La plate-forme Blockchain de De Beers espère suivre tous les diamants

Rob Bates

Tracr, la plate-forme Blockchain lancée à l’origine par De Beers, entend être capable, un jour, de suivre quasiment tous les diamants naturels, entre la mine et le comptoir du détaillant, a indiqué Jim Duffy, son président-directeur général, au JCK à l’occasion d’un entretien pendant le JCK Las Vegas.[:]

« L’objectif pour lequel j’ai signé consiste à suivre toute l’industrie, explique Jim Duffy, technicien sénior qui a repris la plate-forme Tracr l’année dernière. La plate-forme est capable de le gérer. C’est juste une question de temps. »

Plus tard cette année, Tracr évoluera pour devenir une association régie par l’industrie, indépendante de De Beers, explique-t-il. Les détaillants Signet et Chow Tai Fook participent au projet pilote.

Tracr est conçue comme un « système de voie numérique » qui fonctionnera de la façon suivante : les diamants bruts seront d’abord scannés à la mine. Au moment où ils seront taillés ou lorsqu’ils changeront de main, ces données seront de nouveau entrées dans la plate-forme.

La critique la plus fréquente émise à l’encontre des plates-formes basées sur Blockchain est que, bien qu’elles assurent un stockage de données immuable, elles dépendent des données qui y sont entrées. Jim Duffy explique que le suivi de Tracr sera appuyé par des informations sur les attributs physiques du diamant et d’autres métadonnées.

« Nous avons maintenant étudié des milliers de diamants, affirme-t-il. Nous utilisons de nombreuses méthodes et vérifications différentes pour améliorer la confiance. Nous aurons une correspondance par report, une correspondance automatisée. Cela nous assurera de disposer des actifs numériques de la plus haute qualité»

Il affirme que l’intention de Tracr est « de ne pas briser l’industrie » mais d’intégrer des systèmes déjà en place.

« Les fabricants font déjà des scans, affirme-t-il. Nous ne leur demandons pas d’effectuer des étapes supplémentaires. Il suffit d’utiliser les données de veille qui existent déjà depuis un certain temps. Les diamants sont si petits et précieux qu’ils sont observés depuis très longtemps. »

Tracr a commencé par suivre les gros diamants. À la fin de l’année, l’objectif est de pouvoir suivre le brut jusqu’à 1 carat. D’ici le premier semestre de l’année prochaine, l’idée est de descendre jusqu’à deux grains (un demi carat) de brut.

« Nous nous arrêterons là pour le suivi des pierres individuelles, affirme-t-il. C’est à peu près la limite pour la certification. Personne ne va s’installer pour scanner, une à une, des pierres de 1.5 point. »

La plate-forme développe toutefois la capacité de suivre des lots de petites pierres brutes et taillées.

Jim Duffy considère que Tracr est identique à l’iPhone, dans le sens où il s’agit d’une technologie à partir de laquelle les sociétés peuvent développer d’autres applications.

« Il n’est pas de la responsabilité de notre équipe de dire à l’industrie ce qu’est la plate-forme, affirme Jim Duffy. C’est à l’industrie de nous le dire. »

Par exemple, explique-t-il, la filière intermédiaire pourrait utiliser ces informations pour proposer des justificatifs des stocks existants et obtenir le soutien des financiers. Les détaillants pourraient l’utiliser pour fournir davantage d’informations sur l’origine des pierres et ainsi augmenter la confiance des clients.

Jim Duffy explique que Tracr peut s’intégrer dans d’autres initiatives, comme la plate-forme TrustChain de Richline.

« Cette plate-forme se concentre sur l’approvisionnement de l’or, explique-t-il. La nôtre est axée sur l’approvisionnement des diamants. Il existe un chevauchement naturel. Nous aurions un article de bijoux, dont l’or et le diamant pourraient être suivis jusqu’à leur mine respective, nous aurions donc un article totalement traçable. »

La plate-forme a récemment lancé la communauté Tracr, un portail destiné à informer les participants de l’industrie.

La traçabilité a été un sujet brûlant lors du salon JCK Las Vegas de cette année. ALROSA a affirmé qu’elle commercialisait certains diamants en tant que diamants suivis et tracés. Le Gemological Institute of America propose désormais des diamants accompagnés de rapports sur le pays d’origine.

Source JCK Online