Les niveaux de prix au salon de Bâle frustrent les fournisseurs

Avi Krawitz

Une demande constante pour des pierres uniques haut de gamme.

Au salon de Bâle, les exposants ont fait état de ventes stables et d’une forte demande pour les pierres uniques. Ils se sont toutefois sentis défavorisés par les frais pratiqués et par les changements de lieu qui sont intervenus cette année. [:]

« Le salon est cher, il n’en vaut pas la peine, a déclaré Leibish Polnauer, le président de Leibish & Co., un fournisseur spécialisé de couleurs fantaisie. L’Europe n’est pas un marché, on ne peut pas comparer avec Hong Kong. »

La plupart des exposants qui se sont entretenus avec Rapaport News en ont convenu, estimant que les frais des stands dépassaient les 100 000 dollars, avec des loyers plus élevés et moins d’espace qu’en 2012. « Il est presque impossible de récupérer notre mise, a déclaré un exposant qui a voulu garder l’anonymat. Bâle est environ sept fois plus cher que les autres salons. Ce n’est pas le cas à Hong Kong et à Las Vegas, où vos gains dépassent vos dépenses. »

Les organisateurs de Baselworld ont augmenté le prix de l’espace exposant de 20 %, qui est passé de 350 CHF (373 USD) par mètre carré à 420 CHF (448 USD) par mètre carré cette année. Le salon a subi une rénovation de 454 millions de dollars, juste à temps pour l’ouverture. Le pavillon des diamants a ainsi été déménagé, de sa place près de l’entrée du hall principal, jusqu’au hall 3, situé derrière les grandes marques horlogères et plus près des marques de bijoux.

Bernard Keller, le directeur de la communication de Baselworld, a expliqué que la rénovation a réduit l’espace total disponible sur le salon, de 160 000 m² à 141 000 m² mais que la qualité a été améliorée. L’espace se répartit aussi sur plusieurs niveaux pour les exposants de montres de grande marque et de bijoux.

En outre, les négociants se sont plaints que leur emplacement était difficile à trouver, à la périphérie extérieure, et mal signalé.

Bernard Keller a rappelé que les exposants de diamants étaient maintenant dans le même bâtiment que les marques de montres et de bijoux, alors qu’auparavant, ils en étaient séparés. « C’est une situation bien plus confortable pour les visiteurs, a-t-il affirmé. Tout est affaire de signalisation et de communication, cela peut être amélioré. Je suis convaincu que ce changement entraînera une hausse de la fréquentation par rapport à l’année dernière. »

Une demande stable pour le haut de gamme

Pourtant, les exposants de diamants ont rapporté une fréquentation régulière dans le hall 3. Certains ont conclu que le nouvel emplacement n’attirait que les acheteurs sérieux, qui faisaient l’effort de se déplacer dans cette section.

Les fournisseurs qui se sont entretenus avec Rapaport News ont enregistré une forte demande pour les Collection, les pierres de plus de 10 carats et les couleurs fantaisie, ainsi que pour les tailles fantaisie bien taillées.

« Ce sont des marchandises qui ne posent pas problème, a déclaré Efraim Zion de Dehres Limited, un fournisseur de taillé et de bijoux très haut de gamme. Même si un magasin ne vend pas une pierre immédiatement, la transaction finira pas intervenir. » Il a ajouté que les grosses pierres de qualité commerciale en L à M se vendaient bien aussi. Lors du salon, les bijoux se sont mieux vendus que les diamants.

Barry Berg, de William Goldberg, un négociant et joaillier haut de gamme, a admis et expliqué que le marché était entraîné par les économies émergentes d’Extrême-Orient et du Moyen-Orient. Bien que les consommateurs reconnaissent le côté investissement de leur achat, Barry Berg a rappelé que le marché était entraîné par ces clients. « Les acheteurs veulent de beaux bijoux à porter, a-t-il expliqué. Ce marché se porte vraiment bien. Les consommateurs recherchent de belles pièces. »

Les négociants ont remarqué que les marges sont généralement meilleures dans le segment haut de gamme cette année, par rapport aux marchandises commerciales, notamment pour les couleurs fantaisie. Or, ils ont également reconnu que leurs clients sont mieux informés sur la qualité et les prix et que la concurrence devient plus féroce pour s’approvisionner en marchandises de ce type.

En dehors des articles uniques, les exposants ont rapporté une ambiance prudente, avec des bulles de demande pour des marchandises de qualité commerciale. Selon eux, le marché a légèrement ralenti depuis le salon de Kong Hong en mars ; avril est généralement un mois plus calme.

Toutefois, les négociants ont affirmé rechercher des marchandises de qualité supérieure à Bâle ; les commentaires à l’issue des ventes restaient mitigés avant la clôture du salon, le 2 mai.

« Il n’existe que très peu d’intervenants au salon de Bâle qui peuvent rendre l’occasion vraiment intéressante pour les diamants car les frais sont élevés, a déclaré un négociant en fantaisies qui a demandé à rester anonyme. Mais il y en a, et si ces acheteurs se rendent sur notre stand, ça peut être génial. Dans le cas contraire, Bâle sera un salon difficile pour nous. »

Voici un résumé de quelques-unes des tendances fortes observées au salon de Bâle :

• Il existe un marché important pour les pierres uniques, la demande étant entraînée par les consommateurs d’Extrême-Orient et du Moyen-Orient.

• Les détaillants européens haut de gamme recherchent des pierres spéciales et sont prêts à payer un premium, mais ils ne veulent pas acheter en grandes quantités.

• La demande est forte pour les couleurs fantaisie, en particulier les roses et bleus fantaisie intenses. Les couleurs exotiques, comme les oranges et les verts, suscitent également beaucoup d’intérêt.

• Très bonne demande pour les grandes pierres spéciales : D, IF, 10 carats et plus.

• Demande soutenue pour les gros diamants de qualité commerciale : F à H, VS à SI, 10 carats et plus.

• Les tailles fantaisies bien taillées se comportent très bien ; les formes de poire, de 0,70 carat à 1,99 carat, sont très demandées et en nombre insuffisant.

• Les cœurs et ovales bien taillés sont difficiles à trouver, avec une demande stable en Extrême-Orient, tandis que les tailles émeraude sont stables.

• Les meilleures ventes de marchandises de qualité commerciale demeurent les F à G et VS2 à SI1, de 0,30 carat à 0,40 carat.

Source Rapaport