Hourra : le Kimberley Process est mort !

Edahn Golan

Le Kimberley Process n’a plus de raison d’être. Il ne peut plus évoluer, il n’est pas capable de régler les problèmes actuels et les préoccupations plus anciennes ont pour la plupart disparu. Les questions à l’origine de la création du KP peuvent être prises en charge par des systèmes beaucoup plus simples. Par conséquent, offrons au KP la fin honorable et digne qu’il mérite, chérissons sa mémoire comme il se doit et enterrons-le décemment.
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Les problèmes d’aujourd’hui sont très différents de ceux que l’on rencontrait il y a une dizaine d’années. Or, même si le monde a changé, le KP n’a pas réussi à s’y adapter ; il a fallu accepter ses simagrées. L’attitude de leader qu’il avait adoptée face aux assassinats et aux consommateurs laissés à eux-mêmes a été remplacée par une pléthore de discours futiles. Certains disent même qu’il ne s’agit plus que d’un groupe d’adultes occupés à admirer leur nombril.

Les ministres, les hauts fonctionnaires et beaucoup d’autres débattent assez régulièrement de la façon de résoudre un nombre très limité de sujets, et non pas du tout de méthodes pour progresser.

Une histoire de définition insaisissable

Prenez le cas de la définition des diamants du conflit. Le World Diamond Council a voté en faveur de « négociations » visant à la modifier. Soyons honnêtes. Il ne va rien se passer. Ceux qui s’opposent à l’amendement traîneront les pieds jusqu’à ce que les États-Unis ne soient plus présidents du KP.

Les deux prochaines présidences seront assurées par des nations africaines qui s’y opposent. Et voilà ! Deux ans et demi de perdus ! Ensuite, les discussions pourront reprendre, mais qui sait dans quelle direction elles iront, voire si elles reprendront.

Une lecture attentive des communiqués de presse et des déclarations publiés après la réunion intersession à Washington DC laisse le sentiment que les bonnes intentions sont légion, mais qu’il n’existe aucun élan vers l’avant, aucun développement ni aucune « mise à jour ».

Chers amis, le changement n’aura pas lieu parce qu’une grande partie des participants ne le veulent pas. Et même s’ils le voulaient, le KP ne peut plus évoluer. La marche funèbre vient de commencer, alors que le défunt ne connaît même pas encore sa nouvelle condition. Il est mort.

Et maintenant ?

Quoi que fasse le KP (et surtout s’il ne fait rien), les ONG continueront à le critiquer pour son manque d’efficacité. Les négociants corrects et les joailliers honnêtes continueront à travailler de façon éthique. Les consommateurs continueront à choisir en fonction de leur portefeuille et de leur cœur. Et le KP, mort ou vif, ne fera pas la moindre différence.

Il ne nous reste plus, même si l’action est radicale, qu’à confier les missions de surveillance aux fonctionnaires des douanes et à l’ONU, qui sera à même décider s’il faut interdire ou non les marchandises en provenance de certains pays. Le système a bien fonctionné pour le bois. Il faut aujourd’hui bâtir un nouveau programme qui, dans la forme, devrait plutôt ressembler à un groupe de réflexion. Il devrait être en mesure d’apporter une assistance technique aux gouvernements, de proposer des suggestions en matière d’application, d’enquêter et de publier des rapports sur les inconduites, voire d’inclure le taillé dans sa charte.

Le problème, c’est que ce changement est trop radical. De nombreuses personnes, animées de bonnes intentions, étaient et restent impliquées dans le KP. Cette expérience merveilleuse a eu des effets bénéfiques et positifs. Cependant, même les meilleures choses ont une fin et cet extraordinaire projet vit ses derniers jours.

Soyons cléments. Reconnaissons que le KP est frappé d’incapacité, castré par ceux-là mêmes qui le constituent, et mettons-le en sommeil.

Source Idexonline