La guerre commerciale entre États-Unis et Chine ne devrait pas toucher les diamants

Joshua Freedman

L’industrie mondiale des diamants et des bijoux a pu sentir un frisson de nervosité lorsque les États-Unis ont proposé, plus tôt ce mois-ci, d’appliquer des tarifs douaniers de 50 milliards de dollars sur les marchandises chinoises. [:]La réponse de la République populaire au cours de la semaine du 2 avril – menaçant d’appliquer ses propres droits sur les importations venant des États-Unis – a fait monter un peu plus les enchères.
Toutefois, les négociants de diamants n’ont pas à s’inquiéter pour l’instant, d’après des personnalités importantes du secteur. Les pierres précieuses et les bijoux ne font pas partie des listes des produits stipulés par les deux pays et sont peu susceptibles de faire l’objet de droits de douane dans un proche avenir.

Le président Donald Trump vise les produits que les États-Unis et la Chine exportent en grandes quantités, a expliqué Colin Shah, vice-président du conseil du Gem & Jewellery Export Promotion Council (GJEPC) indien dans un entretien avec Rapaport News mardi 10 avril. L’industrie de la taille des diamants est si restreinte aux États-Unis que le pays ne prendra probablement pas la peine de la protéger des importations étrangères, a-t-il imaginé.

De faibles importations

Les chiffres du gouvernement américain montrent que le pays a exporté 21,62 milliards de dollars de diamants taillés dans le monde en 2017 – un chiffre éclipsé par, notamment, les 99 milliards de dollars du commerce aéronautique, d’après CNN. D’après les dernières données en provenance du centre chinois d’informations douanières, la Chine n’a exporté qu’environ 1,91 milliard de dollars de diamants taillés en 2016. Les importations américaines de pièces en métaux destinées aux bijoux ne représentent aussi qu’une part minimale.

« Le gouvernement américain tente de protéger les fabricants nationaux, a expliqué Colin Shah. Dans le cas des diamants, les États-Unis ne produisent pas [beaucoup], il ne devrait donc pas y avoir de droits de douane. »

De surcroît, les consommateurs américains figureraient parmi les principales victimes d’éventuels droits américains sur les diamants ou les bijoux puisque les prix augmenteraient, a-t-il souligné.

Duel des bijoux

Les droits de douane sur la Chine n’auraient qu’un très faible effet sur son marché diamantaire car le pays se procure la plupart de ses pierres en dehors de ses frontières et n’en exporte pas beaucoup, a fait remarquer Julius Zheng, vice-président de la bourse de diamants bruts de Shenzhen.

Pourtant, des droits de douane américains sur les bijoux chinois, même s’ils sont peu probables, porteraient atteinte au marché de l’exportation de ce pays asiatique. La Chine, et notamment la province du Guangdong, possède un grand nombre d’usines fabriquant des bijoux à l’aide d’argent, d’or et de platine pour de grandes marques américaines.

« Si les États-Unis imposaient des droits de douane sur les bijoux, cela aurait des effets négatifs sur ces usines, selon le taux qui serait choisi, d’après Julius Zheng. Les droits seraient répercutés sur les consommateurs américains. »

Les principaux bénéficiaires, dans ce cas, seraient les fabricants indiens, capables de combler les manques du marché, a expliqué Colin Shah. L’Inde – et la Chine pour le moment – sont toutes deux soumises à un taux douanier américain d’environ 6 % sur les importations de bijoux et de pièces pour les bijoux, a-t-il expliqué.

Les droits appliqués par Pékin à titre de représailles n’incluent pas actuellement les marchandises associées aux diamants et aux bijoux, a expliqué Julius Zheng. S’ils devaient l’être à l’avenir, l’impact sur le commerce entre États-Unis et Chine serait léger, a-t-il avancé. Les marques occidentales qui exportent une partie de leurs bijoux vers la Chine pour les vendre au détail sur place devraient payer plus si les droits augmentaient. Toutefois, c’est un petit secteur du marché chinois des bijoux, a-t-il fait remarquer.

La plupart des bijoux vendus en Chine sont fabriqués dans le pays alors que la plupart des diamants proviennent d’Inde, de Belgique ou de Hong Kong, a-t-il souligné.

Qu’en est-il de Hong Kong ?

Hong Kong profite d’un système commercial séparé et son port franc lui offre souvent un avantage par rapport aux droits douaniers élevés d’autres pays. La municipalité, qui sert souvent d’escale dans les transferts de marchandises entre pays, pourrait connaître un recul de ses activités si les exportations chinoises vers les États-Unis baissaient en raison des droits américains.

Toutefois, étant donné le faible nombre de diamants que la Chine produit, des droits de douane ne pèseraient probablement pas sur l’activité des pierres de la municipalité, d’après Lawrence Ma, président de la Diamond Federation of Hong Kong, Chine. Les bijoux risqueraient d’en souffrir plus, car de nombreux articles fabriqués en Chine passent par le port de Hong Kong, a-t-il fait remarquer.

Même ainsi, la situation est grandement théorique car les risques sont faibles que de tels droits soient appliqués.

 Source Rapaport