Conférence à l’École des arts joailliers – Jean Vendôme, la joaillerie comme une œuvre d’art

Marianne Riou

Pour contrer l’absence de cours, d’expositions ou de conférences « en live », l’École des arts joailliers Van Cleef & Arpels, propose des visioconférences sur les thèmes qui lui sont chers : savoir-faire joaillier, histoire de l’art du bijou, découverte des pierres. Accessibles une fois par mois sur inscription, en anglais ou en français, elle sont ensuite disponibles en ligne ou sur le site de l’École et permettent à tout un chacun de parfaire sa culture et sa compréhension des arts joailliers. Les 27 et 28 janvier s’est déroulée la conférence intitulée « L’art de Jean Vendôme » qui revenait sur le parcours de ce joaillier visionnaire et inclassable.

C’est sous forme de conversation informelle entre Inezita Gay-Eyckel, historienne d’art et professeure au sein de l’École, et Thierry Vendôme, joaillier et fils cadet de Jean Vendôme, que nous découvrons ce joailler d’exception, figure emblématique de la joaillerie contemporaine. Ensemble, tous deux reviennent pendant une heure sur la vie et le parcours créatif de Jean Vendôme, de son vrai nom Ohan Tuhdarian.

Né à Lyon en 1930 de parents arméniens, les accidents de la vie, la chance, le talent et une créativité sans limite feront de Jean l’artiste joaillier qu’il deviendra. Des problèmes de santé d’abord, qui amèneront ses parents à le mettre au vert. C’est depuis la campagne française qu’il créera donc, en 1941, sa première œuvre, le visage du Christ, sur la tôle perforée d’un avion de chasse français, accidenté dans un champ, à quelques pas de sa maison d’alors. La qualité de ses dessins l’amènera ensuite à suivre des cours de gemmologie à Paris tout en travaillant comme apprenti chez un oncle joaillier. La gemmologue Dina Level entre autres se chargera de sa formation. À 18 ans, à force d’opiniâtreté et grâce au soutien d’un commerçant qui lui prête les locaux, Jean Vendôme ouvre sa première boutique-atelier, pour s’installer quelques années plus tard boulevard Voltaire. À la faveur d’une rencontre inattendue, il intègrera ensuite les Beaux-Arts : le directeur de l’École des Beaux Arts d’Orléans verra ses dessins par la fenêtre ouverte lors d’une visite à la caserne où le jeune homme effectue alors son service militaire.

Parmi les sources d’inspiration de l’artiste : Paris, Brassens et Nelly, sa première épouse et muse rencontrée en 1955. Il créera pour elle la broche Mal pavée, sertie d’aigues-marines et hommage aux rues parisiennes. Les créations de Jean Vendôme, des « bijoux sculptures » seront toutes innovantes, serties de pierres brutes ou de minéraux souvent, extrêmement originales, libres, audacieuses ou baroques, fruits de dessins (pas de gouachés), d’associations d’idées et d’impulsions.

Son talent l’amènera à croiser des personnages ou artistes illustres du 20ème siècle, comme Laurent Jiménez-Balaguer ou Salvador Dali. Ainsi la collection Pépite, où l’or est martelé et figure une flamme, résulte de sa rencontre avec Jean Cocteau. Elle témoigne de sa passion pour l’or jaune et de son travail autour de la forme, de l’asymétrie et de l’équilibre.

Parmi ses pièces iconiques : la bague Tour (années ’50), la ligne Boréale (inspirée des taches dans la rue au sol), la ligne Nocturne (années ’60, inspirée de Paris), la ligne Florilège (diamants parsemés sur fil d’or blanc), la bague S (pour laquelle entre autres, il entrera dans le dictionnaire Larousse du 20ème siècle), les bagues Manhattan (où une émeraude symbolise Central Park) et Cinquième Avenue, le collier cravate articulé (une création futuriste à l’époque !), la broche Terre Lune (inspirée de la conquête spatiale) ou encore l’épée d’académicien de Roger Caillois (1971) qui fera date !









Si depuis 2008, les bijoux œuvres d’art de Jean Vendôme ne se trouvent plus qu’en vente aux enchères, vous pouvez néanmoins les admirer grâce à la magnifique exposition virtuelle que lui consacre l’École des Arts joailliers : Jean Vendôme artiste joaillier ou accédez directement à la galerie photo.

Une visite virtuelle de l’exposition est également proposée.

À noter : son arbre aux tourmalines est une des pièces remarquables de l’exposition Pierres précieuses du Museum National d’histoire naturelle à Paris.

Sur la e-bibliotheque de l’École, vous trouverez à disposition de nombreux contenus (vidéos, cours et conférences en ligne), proposés par les experts et professeurs, vous permettant d’approfondir vos connaissances sur le monde de la joaillerie. Rendez-vous également sur le compte Youtube de l’École pour revoir directement les conférences proposées.

Enfin, pour découvrir le programme et les conférences à venir, rendez-vous sur la page Conférences en ligne, en direct de l’École. Sont prévues, en lien avec le diamant (mais pas encore accessibles à la réservation sur le site web) :

– les 24 et 25 mars : Jean-Baptiste Tavernier et les routes du diamant ;

– les 14 et 15 avril : À la poursuite du diamant bleu.

Pour relire nos articles sur l’École des Arts joaillers :

« La Fascination du Diamant » – Le jour où j’ai pris un cour à L’École des Arts Joailliers Van Cleef & Arpels
Les diamants de Golconde réunis par l’École des Arts Joailliers Van Cleef & Arpels et le Museum national d’histoire naturelle

Rendez-vous pour une conférence à l’École Van Cleef & Arpels des Arts Joailliers : « Diamants de couleur : de la beauté des défauts »

L’École des Arts joailliers Van Cleef & Arpels
22, place Vendôme, 75001 Paris. Entrée par le 31, rue Danielle Casanova.
Téléphone : + 33 (0)1 70 70 36 00.
Mail : contact@lecolevancleefarpels.com.
www.lecolevancleefarpels.com

Source Rubel & Ménasché


Photos © L’École des Arts Joailliers, Benjamin Chelly.