Ventes de brut de la De Beers en octobre : miroir d’un marché déprimé

Rapaport

Les sightholders de la De Beers ont refusé près de la moitié de leurs attributions au cours de la semaine du 5 octobre, ce qui a réduit la valeur estimée du brut vendu lors du sight à 200 millions de dollars.[:]

Cette tendance fait suite à plusieurs refus constatés les mois précédents, assombrissant un peu plus l’humeur lors de la vente, même si la société minière avait maintenu ses prix. Les échanges de brut sur le marché secondaire étaient « extrêmement calmes » après le sight. Les boîtes se vendaient avec une remise par rapport aux tarifs de la De Beers, après intégration des frais supplémentaires comme les services à valeur ajoutée et les frais de courtier, a expliqué Guy Harari, président-directeur général de Bluedax, une société de courtage de brut en ligne.

« L’humeur est au plus bas de ce que l’on a connu au cours de ces derniers sight, a expliqué Guy Harari. Ce n’est plus simplement une question de prix, il n’y a plus d’acheteurs pour le taillé et la demande ne concerne que quelques articles. »

Lors du sight du mois d’août, la De Beers avait autorisé les sightholders à reporter jusqu’à 75 % de leur attribution, tout en réduisant les prix de 8 % à 10 %. La société avait également autorisé les sightholders à réorganiser leurs attributions programmées pour les six sights compris entre octobre et la fin de l’année contractuelle, autrement dit le mois de mars.

« La De Beers a réduit ses prix en août mais cela n’a pas suffi car les tarifs du taillé continuent de chuter, a expliqué un sightholder de Mumbai. Il y a suffisamment de taillé pour la saison et, même si ce n’était pas le cas, que les détaillants cherchent les marchandises. Il est inutile d’acheter [du brut] si vous ne pouvez pas obtenir de bénéfice. »

L’absence de demande pour le taillé

Les sightholders n’ont pas été surpris que la De Beers maintienne ses prix en octobre, même s’ils ont eu des difficultés à obtenir des bénéfices sur son offre de brut.

« La grande préoccupation du marché, ce ne sont plus les prix. C’est l’absence d’acheteurs de taillé qui est inquiétante », a expliqué un sightholder d’Anvers. Il préférerait que les prix du brut restent stables jusqu’à la fin de l’année car une nouvelle vague de réductions pourrait entraîner un recul supplémentaire des prix du taillé.

Les prix du taillé ont plongé en septembre, l’indice RapNet (RAPI™) pour les diamants de 1 carat certifiés par le GIA ayant perdu 3 % pendant le mois et 6,3 % au troisième trimestre.

« Il faut attendre et espérer que les ventes de fin d’année seront solides et que la Chine reviendra dans la course – même si cela semble peu probable pour l’instant, a expliqué le sightholder anversois. Pour l’instant, les marchandises sont pléthoriques et personne n’a envie d’acheter. »

Un stock de taillé suffisant

Le marché continue de connaître une période difficile avec un écoulement des stocks. Il attend d’arriver à un seuil critique, a expliqué David Johnson, responsable des communications pour la filière intermédiaire de la De Beers. Il a reconnu que les sightholders étaient moins optimistes, après être passés par une longue période de difficultés.

Pourtant, David Johnson s’attend à une reprise graduelle lorsque les efforts marketing de la De Beers commenceront à faire effet, autrement dit pendant la période des fêtes. À ce moment-là, les niveaux de stocks devraient finir par s’amenuiser.

Jusque-là, les fabricants continueront à produire du taillé à des niveaux fortement réduits. Un sightholder a fait remarquer que, même si la production d’usine avait chuté de 30 % à 50 % par rapport à l’année dernière, le chiffre d’affaires des ventes de taillé avait lui aussi reculé. « Les niveaux de stock sont donc restés élevés, même si nous avons réduit la production », a-t-il expliqué.

Les sightholders s’attendent à ce que la demande de brut reste faible jusqu’à la fin de l’année et que les miniers adaptent leurs ventes à la réalité du marché.

Quand il pleut, il tombe des cordes

Okavango Diamond Company, l’entreprise paraétatique du Botswana, qui est en droit de vendre 14 % de la production de Debswana, a écoulé des volumes réduits étant donné les conditions de marché, a expliqué son directeur général Toby Frears. Lors de ses enchères d’octobre, Okavango n’a proposé que des diamants dans la catégorie des 10 carats et plus et a fini par annuler sa vente de novembre.

Face à la chute des prix et à l’augmentation des niveaux de stock, certains négociants ont découvert de meilleures opportunités d’achat dans le circuit des enchères et des tenders. Un fabricant a signalé que les prix du brut de 3 à 6 grains – généralement taillé en diamants de 0,25 carat à 0,40 carat – proposé par Petra Diamonds avaient chuté d’environ 17 % lors de ses ventes d’octobre, les marchandises ne s’étant pas vendues avec les prix élevés appliqués précédemment.

« Dans toutes les catégories et dans tous les tenders, le taillé de la grosseur du mêlé (moins de 1 carat) ne fait plus recette », a ajouté le fabricant. Un porte-parole de Petra a refusé de s’exprimer sur les tenders individuels.

À l’instar de la De Beers, ALROSA a maintenu des prix moyens lors de sa vente Alliance, entre le 12 et le 16 octobre, après avoir baissé ses prix d’environ 8 % à 10 % en septembre. Au cours de cette semaine, le PDG Andrey Zharkov a indiqué aux médias russes que les prix avaient perdu 15 % depuis le mois de janvier mais qu’ils devraient rester stables jusqu’à la fin de l’année. La société a de nouveau autorisé ses clients à reporter 50 % de leurs attributions en octobre, selon ce que des sources ont indiqué à Rapaport News. Les porte-parole d’ALROSA n’ont pas souhaité commenter cette actualité.

De même, Guy Harari a affirmé que la demande sur le marché secondaire était sélective et concernait une gamme très étroite de marchandises. Il a indiqué que l’activité limitée sur le marché avait des effets sur tous les acteurs.

« Les gens se montrent prudents. Ils ne veulent pas accorder de crédit car ils ont peur des faillites et il est très difficile de travailler sur un tel marché, a-t-il expliqué. Nous devons nous montrer patients car il n’y a pas de miracle. Lorsqu’il pleut, il pleut sur tout le monde. »

Source Rapaport