De Beers : la volonté d’insuffler de la clarté sur le marché diamantaire

James Wilson

La De Beers est sur le point de rompre avec des décennies de secret sur l’état du marché diamantaire. Elle se prépare en effet, pour la première fois, à divulguer les détails de ses ventes.[:]

Le minier et négociant de diamants espère que la publication des revenus tirés de ses ventes régulières, connues sous le nom de sights, contribuera à soutenir la reprise du marché diamantaire, qui a souffert d’un ralentissement de la demande, d’une accumulation des stocks et d’une chute des prix.

L’année dernière, « c’était comme si le destin s’acharnait contre nous », a indiqué Philippe Mellier, son directeur exécutif.

Les clients de la De Beers participent à 10 sights annuels, au cours desquels ils sont invités à découvrir et acheter des boîtes de brut pendant plusieurs jours, aux prix fixés par le minier. Le premier sight de cette année a été organisé la semaine dernière au Botswana.

L’opacité historique des revenus de la société issus des sights crée un vide qui laisse libre cours à des rumeurs sur les volumes des ventes. À compter de cette semaine, le groupe, qui reste le plus gros minier diamantaire en termes de revenus, dissipera ces rumeurs en révélant les chiffres de ses ventes, sight par sight.

Le changement de politique de la De Beers, qui a perdu son monopole virtuel sur l’approvisionnement mais reste une force dominante de l’industrie, est bien accueilli par les clients et les analystes professionnels, qui y voient une initiative apte à stimuler la confiance dans l’industrie et améliorer la transparence.

Jackie Morsel, vice-président de Dali Diamond, un sightholder de la De Beers, a déclaré : « Puisque cela doit apporter plus de transparence, c’est effectivement une évolution positive. »

Les informations supplémentaires aideront également les investisseurs à en savoir plus sur Anglo American, sa société-mère. Le chiffre d’affaires et les bénéfices de la De Beers sont devenus de plus en plus importants pour Anglo depuis deux ans car le cours des autres matières premières, du platine au minerai de fer en passant par le charbon, ont tous dégringolé. Les actions du groupe minier, coté au Royaume-Uni, ont perdu les trois quarts de leur valeur l’année dernière.

Lors de l’annonce de sa politique, M. Mellier a averti ses investisseurs : « Après chaque sight, nous communiquerons le volume des ventes réalisées, afin que vous n’ayez plus à vous appuyer sur des rumeurs. Vous comprendrez ainsi exactement où nous en sommes. » – Philippe Mellier, directeur exécutif de la De Beers

Pour Des Kilalea, analyste chez RBC Capital Markets, « La publication du chiffre d’affaires en dollars réalisé lors des sights contribuera à faire la lumière sur certains des chiffres contradictoires qui ont tendance à être publiés. Cela aidera à comprendre la De Beers et Anglo. » Des commentaires sur les tendances tarifaires « seraient un complément intéressant », a-t-il ajouté.

Les informations relatives au premier sight de l’année civile seront particulièrement importantes car elles font suite à une période cruciale, celle des ventes de Noël aux États-Unis, au cours desquelles la De Beers a accentué son marketing saisonnier pour stimuler la demande.

Une demande de brut solide de la part des clients de la De Beers suggérerait que les ventes de taillé ont été satisfaisantes et que les détaillants et les négociants avaient besoin de se réapprovisionner.

M. Mellier a affirmé ce mois-ci que les prix du taillé avaient commencé « à se stabiliser, voire à augmenter dans certaines catégories ».

Ed Sterck, analyste chez BMO Capital Markets à Londres, a affirmé : « La De Beers veut probablement montrer à ses acheteurs que les choses ne sont pas non plus faciles pour elle et qu’elle n’a pas la liberté de baisser les prix, comme l’ont demandé certains intervenants sur le marché.

Pour le moment, tout ce que nous avons, ce sont des rumeurs qui vont bon train sur le déroulement des sights. Il semble que la De Beers veuille fermer la porte aux spéculations et insuffler davantage de confiance chez les sightholders dans ce qui apparaît, de l’extérieur, comme un système relativement opaque. »

Source Financial Times