La croissance économique mondiale

Avi Krawitz

L’industrie est encouragée par des perspectives de croissance économique plus forte en 2014. L’année a commencé de façon positive sur le marché du taillé et a permis une activité soutenue pour le brut. [:]La situation a provoqué un regain d’optimisme sur le marché. Il semblerait que les cinq ans de reprise après la crise de 2008 portent enfin leurs fruits.

La Banque mondiale, tout comme le Fonds monétaire international (FMI) ont revu leurs prévisions à la hausse pour l’année, prédisant que la croissance serait entraînée par une reprise des économies avancées.

Le fait que les pays riches prennent un nouveau tournant est une bonne nouvelle pour l’industrie, qui repose si lourdement sur la stabilité des États-Unis et de l’Europe. Le sentiment positif de ce mois de janvier provient principalement des rapports indiquant que Noël a été satisfaisant en Occident, sur fond de prudence sur les marchés émergents. Aujourd’hui, ce sentiment s’adosse à des prévisions économiques, qui vont stimuler la confiance.

La Banque mondiale a prévu, la semaine du 13 janvier, que le produit intérieur brut (PIB) mondial augmenterait de 3,2 % en 2014, contre une croissance estimée à 2,4 % l’année dernière. De même, le FMI a prévu, au cours de la semaine du 20 janvier, une croissance de 3,7 % en 2014, en hausse par rapport aux 3 % de 2013.

Jim Yong Kim, le président du Groupe de la Banque mondiale, a expliqué : « Les performances des économies avancées gagnent en vigueur, ce qui devrait soutenir la forte croissance des pays en développement dans les mois à venir. » La hausse de la demande aux États-Unis et en Europe soutiendra les marchés d’exportation, tels que la Chine et l’Inde.

Aux États-Unis en particulier, la croissance est entraînée par la demande intérieure et la confiance des consommateurs, qui progresseront certainement encore si le chômage se maintient en dessous de son niveau actuel de 7 %. En outre, la Chine reste le moteur de la croissance mondiale, avec une hausse prévue à 7,5 % en 2014, selon les prévisions de la Banque mondiale. Il s’agit pourtant d’un ralentissement par rapport aux années précédentes.

L’industrie doit toutefois aborder ces chiffres avec prudence. Plusieurs réserves pourraient freiner la croissance du marché à l’avenir.

Les économistes de la Banque mondiale ont émis un avertissement : les risques de baisse continuent de menacer la reprise, notamment avec de possibles hausses des taux d’intérêt – les États-Unis réduisent progressivement leur programme de relance de l’assouplissement quantitatif et une pression persistante sur les prix des produits de base.

Même si la Réserve fédérale s’est engagée à maintenir des taux d’intérêt proches de zéro pour le premier semestre, ceux-ci vont inévitablement augmenter. Ces taux réduits ont largement soutenu l’industrie américaine des diamants et des bijoux ; ils ont généré des excédents de liquidités, qui ont migré vers les marchés boursiers, augmentant la sensation de richesse lors de la récente période de hausse à Wall Street. Le temps montrera l’impact de la hausse des taux d’intérêt et de la réduction de l’assouplissement quantitatif sur les marchés boursiers, et donc sur la richesse des consommateurs.

[two_third]Et puis, surtout, les négociants et joailliers devraient prendre garde à ne pas sur-financer leurs stocks, à moins de bloquer leurs emprunts aux taux d’intérêt actuels. Il faut pourtant porter au crédit de l’industrie que les sociétés ont été sanctionnées et amenées à réduire leurs stocks ces dernières années. Après la crise de 2008, en effet, elles ont tiré des leçons des stocks impossibles à écouler qui leur restaient.[/two_third]

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« Surtout, les négociants et joailliers devraient prendre garde à ne pas sur-financer leurs stocks. »

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Il faut savoir que les banques maintiennent un certain contrôle sur les niveaux de stocks, après avoir adopté une approche prudente des prêts à l’industrie. Le resserrement prévu du crédit, qui se fait déjà sentir, devrait empêcher les sociétés de sur-financer.

Il ne faut donc pas s’attendre à ce que l’amélioration des prévisions économiques entraîne une explosion du marché. Les perspectives pour l’année génèrent au moins un sentiment positif et assurent une base plus stable. En outre, la croissance chinoise ralentit, pour prendre un rythme plus authentique et plus raisonnable, comme nous le notions ici récemment (voir l’éditorial : « Miser sur le bon cheval », publié le 10 janvier 2014). L’industrie est correctement positionnée pour profiter d’une croissance peu spectaculaire mais saine en 2014.

[two_third]Il conviendra de se montrer encore plus vigilant sur le marché du brut. L’amélioration des prévisions économiques a tendance à induire une approche plus agressive chez les sociétés d’extraction. Les prix du brut devraient se détacher plus encore de ceux du taillé au premier semestre. Ils ont déjà augmenté de 5 % en moyenne au sight de janvier de la De Beers. Des augmentations similaires ont été annoncées pour la vente précédente d’ALROSA.[/two_third]

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« L’industrie est correctement positionnée pour profiter d’une croissance peu spectaculaire mais saine en 2014. »

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La demande actuelle de brut est stimulée par des stocks réduits et les prévisions de demande de taillé à court terme, destinée à reconstituer les stocks vendus après Noël et le Nouvel An chinois à venir. Toutefois, les prix du taillé ne s’envolent pas. Les fournisseurs de brut et de taillé assurent en effet la stabilité du marché.

L’écart croissant entre les prix du brut et du taillé est ingérable. Le marché du brut ne peut pas ignorer les fondamentaux du marché du taillé ni l’absence de rentabilité des fabricants.

Le brut devrait donc reculer en cours d’année, du fait des faibles marges bénéficiaires des fabricants, de la crise du crédit et des principes fondamentaux qui régulent la demande de taillé. Peu importe l’évolution des prix du brut, ceux du taillé restent très sensibles aux facteurs économiques externes et ne devraient pas augmenter en fonction des tarifs du brut.

Et, bien que les perspectives économiques se soient améliorées en 2014, les prévisions n’ont été revues qu’avec prudence. La Banque mondiale a affirmé que, bien que les principaux risques qui ont pesé sur l’économie mondiale ces cinq dernières années aient disparu, les problèmes sous-jacents demeurent. Il en va de même pour le marché du diamant. Certes, l’industrie se trouve dans une position bien meilleure que l’an dernier ou que depuis 2008, mais les diamantaires sont suffisamment expérimentés pour ne pas se montrer trop optimistes.

Source Rapaport