Le Botswana et son histoire

Ettagale Blauer

Riche en diamants et politiquement stable, le Botswana est tourné vers l’avenir.
Lorsque les sights de Londres déménageront à Gaborone, capitale du Botswana, vers la fin de l’année 2013, les sightholders se retrouveront tout proches des mines de diamants qui sont au cœur de leurs affaires. Le Botswana est le seul État africain où se conjuguent une vie sauvage à la beauté spectaculaire, une géographie complexe et fascinante et une histoire paisible.[:]

Le Botswana peut être un pays hostile, où l’eau est parfois présente à l’excès et parfois totalement absente et où les populations sont aussi clairsemées que les ressources, sauf pour ce qui est des diamants. Les déplacements vers ce pays en vue des sights feront naître une expérience bien différente de celle que vivaient les sightholders alors qu’ils s’envolaient pour Londres, flânaient dans ses quartiers centenaires à l’atmosphère si familière et dînaient dans les restaurants chics de la ville. Afin d’anticiper cette transition, certains négociants et fabricants de diamants du monde entier se sont déjà installés à Gaborone pour y ouvrir des agences et y installer des équipements de taille.

Les trois premiers diamants ont été découverts dans le lit d’une rivière du Botswana en 1956 mais la découverte de diamants commercialement viables remonte à 1967, soit un an après l’accès du pays à son indépendance. Aujourd’hui, le Botswana représente la plus importante source de brut au monde, une position qui a transformé son économie, fondée sur l’agriculture, pour lui faire connaître l’un des essors les plus rapides de la planète.

Les efforts fournis par le gouvernement en vue de développer l’industrie diamantaire en aval ont donné lieu à la migration prévue des sights vers ce pays du Sud de l’Afrique. L’heure est peut-être venue de mieux étudier le Botswana et la manière dont le pays exploite sa nouvelle richesse.

SON HISTOIRE
Les premières traces laissées par les habitants du Botswana sont des peintures rupestres qui prouvent l’existence d’habitations humaines, il y a de cela 25 000 à 30 000 ans. L’histoire pacifique du pays peut être en grande partie expliquée par l’homogénéité de sa population. Près de 80 % de ses deux millions d’habitants sont des Tswanas, également connus sous le nom de Setswanas. Les Kalangas représentent 11 % de la population et les Sans 3 %, mais tous ces groupes ethniques sont très proches. L’Anglais et le Tswana sont les deux langues officielles. Selon la tradition, la population réglait les conflits et exprimait ses préoccupations en organisant de longues discussions, dans le cadre de réunions appelées Kgotlas, et qui étaient dirigées par les chefs traditionnels. Ce peuple a connu une forme de gouvernement démocratique bien avant de se constituer en nation. Le tableau chronologique ci-dessous retrace les événements qui ont marqué l’histoire du pays jusqu’à l’ère moderne.

SA GÉOGRAPHIE
Pays enclavé, dont la superficie avoisine celle du Texas, le Botswana partage ses frontières avec l’Afrique du Sud, la Namibie et le Zimbabwe. C’est le pays des extrêmes. Une grande partie du territoire est occupée par le désert du Kalahari, dont le nom signifie littéralement « grande soif », une région hostile et inhospitalière. La partie nord-ouest accueille le delta de l’Okavango, en perpétuelle mutation. De longues pluies viennent abreuver les rivières qui serpentent aux alentours du delta, gorgeant le sous-sol jusqu’à ce qu’une grande partie de la région soit envahie par les eaux. L’eau s’évapore en quelques mois pour laisser les terres ré-émerger… un cycle de flux et de reflux qui se reproduit chaque année.

L’élevage de bétail est bien enraciné dans la culture et constitue une part vitale de l’économie. L’élevage est considéré comme une richesse dans de nombreuses régions d’Afrique. Au Botswana, la taille du cheptel varie entre deux et trois millions de têtes, en fonction des conditions climatiques. Si près de la moitié de la population est urbanisée, la plupart des habitants entretiennent un lien fort avec leur passé rural en élevant de petits troupeaux à la campagne.

Gaborone, la capitale, est au cœur de la quasi-totalité des activités économiques autres que le tourisme et accueillera les sights de la Diamond Trading Company Botswana (DTCB). Elle est située dans l’extrême sud-est du pays, à quinze kilomètres à peine de la frontière sud-africaine. 

OÙ TROUVE-T-ON LES DIAMANTS ?
Debswana exploite les quatre mines du pays. La première mine, qui est aussi la plus ancienne, est baptisée Orapa. Une extension, achevée en 2000, a permis d’en doubler la capacité. La mine de Letlhakane, à 48 kilomètres à l’est d’Orapa, a ouvert en 1976. La grande mine de Jwaneng, située à 113 kilomètres à l’ouest de Gaborone, est réputée pour être la mine de diamants la plus riche au monde en termes de valeur des pierres extraites. En 2002, la production a été lancée dans la mine de Damtshaa, à 19 kilomètres à peine à l’est de la mine d’Orapa. Une cinquième mine, Lerala, située à environ 275 kilomètres de Gaborone, au sud-est du pays, et détenue par la DiamonEx Ltd., a débuté son exploitation en 2008 mais connaît depuis une production en dents de scie. L’industrie minière représente 36 % du PIB du Botswana et de 70 % à 80 % de ses revenus d’exportation. En 2009, durant la récession économique, alors que la demande mondiale de diamants était au plus bas, l’activité minière a été suspendue ou fortement limitée pendant quelques mois dans le pays.

À de multiples égards, le Botswana propose une « réelle » expérience africaine, dans un pays largement épargné par des développements mal gérés. La ville de Maun, située au centre-nord du pays, est la capitale nationale du safari. Les Botswanais sont connus pour être une population pacifique, dont le gouvernement n’a pas été corrompu par les nouveaux riches. Contrairement à presque tous les autres États d’Afrique pourvus de ressources minérales considérables, le Botswana a géré sa richesse avec prudence, de manière à développer le pays, à enrichir ses citoyens et à améliorer le niveau de vie global, dans un état qui puise sa richesse tant dans sa sagesse que dans ses diamants. Rare exemple de cohabitation entre les diamants et la paix, le Botswana ne dilapide pas ses ressources minérales, s’en servant plutôt pour prospérer.

Env. 1000 av. J.-C. La région est habitée par des Bochimans.

Env. 1000 apr. J.-C. Les Africains noirs, connus sous le nom de Bantous, qui incluent les Tswanas, arrivent dans la région, repoussant les Bochimans dans le désert du Kalahari.

550 apr. J.-C. Des fermes s’installent près du delta de l’Okavango, au nord-ouest du pays.

1852 – Les Boers commencent à envahir le pays et les Tswanas sollicitent la protection du gouvernement britannique.

1885-1964 – Suite à une invitation, les Britanniques s’installent en tant que dirigeants de ce qu’ils appellent désormais le protectorat du Bechuanaland.

1948-1956 – Seretse Khama est le plus grand leader politique natif du Botswana. Expulsé pour avoir épousé Ruth Williams, une anglaise blanche, il est contraint de renoncer à son titre royal de kgosi, soit chef du peuple Bamangwato, pour retourner au Bechuanaland ; il se bat pour l’indépendance du pays. 

1965 – Les premières élections démocratiques ont lieu au Bechuanaland et Seretse Khama devient premier ministre.

30 sept. 1966 – LeBechuanaland se libère du protectorat anglais pour devenir la République du Botswana, Seretse Khama est élu président et Gaborone devient la capitale du pays.

1967 – Des diamants sont découverts en quantités commercialisables à Orapa, dans la région centre-est du Botswana, à environ 275 kilomètres au nord de Gaborone.

1969 – La société minière De Beers Botswana Mining Company est fondée, résultat d’un partenariat à parts égales entre la De Beers et le gouvernement du Botswana. La société, qui gère toutes les activités minières du pays, est rebaptisée Debswana Mining Company en 1992.

1972 – Des diamants sont découverts à Jwaneng, dans la région centre-sud du Botswana, à environ 120 kilomètres à l’ouest de Gaborone. La production y débute dès 1972.

1995 – Le gouvernement du Botswana entreprend l’expulsion forcée des Bochimans de la Central Kalahari Game Reserve afin de faciliter l’exploitation des mines de diamants. 

2006 – Les Bochimans remportent le procès contre les responsables de leur expulsion et, après une série d’appels interjetés par les deux parties, reprennent possession de leur terre et de leur droit sur l’eau en 2011. 

2008 – Le Botswana fonde la Diamond Trading Company Botswana (DTCB), un partenariat à parts égales entre le gouvernement du Botswana et la De Beers, afin de contrôler le tri, l’estimation, les ventes, la commercialisation et la distribution des diamants provenant du territoire.

2009 – La South African Diamond Corporation (SAFDICO) crée le complexe minier Diamond Technology Park (DTP), un groupe centralisé de chaînes d’approvisionnement, regroupant plusieurs activités diamantaires et visant à établir une industrie en aval au Botswana.

Auteur Ettagale Blauer

Source Rapaport