Le rythme devrait se maintenir sur le marché du brut

Joshua Freedman

D’après les prévisions de certains négociants, la reprise des transactions sur le marché du brut se maintiendra pendant encore deux mois car les fabricants comblent les pénuries de l’offre et parce que la demande de retail augmente.

« Des lacunes sont encore présentes car il existe bel et bien de la demande et l’offre est très limitée. Elle sera limitée pendant encore quelques mois », a expliqué un sightholder. Le taillé issu du brut acheté en août n’arrivera sur le marché qu’à la mi-octobre puisqu’il faut environ six semaines pour achever le processus complet de fabrication et de certification, a-t-il expliqué. 

De Beers a vendu aux environs de 300 millions de dollars de brut le mois dernier, contre environ 200 millions de dollars pour ALROSA, après des mois de ventes ralenties, ayant entraîné des raréfactions dans certaines catégories, d’après des personnes connaissant l’industrie et interrogées par Rapaport News au cours de la semaine du 31 août. 

Des pénuries sont apparues dans plusieurs catégories de taillé puisque la fabrication s’est arrêtée en Inde entre fin mars et fin mai du fait de la pandémie de coronavirus. Ces pénuries se poursuivront dans les mois à venir puisque les restrictions persistantes liées à la Covid-19 restreignent la capacité de production, qui s’établit entre 30 % et 60 %, d’après des fabricants.

Les sociétés de taille envisagent de raccourcir leurs vacances de Diwali cette année, souhaitant avancer dans leurs commandes pour les fêtes du quatrième trimestre, ont indiqué des dirigeants. Elles cessent généralement leur activité pendant deux à quatre semaines à l’occasion du festival, qui débute le 14 novembre cette année. Pourtant, les fabricants admettent que l’amélioration du marché risque d’être de courte durée, étant donné les incertitudes liées au coronavirus. 

« En septembre et en octobre, les fabricants peuvent acheter sur le marché en maintenant des quantités égales ou inférieures, a expliqué un client de long terme d’ALROSA. Mais en novembre, je ne suis pas sûr que cette quantité sera soutenable. Et nous verrons alors comment se déroulent les ventes de taillé à Noël. »

Une correction des prix du brut

La volonté d’acheter du brut a augmenté après la baisse des prix de De Beers, de 6 % à 8 %, sur les marchandises de 1 carat ou plus. ALROSA a également baissé ses prix d’environ 5 % à 7 % dans toutes les catégories, y compris pour les petites pierres. Cela a contribué à relever la rentabilité des fabricants et des revendeurs, puisque les prix du taillé se sont renforcés le mois dernier, d’après ce qu’ont noté les sightholders.

Les premiums des revendeurs de brut ont atteint 10 % sur le marché secondaire, d’après des sources. Depuis un an et demi, les négociants s’étaient habitués à des marges minimes – voire à des pertes – sur les marchandises de De Beers et d’ALROSA. 

Les ajustements des prix ont fait suite à une hausse de la demande de retail aux États-Unis et en Extrême-Orient ainsi qu’à une baisse de la disponibilité du taillé. Bien que la reprise initiale de juin et juillet ait principalement concerné les couleurs et puretés supérieures, l’équilibre entre l’offre et la demande s’est depuis amélioré dans un plus large éventail de catégories, d’après des négociants. Les rondes entre 0,30 carat et 1,50 carat, de couleurs D à J et de puretés VVS à SI2 se font rares, tout comme une partie du piqué, de qualité inférieure, a indiqué un sightholder.

Malgré tout, les fabricants pourraient être tentés de capitaliser sur la tendance haussière en achetant des lots de brut et en produisant trop de taillé. Cela pourrait entraîner le secteur dans une crise de surproduction, a averti un sightholder.

« Comme ces fabricants spéculatifs veulent capter des parts de marché, la production pourrait augmenter jusqu’à 20 %, a-t-il indiqué. Il est très difficile de gérer la production au niveau de l’industrie. »

Source Rapaport


Photo © ALROSA.