de brut en janvier et février, signe de la reprise de la demande, étant donné le rebond du retail pendant les fêtes et le réapprovisionnement des fabricants. Tom Moses a expliqué que le GIA était parvenu à maintenir des temps de service habituels jusqu’au retour de la demande actuelle, malgré des limitations de capacité à Mumbai, New York et dans d’autres sites.

Les vols disponibles pour déplacer les marchandises entre les laboratoires ont été réduits, ce qui a encore exacerbé la situation, a-t-il ajouté. Le GIA a pour habitude d’envoyer des diamants d’un site à un autre afin de gérer ses capacités et de garantir une répartition aléatoire dans le monde, a expliqué le dirigeant.

Les retards s’ajoutent au temps nécessaire pour que les sociétés transforment leurs marchandises, d’une pierre brute initiale en une pierre taillée commercialisable, ont souligné les fabricants.

« Le nombre de jours nécessaires à la production est généralement inférieur à un mois, a expliqué un dirigeant du secteur de la fabrication. Lorsque le délai de certification dépasse 25 jours, cela pèse sur la rentabilité. »

Les diamants certifiés risquent également d’arriver sur le marché au moment le plus calme de l’année pour la demande de taillé. Les mois à venir n’offrent que peu d’opportunités de ventes saisonnières.

« Ce qui va se passer maintenant, c’est que les marchandises vont arriver entre avril et juin, les mois généralement les plus calmes, a fait remarquer un autre dirigeant du secteur de la taille. Cela va réactiver les pressions car il y aura plus de stock et moins de demande. »

Le GIA a rallongé ses plannings et mis en place des équipes supplémentaires pour améliorer la situation. Certains laboratoires travaillent le week-end.

Il propose également une option accélérée qui donne des résultats de certification dans les cinq à sept jours ouvrés. Les clients peuvent sélectionner 10 % des diamants D à Z qu’ils ont présentés afin qu’ils profitent de ce service prioritaire. Ceux qui ont envoyé des marchandises à plusieurs laboratoires du GIA peuvent demander le service à chacun de ces établissements.

« Les délais de service vont s’améliorer car nous sommes en mesure d’ajouter des capacités, en travaillant dans le respect des restrictions gouvernementales et en garantissant la santé et la sécurité du personnel du GIA dans tous les établissements, en tout temps », a déclaré Tom Moses.

Source Rapaport