La montre d’Apple pourrait servir de locomotive

Michelle Graff

Je pense devoir commencer ce billet de blog par quelques excuses : comme beaucoup d’autres, nous nous sommes trompés dans nos prévisions.

Apple n’a pas baptisé sa première montre « iWatch », comme nous avons été nombreux à l’écrire, à plusieurs reprises, mais simplement Apple Watch. [:]Apple n’a pas expliqué pourquoi la firme a abandonné le « i » minuscule emblématique, mais Entrepreneur.com a avancé quelques explications plausibles dans cet article publié mardi 23 septembre.

Ce sera donc l’Apple Watch. Quel est donc l’avis général ?

Ma première réaction a été de dire qu’elle était très belle et que je la porterais volontiers. Ce n’est pas du tout l’appareil super-moderne, futuriste et miniature que j’imaginais, mais bien une jolie montre, toute simple.

Le New York Times affirme qu’elle est « épatante » et la compare davantage à un « bijou de luxe » qu’à un dispositif technologique à porter sur soi. (Il est intéressant de noter que la montre a suscité des réactions contrastées dans notre bureau. Hannah Connorton, la rédactrice-en-chef, l’a qualifiée de « hideuse » lorsqu’elle a édité mon article mercredi matin, tandis que notre directeur des ventes publicitaires, David Stier, un gaucher, se plaignait qu’elle ne convenait pas à sa latéralité.)

L’Apple Watch est assortie de toute une série de bracelets interchangeables, en maillages d’acier inoxydable, en maillons et en cuir, entre autres. Ajoutez à cela 11 cadrans différents, vous obtenez un produit tout à fait original. La montre est, comme le dit Apple, « incroyablement personnalisable », ce qui, nous le savons tous, compte énormément pour les jeunes consommateurs.

Mais le fait que la montre soit commercialisée par Apple est tout aussi important. Ces produits ont leurs aficionados : des millions de personnes vont acheter la montre, tout simplement parce que le mot Apple y est inscrit. Comme l’a tweeté Dan Gardner, journaliste et auteur (@dgardner), mardi 23 septembre dans l’après-midi, « il me semble absolument évident que la montre d’Apple est un accessoire absurde et quasi inutile. Donc, tout le monde en possédera trois l’année prochaine à la même époque. »

Mais quel sera l’impact sur les ventes de montres non connectées ? Les bijoutiers ont-ils la possibilité de monter dans le train de l’Apple Watch, comme nous le suggérait ici notre expert de « l’iWatch », Jan Brassem ?

Je maintiens ce que j’affirmais en avril, à mon retour de Baselworld : ceux qui achèteront une Apple Watch ne comptaient de toute façon pas investir dans une montre traditionnelle. Ils ont l’heure sur leurs téléphones. Ils n’achètent pas une Apple Watch parce qu’ils pensent « J’ai besoin d’une montre », mais plutôt « Mon téléphone et moi, on est inséparables. Ça va être génial d’avoir certaines de ses fonctions au poignet. »

Mais cela ne signifie pas que l’Apple Watch ne servira pas de locomotive à ce que l’on appelle le marché des montres connectées. Peut-être même ira-t-elle toucher une génération plus jeune, qui souhaite de nouveau avoir l’heure au poignet, même si les montres qu’ils choisiront seront exclusivement « intelligentes ». (Personnellement, je porte une montre car je trouve beaucoup plus facile de voir l’heure d’un coup d’œil que de fourrager dans mon énorme sac pour tenter de deviner dans laquelle des 10 poches j’ai jeté mon smartphone cette fois-ci.)

Jon Cox, analyste en articles de luxe pour Kepler Cheuvreux, à Zurich, ne prévoit que des perturbations minimum et temporaires pour l’industrie horlogère suisse après le lancement de l’Apple Watch. Il a affirmé qu’il pourrait certes y avoir un impact sur les montres de 1 000 dollars ou moins, mais que celles qui coûtent plus cher représentent plus de 85 % des ventes de l’industrie.

De plus, estime-t-il, Swatch Group pourrait bien entrer sur le marché de la montre connectée l’année prochaine. « Bien entendu, explique-t-il, ce ne sera pas une Apple mais, comme on l’a vu avec le marché des smartphones et des lecteurs MP3, les concurrents peuvent tirer leur épingle du jeu grâce à des imitations de produits Apple. »

Quant aux lieux de vente de l’Apple Watch, j’ai interrogé Cupertino, le géant technologique basé en Californie ce mardi. Je leur ai demandé si des accords de partenariat étaient prévus avec des bijouteries pour vendre l’Apple Watch. Ou vont-ils se contenter de vendre en ligne, dans leurs magasins et auprès de détaillants déjà revendeurs autorisés de produits Apple, comme Target, BJ’s Wholesale Club, Radio Shack, etc. ?

Réponse d’Apple : « Nous ne communiquons pas encore sur les lieux de vente. »

Mesdames et Messieurs les détaillants, si vous en aviez l’occasion, proposeriez-vous l’Apple Watch, ou toute autre montre connectée d’ailleurs, dans vos boutiques ?

L’Apple Watch se décline en trois collections, Apple Sport (à gauche), Apple Watch et Apple Edition.

Source National Jeweler