Des refus de plus de 30 % pour le sight de mars de la De Beers

Ronen Shnidman

Le pessimisme était omniprésent lors du sight de mars de la De Beers. Selon plusieurs sightholders, plus de 30 % de marchandises auraient été refusées. [:]Le sentiment négatif venait de l’idée partagée que les ventes et les prix du taillé étaient peu susceptibles d’augmenter au deuxième trimestre 2015 et que les prix du sight de la De Beers n’ont pas suffisamment baissé pour ramener la rentabilité dans le secteur intermédiaire de l’industrie.

Le troisième sight a clôturé sur une valeur estimée à 500 millions de dollars en raison du grand nombre de refus, et ce malgré des estimations qui évaluaient les marchandises proposées à plus de 700 millions de dollars.

Selon les sightholders, les prix étaient globalement stables par rapport au sight précédent. Ils ont également noté un maintien général de la qualité des assortiments. Les sightholders affirment que très peu de marchandises hors programme ont été proposées.

« Les sightholders se montrent très pessimistes car le salon de mars [à Hong Kong] les a déçus. Nous entrons désormais dans un trimestre généralement calme pour les ventes de taillé, a affirmé un sightholder installé en Inde. Les choses ne sont pas très roses et tout le monde l’a fait clairement sentir lors du sight, en refusant des marchandises. »

Le sightholder a ajouté que la plupart des grands fabricants disposent de stocks importants, ce qui les amène à penser que les prix du taillé n’augmenteront pas dans un proche avenir et qu’ils pourraient même baisser davantage que ces dernières semaines.

ALROSA a également maintenu ses prix moyens lors de la vente contractuelle de mars, qui a précédé le sight de la De Beers d’une semaine. En février, le minier russe a baissé ses prix moyens de 3 % mais tablait sur une stabilisation graduelle du marché du brut, a expliqué un porte-parole de la société. Celui-ci a ajouté qu’ALROSA avait également maintenu des volumes de vente relativement faibles au premier trimestre pour corriger le déséquilibre entre l’offre et la demande.

Fin mars, le sentiment négatif des fabricants s’exprimait plus clairement sur le marché secondaire, où la grande majorité des boîtes d’ALROSA et de la De Beers s’échangeait avec des remises. Les vendeurs proposaient des conditions de crédit généreuses, entre 90 et 120 jours en moyenne.

« Nous nous trouvons dans un cercle vicieux, dont l’industrie a beaucoup de mal à s’échapper, a expliqué Guy Harari, le PDG de BlueDax, un courtier de brut en ligne, spécialisé dans le marché secondaire. Les tarifs du brut bas-de-gamme sont à peu près corrects, raison pour laquelle ces marchandises sont davantage demandées sur le marché. Toutefois, en ce qui concerne les marchandises moyenne gamme ou haut-de-gamme, il n’existe pas encore d’écart satisfaisant entre les prix du brut et du taillé. Tant que ce ne sera pas le cas, le marché va se maintenir dans ce déséquilibre. »

Guy Harari a fait remarquer que les prix du marché pour les marchandises sans étiquette et les boîtes sans marque de brut, vendues en dehors des ventes contractuelles à long terme et des tenders des grands miniers, ont baissé d’au moins 5 % le mois dernier. Ces prix, a-t-il ajouté, pourraient constituer un meilleur indicateur de l’état global du marché du brut que les tarifs des sights.

David Johnson, le responsable des communications pour le secteur intermédiaire de la De Beers, a affirmé qu’il avait répondu aux demandes préalables de tous les sightholders lors du sight de mars mais n’avait proposé que peu de marchandises supplémentaires. Il a expliqué que la De Beers avait temporairement autorisé les diamantaires à reporter jusqu’à 25 % de leur demande planifiée. Or, cette exception était arrivée à son terme avant le sight de mars, puisque cette troisième vente de l’année était la dernière de la période contractuelle en cours.

« Nous savons que l’industrie passe par une période relativement calme, a expliqué David Johnson. Toutefois, selon nous, la situation devrait s’améliorer aux deuxième et troisième trimestres. La demande des consommateurs augmente, même si la progression n’est pas fulgurante, et nous constatons des niveaux satisfaisants dans la vente au détail. Inévitablement, les détaillants vont se réapprovisionner et il y aura davantage de ventes de taillé et de meilleurs flux de trésorerie pour les diamantaires. »

David Johnson a également remarqué qu’avec le début du nouveau contrat de sight en avril, la De Beers devrait mettre en place une politique de distribution dynamique. Ainsi, les sightholders qui ont fait preuve d’une demande solide et durable pour des boîtes spécifiques obtiendront des quantités similaires ou accrues de brut pour l’année suivante. Ceux qui ont démontré une demande peu importante pour certaines catégories verront leur offre réduite sur ces boîtes au cours de la période d’ITO (intention de vendre) suivante.

Un sightholder a fait remarquer : « Le marché actuel est difficile mais pour les sightholders qui ont développé une niche d’activité, les choses ne sont pas aussi mauvaises que pour les autres. » Il a ajouté que, selon lui, le nouveau système dynamique d’ITO sera adapté à sa situation et qu’une offre supérieure de marchandises rentables à fabriquer devrait compenser les réductions dans la quantité de marchandises proposées. Il a toutefois noté que cela pourrait ne pas fonctionner de la même façon pour tout le monde.

 Source Rapaport