Sans aucun doute, la conférence sur les diamants du Zimbabwe, récemment organisée dans la station balnéaire de Victoria Falls, s’est achevée sur un consensus : les sanctions sur les diamants de Marange doivent disparaître.[:]
Eli Izhakoff, le président du World Diamond Council (WDC), a même promis d’amener le Trésor américain et l’Union européenne à lever les sanctions imposées aux diamantaires exerçant à Marange.
Isak Katali, le ministre namibien des Mines, a également déclaré que les États-Unis peuvent maintenir leurs sanctions sur d’autres structures et personnes de nationalité zimbabwéenne, mais pas sur les sociétés minières de Marange.
D’après lui, les sociétés de Marange ne devraient pas être sanctionnées car elles ont satisfait les exigences minimales énoncées par le Kimberley Process.
Les embargos commerciaux ont été appliqués après que des rapports ont affirmé que les diamants provenant de l’est du Zimbabwe servaient à financer la cabale politique du parti du président Robert Mugabe et des chefs de la sécurité.
Des accusations d’infractions flagrantes aux droits de l’homme ont également été portées contre le gouvernement, lorsque son personnel de sécurité a chassé les miniers clandestins qui avaient envahi les régions diamantifères en 2006.
Harare a réfuté ces allégations, les qualifiant de fausses et de malveillantes.
Godwills Masimirembwa, le président de la Zimbabwe Mining Development Corporation (ZMDC), s’est étonné que l’Occident n’ait jamais évoqué les violations des droits de l’homme lorsque le chaos régnait à Marange ; à l’époque, des milliers de personnes venues du monde entier y extrayaient des diamants.
« Nous appliquons les meilleurs accords de production et de sécurité qui puissent exister. À l’époque de la contrebande des diamants, il n’y avait pas de sanctions. Aujourd’hui, le ZMDC et ses partenaires rencontrent des difficultés pour rétablir l’ordre à Marange », a-t-il expliqué.
« Lorsque les règlements se font en dollars américains, tous les transferts transitent par les États-Unis d’Amérique ; si cet argent est destiné à des diamants du Zimbabwe, il sera gelé [par l’OFAC (le Bureau du Trésor pour le contrôle des avoirs étrangers)]. Cela signifie que vous ne recevrez pas vos diamants et que nous ne récupérerons pas notre argent. Seule une escroquerie permet d’éviter d’être repéré. »
Nous ne cherchons pas à savoir ici si les sanctions imposées aux sociétés minières de Marange étaient justifiées.
Nous souhaitons plutôt établir si les embargos ont d’une façon ou d’une autre favorisé la transparence des échanges.
Dans une certaine mesure, les sanctions n’ont pas réussi à mettre fin au commerce des diamants.
Plus d’une fois, notamment lors de la conférence de Victoria Falls, des tentatives ont été faites pour présenter l’OFAC, organisme « tout-puissant », comme un obstacle dans les échanges des diamants de Marange.
Obert Mpofu, le ministre des Mines du Zimbabwe, a même déclaré que, dans le cadre de la campagne contre les diamants de Marange, au moins 30 millions de dollars avaient été interceptés par des institutions internationales.
Toutefois, si le Kimberley Process a signalé (dans des données présentées par des fonctionnaires zimbabwéens) que le pays a vendu 7,7 millions de carats en 2011 pour une valeur de 422,9 millions de dollars, il montre aussi que des mesures ont été mises au point pour contourner les sanctions.
Certes, personne de sensé ne s’attendrait à ce que le Zimbabwe se repose sur ses lauriers, en continuant à se plaindre amèrement, tandis que l’OFAC poursuit ses saisies sur les transactions de diamants.
Il est également impensable que le pays se contente de stocker en attendant une levée des sanctions.
Certains délégués ont affirmé que les États-Unis devaient lever leurs sanctions car elles étaient contre-productives.
Selon ce raisonnement, auquel je souscris, les sanctions permettaient aux fonctionnaires zimbabwéens de ne pas publier les chiffres des ventes, au motif que ces informations autoriseraient les États-Unis à harceler les acheteurs.
Nous avons dans ce scénario un terreau fertile pour un commerce opaque.
Or, si les obstacles disparaissent, Harare ne peut plus refuser de faire la lumière sur ses activités.
Thabo Mbeki, ancien président de l’Afrique du Sud, a rappelé que le gouvernement du Zimbabwe devait faire son possible pour garantir une transparence optimale sur l’exploitation minière et la commercialisation des diamants.
Toutefois, tant que les sanctions demeurent, cette transparence qu’il appelle de ses vœux est inatteignable.
Il apparaît donc assez clairement que les sanctions n’aident pas le Zimbabwe en matière de transparence.
Si elles étaient levées, personne ne viendrait présenter ses excuses au moment où les revenus des diamants subiront le contrecoup.
Les diamants sont une source de prospérité économique pour des pays tels que le Botswana et la Namibie.
Il en irait de même pour les gisements de Marange, si le Zimbabwe était autorisé à négocier ses pierres librement, en toute transparence.