De Beers : montée en flèche des revenus et des bénéfices en 2014

Avi Krawitz

En 2014, les bénéfices sous-jacents de la De Beers ont bondi de 74 % en glissement annuel, atteignant 923 millions de dollars, si l’on tient compte de la part d’Anglo American dans la société diamantaire.[:] L’essor a été stimulé par une hausse des prix du brut et une baisse des coûts de fonctionnement.

« Pour réaliser ce type de performances, nous avions besoin du marché. Il se trouve que le marché diamantaire était assez satisfaisant en 2014, a expliqué Philippe Mellier, le PDG de la De Beers. Nous avons pu constater que le second semestre était plus faible et que les ventes des fêtes de fin d’année figuraient légèrement en deçà des attentes. Pourtant, dans l’ensemble, le résultat a été particulièrement bon pour les États-Unis. La Chine était un peu en retrait. Quant à l’Inde, elle a entamé une reprise après deux années difficiles. »

Philippe Mellier a fait remarquer que le marché diamantaire s’était maintenu jusqu’au mois de septembre environ, après quoi la demande a chancelé en raison d’un manque de liquidités dans la filière. D’après lui, ces mauvaises conditions perdurent en ce début d’année, même si la société prévoit un rebond au deuxième trimestre.

La De Beers appartient à 85 % à Anglo American et à 15 % au gouvernement du Botswana.

Ventes et tarifs

En 2014, la part d’Anglo American sur les revenus de la De Beers a progressé de 11 %, à 7,11 milliards de dollars. Sur la même période, les ventes de brut ont augmenté de 12 %, à 6,5 milliards de dollars. Les 614 millions de dollars restants proviennent principalement de l’activité industrielle d’Element Six, qui appartient à la société, ainsi que de certaines activités de conseil et de la marque Forevermark de la De Beers. Forevermark a renforcé sa présence dans les magasins de détail, avec une hausse de 20 %, et se vend désormais dans plus de 1 500 boutiques de détail. Ses laboratoires ont certifié 50 % de diamants en plus que l’année dernière, a rapporté Philippe Mellier.

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Bruce Cleaver, le responsable exécutif de la De Beers pour les affaires stratégiques et d’entreprise, a expliqué que la hausse des revenus était liée à une augmentation des tarifs et du volume des ventes. L’indice moyen des tarifs du brut de la société a progressé de 5 %, bien que les prix réellement pratiqués soient restés à un niveau égal, à 198 dollars/ct, en raison d’une légère baisse des assortiments.

La société a fait état d’une certaine mollesse des prix du brut vers la fin de l’année 2014 et au début 2015. Elle a estimé qu’en décembre 2014, les prix du taillé étaient globalement conformes à leur niveau du début de l’année.

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« La hausse des revenus était liée à une augmentation des tarifs et du volume des ventes. »

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Sur une base de 100 %, le volume des ventes s’est accru de 15 %, à 34,4 millions de carats. La part d’Anglo American dans le chiffre d’affaires était en hausse de 12 %, avec 32,73 millions de carats. Pendant l’année, la De Beers a fourni davantage de marchandises au gouvernement du Botswana pour son programme de vente indépendant, lancé fin 2013 par Okavango Diamond Company.

Augmentation de la production et coûts

La production de la De Beers a augmenté de 5 %, pour atteindre 32,6 millions de carats au cours de l’année. La société estime que la production se maintiendra dans une frange comprise entre 32 millions et 34 millions de carats en 2015. La De Beers dispose de divisions minières au Botswana, pays qui assure près des deux tiers de sa production totale, mais aussi au Canada, en Namibie et en Afrique du Sud.

Bruce Cleaver a tenu à souligner que les bénéfices de la société sont majoritairement réinvestis dans la production future. Les fonds sont principalement destinés au développement de la mine de Gahcho Kué au Canada, ainsi qu’à l’expansion de la mine souterraine de Venetia en Afrique du Sud et du projet Cut-8 de Jwaneng au Botswana. Près de 850 millions de dollars ont été affectés à ces projets en 2015, contre 700 millions de dollars investis en 2014.

La De Beers a expliqué qu’en 2014, ses coûts de fonctionnement avaient profité d’un taux de change favorable. Le rand sud-africain et le dollar canadien avaient perdu du terrain face au dollar américain. Il a ajouté que les coûts de fonctionnement s’étaient améliorés grâce à une hausse de l’efficacité dans les mines, notamment au Botswana. Parallèlement, la brusque baisse des prix du pétrole a eu un effet marginal car elle est intervenue en fin d’année.

Il a expliqué que la baisse des cours du pétrole aurait probablement un impact plus important sur les coûts en 2015, même si ce recul devrait être partiellement compensé par une hausse des coûts de l’énergie dans le sud de l’Afrique et une baisse des bénéfices liée aux mouvements des devises par rapport à 2014.

La part d’Anglo American dans le résultat de la De Beers avant intérêts, impôts et amortissements (EBITDA) a augmenté de 25 %, à 1,82 milliard de dollars, tandis que le résultat avant intérêts et impôts (EBIT) a pris 36 %, à 1,36 milliard de dollars.

Nouveau contrat et perspectives

La De Beers négocie actuellement de nouveaux contrats de trois ans avec ses clients sightholders. Ces contrats débuteront en mars 2015. La société a souligné que, pour être admissibles à recevoir un approvisionnement, les sightholders devront se conformer à des critères plus rigoureux en matière de finances et de gouvernance.

Bruce Cleaver a affirmé que les nouvelles exigences ou la lenteur actuelle du marché ne joueraient pas sur les postulations.

« Nous avons été agréablement surpris par le nombre de demandes et par la bonne volonté des sightholders, qui se dirigent vers une activité plus transparente et plus solide, a-t-il expliqué. Tout le monde sait bien que l’époque est difficile pour les fabricants mais nous avons bon espoir d’en sortir avec une très bonne liste de clients. »

Bruce Cleaver a ajouté que la société s’inquiétait de la rentabilité des sightholders et qu’elle pensait ses structures d’offre et de prix en fonction de chaque sight. Ainsi, les prix ont été réduits d’environ 4 % lors du sight de janvier et l’offre a été assez restreinte au cours des deux à trois derniers sights. Pourtant, Bruce Cleaver a fait remarquer que la De Beers a clôturé l’année sur des stocks relativement normaux et que la faiblesse du marché n’avait pas eu d’effet négatif sur son fonctionnement.

Polished diamonds & black hand

D’après lui, les liquidités restent rares, même si la situation ne s’est pas détériorée davantage, et les perspectives pour 2015 restent positives. « Nous prévoyons une année solide, mais un peu plus problématique que l’année dernière car le change et les prix devraient se stabiliser en 2014 », a-t-il expliqué.

La De Beers a représenté 23 % des revenus d’Anglo American et 42 % de ses bénéfices sous-jacents. La division diamantaire est parvenue à un retour sur investissement de 15 %, un tout petit peu moins que l’objectif des 16 % fixé par Anglo American pour 2016.

Source Rapaport