Dominion et Gem Diamonds : qualité, image de marque et diamants d’exception – Miniers de la DPA partie 4

Marianne Riou

Et c’est parti pour le quatrième opus (n’ayons pas peur des grands mots !) de notre série sur les miniers1. J’espère qu’après ça, quand vous chercherez une information sur un minier ou souhaiterez vous rappeler le rôle de chacun, vous penserez à cliquer sur « Rubel & Ménasché » ! [:]Trêve de bavardages, intéressons-nous cette fois à deux miniers aux approches différentes, mais aux spécificités et à l’identité fortes : Dominion Diamond Corporation et Gem Diamonds.

Dominion Diamond Corporation, les diamants canadiens

Diavik

Dominion est une « jeune » entreprise minière canadienne. Basée à Toronto, elle dispose de bureaux de vente à Anvers et Bombay. Elle a officiellement vu le jour en 1994, sous le nom de Aber Diamond Corporation, peu après la découverte (1992) de la prometteuse mine de Diavik au Canada, dont Rio Tinto détient 60 %. La production ne débute à Diavik2 qu’en 2003, mais les premiers diamants sont vendus en mars de la même année.

Pour reprendre le fil de l’histoire du minier canadien, c’est en 2004 qu’Aber acquiert 51 % de la célèbre marque de joaillerie haut de gamme Harry Winston (fondée en 1932 par le joaillier américain du même nom) ; en 2006, elle en acquiert les 49 % restant et devient Harry Winston Diamond Corporation. Pourtant, en 2013, elle revend Harry Winston Inc. et acquiert ainsi la majorité des actifs de la mine canadienne Ekati (dont les cheminées de kimberlite sont exploitées depuis 1998), détenue jusque-là, à 80 %, par BHP Billiton. Son nom change à nouveau pour devenir celui que nous connaissons aujourd’hui : Dominion Diamond Corporation.

Diavik

Dominion détient donc aujourd’hui 40 % de Diavik et la majorité d’Ekati. Diavik et Ekati sont toutes deux situées dans les Territoires du Nord-Ouest, au Lac de Gras, appelé aussi Lac Ekati. Elles pèsent beaucoup dans l’économie et l’emploi de cette région. C’est d’ailleurs avec le début de l’exploitation d’Ekati que le Canada devient officiellement une importante nation productrice de diamants.

Selon Ressources Naturelles Canada,  « la production moyenne de la mine Ekati devrait se situer entre 3 et 5 millions de carats par année pendant 20 ans, ce qui équivaudrait à environ 3 % du volume de la production mondiale de diamants. » Ekati est ainsi la première mine canadienne.

Diavik, pour sa part, est d’abord exploitée via des puits à ciel ouvert. En 2012, son exploitation devient exclusivement souterraine. Toujours selon Ressources Naturelles Canada, elle devrait elle aussi « avoir une durée de vie de 20 ans. La production devrait atteindre un sommet de 11 millions de carats par année, ce qui représentera près de 6 % des stocks mondiaux. » Diavik est considérée comme la deuxième mine de diamants au Canada.

Jim PoundsJim Pounds, vice-président exécutif du secteur diamant au sein de Dominion Diamond Corporation, a été nommé vice-président de la DPA en février dernier. Récemment (le13 avril), c’est Jim Gowans qui a été nommé au poste de président non exécutif du conseil d’administration de Dominion, remplaçant ainsi Robert Gannicott.  Gowans, entré au conseil d’administration de Dominion le 16 janvier dernier, est également CEO de Arizona Mining Inc. et fut précédemment directeur général de Debswana Diamond Company au Botswana et PDG de De Beers Canada Inc. Un sacré CV donc, qui augure certainement de projets ambitieux pour l’avenir de Dominion Diamond… Rappelons aussi que Robert Gannicott dirigeait Dominion depuis 12 ans, portant, selon le communiqué de presse et plus particulièrement Dan Jarvis, principal administrateur indépendant : « cette entreprise minière du rang de « junior company » à celui de troisième plus grand producteur de diamants au monde et véritable success story canadienne. » (À noter, nous avons classé Rio Tinto comme troisième grand minier…)

CanadaMark, une initiative marketing de marque

CanadaMarkTM est, comme son nom l’indique, une marque ou un programme, propriété de Dominion, qui garantit que chaque diamant estampillé CanadaMark TM est :

– originaire des Territoires du Nord-Ouest du Canada ;

– naturel et non-traité ;

– passé par un processus d’audit strict (de la mine jusqu’au diamant taillé, démarche de RSE) ;

– correspond à des standards de taille et de qualité précis.

C’est un redoutable et moderneinutile de vous rappeler ici tous les débats que nous publions sur la nécessité d’une publicité générique et de marque pour les diamants – outil de marketing qui soutient les diamants canadiens issus des mines de Dominion. Une initiative marketing fondée sur l’origine (des diamants made in Amérique du Nord) et l’éthique, de quoi promouvoir pour longtemps les diamants de Dominion auprès des générations Y ou Z…

Gem Diamonds, les plus gros diamants blancs au monde

Gem Diamonds Ltd – nous aborderons Petra Diamonds dans un prochain article – est un minier en diamants d’envergure internationale, même s’il ne peut réellement être comparé aux 4 groupes miniers déjà présentés dans nos articles sur la DPA. La particularité de Gem Diamonds n’est pas le volume de diamants vendus, mais le prix de ceux-ci et leur qualité. C’est une compagnie minière très récente, fondée en 2005 par Clifford Thomas Elphick, qui en est toujours aujourd’hui le PDG et directeur exécutif. Le siège de Gem Diamonds est basé à Londres mais ses activités se répartissent entre le Lesotho et le Bostwana pour ce qui est de l’extraction de diamants, la Belgique bien sûr pour les activités de vente et marketing, l’Île Maurice pour la taille…

Letseng_diamond_mineLa maison de joaillerie londonienne Graff Diamonds Ltd., présidée par Laurence Graff et connue pour sertir des pierres de poids et de qualité exceptionnels, en est l’actionnaire principal (15,1 %), devançant de peu la société d’investissement Lansdowne Partners. La mine phare gérée par Gem Diamonds est, en effet, la mine de Letseng au Lesotho, qui rassemble des diamants blancs parmi les plus gros et exceptionnels découverts au monde, comme le Lesotho Promise et ses 603 carats pour n’en citer qu’un ! Gem Diamonds est propriétaire de la mine depuis 2006 (à 70 %) et elle constitue la très grande majorité de ses ressources.

Lesotho promise

En 2007, Gem Diamonds acquiert une deuxième mine, celle de Ghaghoo au Botswana. La mine a été ouverte en 2014, mais son exploitation est « problématique », empiétant sur le territoire des Bushmen botswaniens, expulsés du désert de Kalahari à la fin des années ‘90. À ce jour le gouvernement botswanien a perdu le procès qui l’opposait aux Bushmen, qui n’ont pas pour autant pu revenir sur leurs terres selon les articles de presse… Où l’on voit que les questions d’éthique ne sont jamais loin et pas pour des raisons de publicité cette fois.


1. Petit rappel pour mémoire à nouveau : ALROSA, la De Beers, Rio Tinto, Dominion Diamond Corp. et Petra Diamonds produisent près de 70 à 75 % du volume mondial de diamants bruts.

2. Pour entrer dans le détail, c’est Diavik Diamond Mines (2012) Inc., filiale de Rio Tinto plc, qui exploite Diavik. Dominion paye 40 % des couts d’exploitation et perçoit 40% de la production de la mine.

Photo © Courtesy of Domion Diamond Corp., Graff Diamonds Ltd., Rio Tinto, Gem Diamonds, DR.