De Volkswagen à l’éthique des diamants, n’y aurait-il qu’un pas ?

Marianne Riou

Il est des faits de société à côté desquels on ne passe pas, ni vous, ni moi, et l’affaire Volkswagen en est un. En quoi cela intéresse l’industrie du diamant ? [:]Voilà une illustration précise de nos questionnements récurrents sur le bienfondé des actions de responsabilité sociale des entreprises (RSE), l’éthique et le respect du consommateur…

Cette affaire Volkswagen paraît somme toute étonnante.  Comment aujourd’hui une entreprise d’envergure mondiale, l’un des plus grands groupes sur le marché automobile, a-t-il pu se laisser aller à une telle fraude ? Parce qu’il ne s’agit pas d’une petite erreur en passant (11 millions de véhicules équipés d’un logiciel de trucage des tests anti-pollution !) et les conséquences sont importantes. Pour Volkswagen évidemment entre amende colossale, enquêtes, démissions, chute faramineuse du cours de l’action, retombées pour l’image, etc. Mais les conséquences risquent d’écorner le secteur automobile dans son ensemble puisque les autorités américaines auraient prévu d’étendre leurs investigations à d’autres constructeurs.

Pourquoi je vous parle de l’affaire Volkswagen me direz-vous ? Parce qu’il est impossible de ne pas faire un parallèle avec les préoccupations d’éthique et de contrôle qui agitent, à juste titre, l’industrie diamantaire ! Cette « affaire Volkswagen », c’est peu ou prou ce que l’industrie diamantaire redoute le plus à l’heure actuelle, même si le problème des prix du brut et des marges sur le taillé nous ont fait détourner la tête quelque temps, non ?

Imaginez que cela « nous » arrive ? Imaginez la suspicion qu’un seul peut faire planer, par ses manquements, sur l’ensemble de sa filière ? Imaginez que l’on découvre des diamants clairement surévalués sur une pièce de joaillerie tendance et se vendant bien ? Imaginez qu’un consommateur procédurier (qui l’en blâmerait) découvre que ce qu’il croyait être un diamant naturel sur la sublime bague de fiançailles qu’il s’apprête à offrir à sa belle est, en fait un diamant, de laboratoire ? Imaginez combien un seul « malhonnête » peut faire du tort et ce qu’il adviendrait d’une industrie qui se donne pourtant du mal pour trouver les actions ad hoc à mettre en place pour séduire le consommateur ?

OK, OK, être alarmiste, quel ennui… Ne crions pas au loup sans raison. Mais, franchement, nous n’avons absolument pas les moyens de garantir que ceci ne nous arrivera pas. Qu’avons-nous à proposer comme moyen de protéger nos arrières et de rassurer le consommateur ? Qui s’engage suffisamment clairement (et communique avec succès) dans des actions de RSE qui prouvent son souci de rendre les bénéfices des diamants qu’il vend ?

Parce que, en dehors de toute considération humaniste, et en étant bassement pragmatique, cette histoire nous rappelle que, pour vendre, aujourd’hui :

– être transparent, c’est primordial ;

– lancer des actions de responsabilité sociale, c’est primordial ;

– prendre soin de ses salariés, c’est primordial ;

– pouvoir justifier de la qualité de son produit, c’est primordial ;

– accorder du crédit au consommateur, c’est primordial…