Botswana still sees potential in diamonds despite need for diversification

Mathew Nyaungwa

Le Botswana est considéré comme le premier producteur mondial de diamants en valeur et le deuxième plus grand producteur en volume, après la Russie. Récemment, l’économie de cette nation d’Afrique australe a subi des pressions dues aux performances assez médiocres de l’industrie du diamant[:] suite à la crise de la dette de la zone euro et à l’affaiblissement de la roupie indienne face au dollar américain. Le Botswana a même été confronté à de graves difficultés économiques en 2008, une époque où l’économie mondiale faisait volte-face, entraînant avec elle un affaissement des prix mondiaux des pierres d’environ 60 %.

Certaines des mines de diamants du pays ont été fermées pour la première fois, d’où une baisse des recettes d’exportation et des revenus pour le gouvernement.
Le déficit budgétaire du Botswana a explosé jusqu’à atteindre 15 % du PIB, obligeant le gouvernement à demander un prêt d’urgence de 1,5 milliard de dollars à l’African Development Bank pour soutenir ses opérations.
Les diamants ont contribué pour plus de 30 % au PIB du pays et pour plus de 50 % aux recettes du gouvernement.
Bien que Gaborone ait été pleinement conscient de la nécessité de diversifier l’économie, le gouvernement a considéré que les diamants avaient encore un rôle important à jouer dans le développement économique du pays.

Mathew Nyaungwa, de Rough&Polished, s’est entretenu avec Ponatshego Kedikilwe, le ministre des Minéraux, de l’Énergie et des Ressources en eau du Botswana ; celui-ci a indiqué que le nouvel accord commercial conclu avec la De Beers l’année dernière constituait une manne économique pour le pays.
Il a expliqué que la situation générerait des gains économiques dans les secteurs du tourisme, de la finance, de l’immobilier et des transports.
Notre rédacteur en chef du Bureau africain a assisté à un développement massif des infrastructures à Gaborone, le pays se préparant à accueillir les acheteurs internationaux.
Il a expliqué que de nouveaux hôtels se construisaient, que l’aéroport international de Sir Seretse Khama connaissait une nouvelle jeunesse et que les routes avaient été rénovées.

Voici la traduction intégrale de l’interview:

La famille Oppenheimer a accepté de vendre sa participation de 40 % dans la De Beers à Anglo American l’année dernière et je voulais savoir si le Botswana exercerait son option, à savoir faire passer sa part dans la De Beers de 10 % à 25 % ?
Quand le moment sera venu, je pense ; j’aimerais franchir ce pas lorsque l’instant sera propice. En effet, avant que l’on puisse faire une déclaration officielle, il faut lancer certains processus et certaines approches. Je sais exactement ce dont vous parlez et ce que vous cherchez.

N’avez-vous pas une date limite à respecter ?
Eh bien, je suppose qu’on peut qualifier ça de délai, mais il est large. Je reste délibérément évasif car je suis à un stade où je dois être prudent quant aux décisions que je prendrai et quant aux personnes concernées.

Que dites-vous à ceux qui prétendent que l’économie du Botswana dépendait trop des recettes issues des diamants ?
Eh bien, je n’irais pas jusque-là, parce que si on considère qu’il s’agit de critiques, je suis critique moi-même ; le gouvernement aussi critique cette situation, c’est pour cela que nous parlons de diversification de l’économie. Le but est de réduire l’excès de dépendance envers les diamants. Ce n’est pas conseillé. C’est pourquoi nous évoluons,dans ce sens, nous restons une base diamantaire, mais nous nous engageons également dans les activités de fabrication, de joaillerie, de taille et de polissage. Le Botswana doit devenir un centre international du diamant, afin que les dépôts effectués ailleurs le soient désormais chez nous. C’est ce que nous appelons la valorisation. Nous ne pouvons pas abandonner immédiatement notre base diamantaire, mais nous pouvons nous écarter des dangers de la dépendance excessive, en évoluant vers l’aval.

Les banques locales ont-elles la capacité de traiter 7 milliards de dollars de ventes de diamants chaque année ?
En 2001, nous avons fait en sorte que les homologues d’ABN AMRO Bank s’installent ici ; je pense que la Bank of India devrait bientôt nous rejoindre et que les banques locales, telles que la Standard Chartered, soutenues par leurs sociétés-mères, ouvriront bientôt des agences dans la région. Nous avons l’OPIC (Overseas Private Investment Counsel), le bureau d’investissement des États-Unis, ainsi que d’autres participants, peut-être Lazare Kaplan International. Leur présence sera possible parce que nous avons anticipé cette possibilité même, d’autant plus que, pour l’industrie du diamant, le délai de gestation entre acquisition et vente peut être difficile pour ceux qui ne disposent pas de solides atouts financiers. Il en va de même des banques, certaines d’entre elles n’ayant pas de bilan suffisant pour résister à ces périodes de transition. Nous devons donc nous équiper pour nous préparer à ça.

Le récent accord commercial que vous avez conclu avec la De Beers présente-t-il des avantages tangibles ?
Vous voulez dire des avantages d’ores et déjà établis ?

Oui, maintenant et pour l’avenir.
Eh bien, je suppose que nous commencerons par prendre de 10 % à 15 % de la production de Debswana. Nous allons acheter, et pas seulement prendre, mais acheter de façon à pouvoir vendre nous-mêmes, pour tester le marché. Pour nous, ce levier est extrêmement important car nous ne dépendrons plus exclusivement de la De Beers pour la commercialisation. Et puis, bien sûr, les frais associés à la vente ou à la commercialisation des diamants vont diminuer. Telles sont les questions à l’ordre du jour. Il est évident que nous développons cette ressource, nous pourrons désormais…, en fait, nous avons commencé à développer une société qui va gérer l’ensemble de nos ressources minérales. Autrement dit, elle s’occupera de nos investissements, en préservant les intérêts du gouvernement. Nous avons constitué son conseil d’administration, la société s’appellera Okavango. Nous aurons donc une société pour le marketing et la Botswana Mining Company, qui se chargera des intérêts du gouvernement, liés aux minéraux en général. Pour l’heure, le conseil d’administration regroupe de hauts fonctionnaires du gouvernement, ce qui, en soi, ne suffit pas. L’industrie minière s’est développée à un tel degré qu’il est nécessaire que des tiers contrôlent et gèrent les actions du quotidien. Par conséquent, l’accord nous apporte une certaine influence et, bien entendu, le déménagement de Londres jusqu’ici (Gaborone), qui a ses avantages en termes d’emploi ou d’autres opportunités dans la finance, la sécurité, les transports (ce qui va même jusqu’aux taxis), la gestion immobilière… Nous avons des personnes qui peuvent assurer les services d’hébergement, de restauration et d’alimentation appropriés. Au sein du gouvernement, nous prenons des dispositions pour que ces avantages nous profitent.

Un responsable de la De Beers a été cité dans les médias, déclarant que le Botswana n’avait pas réclamé sa part de diamants à la Debswana dans le cadre du contrat commercial.
Oui, jusqu’à présent, cela n’a pas été le cas.

Pourquoi cela prend-il aussi longtemps ?
Parce que nous sommes en pleins préparatifs, nous n’avions pas mis en place le conseil d’administration, nous n’avons pas encore enregistré la société, mais nous le ferons. En tout cas, l’accord prévoit que, si nous ne prenons pas les diamants, les ventes se poursuivront, comme c’était le cas avant.
Je ne suis pas inquiet à ce sujet. Nous voulons avancer, nous avons mis le système en route, je vais maintenant consulter le Cabinet pour préciser les derniers détails ; la société est en train de devenir opérationnelle.

Quand pensez-vous qu’elle le sera réellement ?
Eh bien, pour le moment, nous disposons d’un conseil provisoire. J’ose espérer peut-être avant la fin de l’année, nous devrions alors être prêts à travailler.

Le ralentissement actuel de l’industrie du diamant ne jouera-t-il pas sur le calendrier de vos premières enchères ?
Ralentissement ou pas, nous sommes déterminés à suivre cette voie. En fait, c’est la raison précise pour laquelle nous voulons disposer de compétences en interne, pour être capables de vérifier, de répondre à ce genre de situations nous-mêmes, sans nous faire assister par un tiers qui traiterait les ventes pour nous. Cela ne doit pas nous arrêter, même si nous ne pouvons pas l’éviter pour l’instant. Ces choses vont et viennent ; il faut apprendre les ficelles du métier à mesure que notre activité progresse.

Combien de carats pensez-vous produire cette année au niveau national ?
Pour l’instant, je n’en ai aucune idée et mes chiffres seraient certainement surévalués, mais je ne pense pas que le total soit égal aux 17 millions de carats que nous avons produits au cours de l’année difficile qu’a été 2008.

Avez-vous déjà songé à quitter l’industrie du diamant en tant qu’investisseur, étant donné que vous avez dû, à un certain moment, utiliser des fonds publics pour aider Debswana, fonds qui auraient dû servir à d’autres projets de développement ?
La question est de savoir si, dans le cas où nous n’aurions pas profité de cette participation, à savoir un partage à parts égales [avec la De Beers, dans Debswana], d’autres auraient eu l’envie de faire ce que nous faisons ? Et, bien sûr, nous voulions exploiter directement les recettes, de façon à répartir les bénéfices pour profiter de recettes durables à attribuer aux écoles, à la santé, à l’immobilier et dans d’autres domaines.

Mais vous n’appliquez pas ce modèle à d’autres minerais comme le cuivre et le charbon. Pourquoi ?
C’est vrai, la Loi sur les mines et les minéraux (Mines and Minerals Act) stipule que nous (le gouvernement du Botswana) devons traiter les diamants, mais elle ne dit pas que nous ne pouvons pas traiter d’autres minerais, dont nous jugeons que le potentiel est suffisant pour justifier l’utilisation de fonds publics.

Êtes-vous en train de dire que le gouvernement du Botswana est ouvert à l’exploitation d’autres minerais ?
Oui, c’est exact.

Pensez-vous que l’un d’eux a le potentiel pour dépasser les résultats du diamant au Botswana ?
Il n’y a aucune raison que ce ne soit pas le cas pour le cuivre et l’argent. Il en va de même pour le charbon, nous disposons d’une réserve de 200 milliards de tonnes.

Source Rough & Polished