Kimberley Process à Washington DC: clôture de la réunion intersession

Ricci Dipshan

La réunion intersession du Kimberley Process à Washington DC s’est conclue aujourd’hui. Gillian Milovanovic, la présidente pour les États-Unis, s’est félicitée que toutes les parties concernées aient pu préparer la séance plénière de novembre.
« Je dois dire que cette réunion a été très positive et que nous avons abattu beaucoup de travail », a-t-elle expliqué, ajoutant que « l’intersession, comme vous le savez, n’est pas destinée à prendre des décisions, à présenter des propositions ou à faire passer des réformes. C’est plutôt l’occasion de discuter, d’échanger des idées, mais aussi d’écouter les organismes extérieurs ; nos membres peuvent aussi déterminer comment collaborer avec ces organisations. L’intersession est peut-être terminée, mais le travail ne l’est pas. »
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Au terme de la réunion plénière litigieuse de novembre 2011, le Zimbabwe avait reçu l’autorisation de vendre du brut en provenance de la région de Marange, au grand dam des organisations non gouvernementales (ONG). Aujourd’hui, de nombreux participants à la réunion intersession ont salué Gillian Milovanovic pour sa création d’un environnement accueillant et favorable.

« Je tiens à féliciter la présidente pour l’esprit dans lequel s’est tenue la réunion. Il en avait été absent ces deux dernières années en raison du problème du Zimbabwe », a déclaré Eli Izhakoff, le président du World Diamond Council. « Auparavant, c’est la méfiance qui dominait et tout le monde œuvrait de son côté. Depuis qu’elle a pris le relais, dans un style très élégant, elle a réussi à rassembler tout le monde. Même si les participants ont exprimé des avis divergents, tout cela s’est fait dans une ambiance de coopération. »

Les diamants du conflit
Même si de nombreuses questions ont été traitées, notamment celles de l’exploitation minière artisanale et des stratégies d’exécution et de mise en œuvre pour l’organisme, la plus controversée lors des débats reste celle de l’élargissement de la définition des « diamants du conflit » afin d’y inclure la notion de droits de l’homme. Gillian Milovanovic a évoqué la question et rencontré une certaine résistance de la part des pays asiatiques et africains. Elle a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’une préoccupation uniquement occidentale, mais bien un élément d’une étude plus large décidée par le Kimberley Process l’année dernière.

« Le Kimberley Process a lui-même mandaté la création d’un comité d’examen, en lui confiant une liste de points à étudier et à analyser dans un rapport, pour ensuite les faire progresser. Parmi celles-ci, figurent les définitions de base du Kimberley Process. L’examen de ce dossier, les débats connexes, l’exploration des différentes voies et possibilités, tout cela n’est plus à discuter, l’organisation s’est déjà positionnée. »

Même si rien n’a été finalisé lors de la réunion intersession, Gillian Milovanovic a confirmé que les États-Unis avaient préparé le terrain pour redéfinir les diamants du conflit et développer les discussions futures. Cette définition était la suivante : « des diamants bruts utilisés pour financer les conflits armés ou d’autres situations de violence ou autrement directement liés à eux. »

Gillian Milovanovic a noté que la définition était « inspirée d’un certain nombre d’autres définitions existantes » au sein des ONG. « Nous avons voulu nous informer sur celles qui existent déjà et sur la combinaison exacte qui assurerait de réelles opportunités d’aller de l’avant », a-t-elle expliqué.

Gillian Milovanovic a ajouté que « la définition doit intégrer la notion du conflit et ne pas se limiter aux groupes rebelles qui cherchent à renverser des gouvernements » et qu’elle « doit englober non seulement des situations hypothétiques, mais aussi celles que le Kimberley Process a rencontrées et qu’il a eu d’extrêmes difficultés à traiter. »

Abordant les préoccupations des pays asiatiques et africains, la présidente a indiqué que la nouvelle définition n’irait pas au-delà de la violence liée à l’exploitation minière et ne chercherait pas à réprimander les pays en cas de violence qui ne concernerait pas l’industrie du diamant. « Autrement dit, nous parlons de situations systématiques et non ponctuelles ou de celles qui ne seraient pas liées au monde du diamant. »

Comme l’a précisé Gillian Milovanovic, la définition claire des diamants du conflit a été déterminante pour la réussite du Kimberley Process. « Avec de la précision, une définition convenue ensemble, un peu de chance et une touche de raison, les choses évolueront de façon plus homogène et plus douce. »

Le Zimbabwe
Tout en apportant des réponses détaillées sur la définition des diamants du conflit, Gillian Milovanovic s’est montrée plutôt fermée sur le sujet de la transparence financière et des abus liés aux diamants au Zimbabwe. « Ces questions spécifiques ne font pas partie des sujets précisément traités au Kimberley Process. La plupart du temps toutefois, nous soutenons les questions posées et les réponses apportées », a-t-elle expliqué, notant que ce sujet avait effectivement été soulevé brièvement au cours de la réunion.

Bernard Taylor, de la direction exécutive de Partnership Africa Canada, représentant la société civile au Kimberley Process, a été plus loquace sur les activités illicites au Zimbabwe.

« Je pense que le Kimberley Process est directement concerné par la bonne gouvernance dans l’industrie du diamant ; quand le ministre des Finances du pays se plaint que ses propres services ne lui transfèrent pas les fonds destinés aux activités économiques dans lesquelles il s’est impliqué, le problème est toujours grave. Étant donné que, lors des précédentes années électorales, la violence a augmenté au Zimbabwe, nous, membres de la société civile, nous sommes inquiets du regain de violence et du fait que des fonds soient utilisés à cette fin. »

Établir des liens
Gillian Milovanovic l’a fait remarquer : avant de pouvoir aborder les problèmes ou atteindre les objectifs, les membres du Kimberley Process doivent établir des relations de travail et de respect les uns avec les autres. « Ce qui est vital, c’est que nous restaurions et consolidions de bonnes relations de travail avec tout le monde. Nous avançons dans cette direction. Le Kimberley Process a, pendant deux ans, traversé une période difficile, une époque troublée ; nous devons maintenant permettre à chacun de se réunir pour débattre, discuter, questionner et répondre de manière collégiale. »

Source Rapaport