“Grâce aux échanges en ligne, les prix des diamants gagnent en transparence”

Marianne Riou

Edahn Golan, rédacteur en chef du site internet IDEX Online, est un analyste reconnu de l’industrie du diamant. Mais, si ses écrits sont familiers aux professionnels du secteur, l’homme reste à découvrir. Rencontre.[:]

Edahn Golan, pouvez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours professionnel ?

Né à Los Angeles, j’y ai vécu jusqu’en 1970, année où j’ai rejoint Israël avec ma famille. Je ne suis retourné aux USA ensuite que pour effectuer mes études de diffusion audiovisuelle à la San Francisco State University. À cette époque, j’ai non seulement travaillé pour des agences de production locales, mais j’ai également évolué dans le domaine de la communication en général. Pendant un certain temps, j’ai d’ailleurs exercé dans les relations publiques et créé une plateforme d’informations en ligne. Cela remonte à la fin des années ’80, début des années ’90, alors que les sites internet n’existaient pas encore. (Le World Wide Web tel que nous le connaissons a effectivement fait son apparition en 1992.)

Si l’on en croit les standards actuels, tout ceci était très basique. Seule une personne pouvait se connecter et lire les actualités ; mais, à l’époque, c’était le seul service en ligne de ce type. Vivre à San Francisco signifiait baigner dans un univers où les nouvelles technologies, passionnantes, abondaient, rapidement adoptées par les uns et les autres. La plateforme d’informations était donc très active, c’était un vrai succès. Ça m’a donné l’idée d’exploiter cette technologie pour partager des connaissances.

Pouvez-vous nous présenter IDEX Online et IDEX Magazine ?

Ces deux médias, ainsi qu’ IDEX Magazine – India Retail, notre magazine le plus récent, visent à fournir, aux membres de l’industrie du diamant comme à ceux de la joaillerie, des informations sur les évènements et l’impact que ceux-ci peuvent avoir sur l’activité économique du secteur. Même si chaque support s’adresse à des publics différents et communique de façon différente, nous voulons offrir à nos lecteurs des informations justes. Ainsi, par exemple, nous ne nous contentons pas de réécrire un communiqué de presse ; nous préférons fournir des informations contextuelles et des données de fond, de sorte que l’article soit en phase avec ce que l’on connaît déjà et qu’il détaille et approfondisse le sujet. C’est, selon nous, la bonne manière de procéder.

Comment en êtes-vous arrivé à travailler pour IDEX online ? Et, si vous étiez novice dans ce domaine, racontez-nous votre apprentissage de ce secteur si spécifique ?

Je suis arrivé dans le monde des diamants un peu par hasard. Après environ dix ans dans la diffusion audiovisuelle, principalement en tant que réalisateur pour la télévision, un ami m’a mis en contact avec IDEX Online, qui allait voir le jour. Les fondateurs du site voulaient créer une section Actualités pour fidéliser les visiteurs, un objectif important à l’époque pour un site internet. À l’origine, mon travail consistait à déterminer les besoins et recruter l’équipe. Comme vous pouvez le constater, notre relation à perduré…

Qu’est-ce qui vous intéresse et vous tient à coeur dans le secteur du diamant ?

L’industrie du diamant est fascinante. C’est une petite industrie dont les us et coutumes sont demeurés quasi inchangés depuis des siècles. Pourtant, ces dix dernières années, elle s’est transformée pour s’adapter à un monde en mutation : dû notamment au déclin de De Beers, à l’évolution du climat économique, à des besoins marketing en plein changement, à la transformation de la filière, à l’ascension de l’Inde et la Chine ou au krach de 2008… Elle a fort à faire !

Dans le même temps, l’industrie du diamant a néanmoins su préserver ce qui lui a permis de s’épanouir et en a fait un marché unique en son genre : le format très simplifié des contrats par exemple ou les forums pour la résolution des problèmes internes, tels que les arbitrages. Pour vous donner un élément de comparaison, dans l’immobilier au contraire, les entreprises sont submergées par des procédures judiciaires compliquées et d’importants frais juridiques. Ce sont des problèmes que l’on voit rarement dans l’industrie du diamant.

Ainsi, ce mélange de tradition et de modernité permet à cette industrie de se développer sans pour autant renier ses bases solides.

Quelles sont pour vous les perspectives et enjeux, à plus ou moins long terme, pour l’industrie du diamant ?

Ces dix dernières années, l’industrie du diamant a adopté des techniques modernes de marketing et de négociation. Aujourd’hui, elle passe à l’étape suivante. Grâce aux échanges en ligne, les prix gagnent en transparence. Tous les négociants n’apprécient pas, mais le fait est là, c’est inévitable. Dans le même temps, la domination de De Beers s’est atténuée, de même que sa capacité à influer sur les prix du taillé en fixant les prix du brut. La filière s’est donc transformée, se détournant de l’offre pour se concentrer sur la demande.

Ce changement est important à plus d’un titre, notamment parce que les prix du taillé s’appuient sur l’offre et la demande, c’est-à-dire sur l’économie de marché. Le recul de la position dominante de De Beers, associé aux tarifs basés sur la demande et la transparence des prix, est ce qui autorise désormais les institutions financières à investir dans les diamants.

Ainsi, les nombreuses initiatives d’investissement actuellement en cours vont entraîner un afflux de liquidités dans l’industrie diamantaire. Comme vous le savez, deux des principales préoccupations des négociants sont les financements bancaires limités et les faibles marges. Il paraît donc évident que les marchés financiers ont le pouvoir de « booster » l’industrie du diamant ! Espérons que cette nouvelle source de cash servira à développer les entreprises…

Voulez-vous nous parler de vos projets annexes et plus personnels, votre blog notamment ?

Sur un plan plus personnel, aussi banal que cela puisse paraître, je me concentre sur ma famille et ma maison. J’ai un peu sacrifié mon blog dernièrement pour consacrer du temps à la construction de ma maison.

Ces deux dernières années, j’ai aussi appliqué mon énergie à tenir une chronique hebdomadaire sur IDEX Online (le Memo). En parallèle, je passe beaucoup de temps à développer une activité de recherche et de conseil, lancée par IDEX et qui connaît un formidable essor. C’est une part importante de notre activité car elle nous permet de tisser des liens bien plus intimes avec les membres de cette industrie et de participer aux réflexions, idées et initiatives de certaines des entreprises et personnalités parmi les plus avant-gardistes du secteur.

C’est pour moi un grand honneur et un plaisir !

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Source Rubel & Ménasché