ABN Amro : la reprise du marché diamantaire marque une pause

Albert Robinson

La nette amélioration du marché diamantaire, qui s’était installée à la fin de l’année dernière, s’est essoufflée depuis le début 2017 en raison d’une croissance économique décevante aux États-Unis et de faibles dépenses des consommateurs au premier trimestre. [:]Ces facteurs ont pesé sur la demande finale. La baisse de la consommation à Hong Kong et à Macao a également grevé la demande de bijoux en diamants, d’après des rapports de la société provenant des principaux joailliers de la région, a déclaré ABN AMRO Bank dans un article.

En outre, les ventes de détail chinoises ont perdu du terrain en janvier et février, malgré une reprise en mars, a affirmé la banque, un grand financier de l’industrie des diamants et des bijoux.

« Les données du marché diamantaire d’Anvers montrent que l’amélioration du secteur du brut a déjà atteint un sommet tandis que celui du taillé ne s’est pas repris. Ces données montrent également une faiblesse des exportations de diamants d’Anvers vers la Chine (données insuffisantes dans ce cas), Hong Kong et les États-Unis. »

« Le seul point positif concerne les exportations vers l’Inde qui montrent un regain d’activité pour le secteur de la fabrication diamantaire indienne. L’Inde est le plus grand centre de fabrication diamantaire au monde. En termes de demande des consommateurs, le pays ne représente environ que 7 % de la demande mondiale. Toutefois, les données des exportations indiennes de diamants dépeignent un tableau moins convaincant. De plus, l’annonce d’une hausse de la taxe sur les biens et services (GST) fait craindre qu’elle n’entraîne la ruine les petits négociants et fabricants. Au 1er juillet, la GST sera de 3 % sur les diamants taillés, de 18 % sur le négoce des diamants et de 0,25 % sur les diamants bruts. »

« Comme pour le marché diamantaire à Anvers, le marché du taillé aux EAU s’est également dégradé. En Israël, le marché s’est considérablement amélioré mais reste à savoir pendant combien de temps puisque la hausse a déjà été importante. »

« Comme indiqué ci-dessus, les dépenses de consommation aux États-Unis (le plus gros marché diamantaire) sont décevantes. De plus, ces dernières années, la consommation chinoise de bijoux fabriqués avec divers métaux précieux a considérablement diminué. Les mesures anticorruption représentent probablement un motif important de baisse de la demande. Toutefois, la demande chinoise de bijoux en or s’est quelque peu améliorée au premier trimestre 2017 mais cela correspond à une période où la croissance économique était forte dans le pays. »

« Les toutes dernières données du marché suisse pour le mois de mai montrent un certain renouveau de la dynamique des exportations de montres, notamment vers les plus grandes destinations que sont Hong Kong et les États-Unis. Des signes d’amélioration de la demande ont également été constatés au Royaume-Uni, au Japon, en Italie et en France. Dans l’ensemble, la demande des consommateurs ne semble pas se reprendre pour l’instant. Les exportations de montres suisses vers la Chine sont toujours faibles. »

« Les États-Unis sont de loin le plus grand marché pour les bijoux en diamants, avec plus de 40 % du total. Des dépenses plus faibles que prévu par les consommateurs américains au premier trimestre ont pesé sur la demande de bijoux, notamment ceux sertis de diamants. En général, une hausse du PIB réel des États-Unis va de pair avec une hausse de la consommation personnelle réelle de montres et de bijoux. L’actif net des ménages continue de progresser aux États-Unis, si l’on en croit la hausse des prix de l’immobilier et des actions. De plus, le marché du travail américain est serré, ce qui assurera une certaine sécurité de l’emploi. Nous pensons donc que les dépenses des consommateurs américains vont augmenter et que le taux d’épargne va baisser. Une hausse de l’actif net des ménages stimule généralement la demande de bijoux, nous envisageons donc une hausse de la demande américaine de bijoux, y compris ceux sertis de diamants. »

« Nous pensons que la demande des consommateurs américains va finir par se reprendre grâce à la solidité de l’économie nationale en 2017 et à une hausse de l’actif net des ménages. Cela devrait soutenir les prix du taillé à l’avenir, lesquels devraient continuer à se redresser. Toutefois, l’aspect positif sera probablement amoindri par une faible demande en provenance de Chine. »

« Notre économiste spécialisé dans la Chine pense que la croissance économique chinoise a atteint un pic au premier trimestre et qu’elle va lentement redescendre à l’avenir. Il est probable que cela nuise à la consommation et à la demande de bijoux des particuliers. Les mesures anticorruption vont elles aussi certainement continuer à grever les dépenses de bijoux en Chine. Dans les années à venir, il est probable que l’essor de la classe moyenne favorise la demande globale de bijoux, diamants compris, mais cela prendra du temps. »

« Les directives de production de la De Beers pour 2017 sont de 31 millions à 33 millions de carats contre 27,3 millions de carats pour la production de 2016. ALROSA a indiqué qu’elle augmenterait sa production de 5 % en 2017, passant à 39,2 millions de carats d’ici la fin de l’année. En outre, Rio Tinto a déclaré vouloir accélérer son activité pour atteindre entre 19 et 24 millions de carats cette année contre près de 18 millions de carats en 2016. Une part importante de ces diamants proviennent de la mine Argyle, la plus grande source de diamants bruns, couleur champagne. De ce fait, la production en carats de la De Beers et d’ALROSA reviendrait aux niveaux de 2015 et celle de Rio Tinto serait la plus élevée depuis 2008. En 2016, la production mondiale de diamants avoisinait les 128 millions de carats. Pour 2017, nous pensons que la production devrait atteindre 140 millions de carats, soit une hausse de 9 %. Cette forte augmentation est évaluée en fonction des directives de production des grandes sociétés minières et de l’hypothèse que la part des autres sociétés minières se maintiendra aux alentours de 33 % de la production minière annuelle mondiale, ainsi que sur l’absence de compromis sur les prix du brut. »

« Dans un environnement de marché totalement concurrentiel, cette hausse de la production diamantaire mondiale devrait provoquer une pression à la baisse sur les prix du brut. Toutefois, la structure oligopolistique de l’industrie pourrait éviter une forte chute des prix du brut. Au lieu de cela, les sociétés minières trouveront différentes façons de contourner le problème, par exemple, en conservant les surplus dans les stocks jusqu’à ce que la demande des consommateurs se reprenne. En réalité, depuis le début de l’année, les prix augmentent au cours des sights de la De Beers. »

« Selon certains rapports, lors de quatre sights sur les cinq organisés cette année, les prix de certains diamants ont augmenté et/ou un ajustement a été constaté sur l’assortiment des marchandises. En outre, fin mars, la De Beers a annoncé qu’elle réduirait ses attributions de brut aux sightholders, étant dans l’obligation de satisfaire son engagement à soutenir la fabrication diamantaire en Namibie. Il est probable que ces diamants finiront par arriver sur le marché mondial par un autre canal. Toutefois, les sightholders seront probablement confrontés à une baisse de l’offre, ce qui donnera le sentiment d’une pénurie pour certains diamants. La demande lors des sights de la De Beers a été très bonne au début de l’année mais elle a baissé depuis. Cela pourrait être dû aux stocks existants qui permettent de satisfaire une demande modeste ou au fait que les acteurs de l’industrie se montrent prudents face aux perspectives de la demande des consommateurs, et donc hésitants à acheter du brut », a conclu le rapport.

Source Idexonline