Une nouvelle année décisive pour De Beers

Avi Krawitz


De Beers Group s’est une fois de plus retrouvé au cœur de l’actualité lors de la semaine du 5 février. Anglo American, son actionnaire à 85 %, a publié son rapport pour le quatrième trimestre et pour l’année complète, rappelant les baisses constatées sur le marché du diamant en 2023.

Voici les principaux résultats :

Volume des ventes : -19 %, à 27,4 millions de carats ;

– Production : -8 %, à 31,9 millions de carats ;

– Prix moyen : -25 %, à 156 dollars par carat, qui s’explique par « une part plus importante des ventes de brut de faible valeur et une baisse de 6 % de l’indice des prix moyens du brut ».

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La production a été supérieure aux ventes de 4,5 millions de carats, générant un cumul de stocks pour la société, principalement au 4e trimestre, période pendant laquelle les fabricants ont revu leurs achats de brut à la baisse. La situation pourrait perdurer, notamment au moins au premier semestre, le sight de janvier ayant été de 19 % inférieur à celui de l’an dernier.

De Beers cherche à maîtriser les risques, planifiant pour 2024 une production entre 29 millions et 32 millions de carats – des chiffres assez conformes à ceux de l’année dernière, sans oublier qu’elle détient aussi un stock d’environ 4,5 millions de carats. « De Beers envisagera diverses options pour réduire la production, étant donné les conditions actuelles du marché », a déclaré Anglo American.

Face au cumul des stocks, un autre facteur entre en jeu : l’accord récent entre De Beers et le gouvernement du Botswana, qui détient également une participation de 15 % dans le groupe minier. Dans ce contexte, le gouvernement, par l’intermédiaire d’ODC (Okavango Diamond Company), recevra une plus grosse part de la production locale de Debswana Diamond Company (la joint-venture entre ODC et De Beers). La part d’ODC passera de 25 % à 30 % cette année, pour atteindre 50 % au cours de la prochaine décennie.

Malgré sa réticence à conserver du stock, De Beers prévoit aussi le cas où il ne pourrait plus s’approvisionner autant au Botswana.

Ce n’est donc pas une coïncidence si la société investit en Angola, le pays minier qui présente probablement le meilleur potentiel de production actuellement. Le PDG de De Beers Al Cook  a signé un protocole d’entente avec la société paragouvernementale angolaise Endiama au cours de la semaine du 5 février, visant à intensifier l’extraction alluviale et à améliorer la situation sociale dans le pays.

De Beers semble vouloir s’ouvrir à de nouveaux horizons en réduisant sa dépendance à l’égard du Botswana. Cela signifiera moins de diamants pour De Beers dans les années à venir, et ces « stocks de carats » pourraient alors s’avérer utiles. Quoi qu’il en soit, les chiffres ne sont pas extraordinaires et reflètent l’état du marché du diamant en 2023.

Tout cela exerce une pression sur la société parmi ses actionnaires, Anglo « évaluant la valeur comptable de De Beers ». Cet exercice financier vise à établir la valeur de la filiale sur le bilan d’Anglo.

Il faudra que le marché retrouve un contexte plus favorable et que De Beers fasse des efforts pour compenser le manque de production par une augmentation de la valeur. Cette année pourrait bien être – à nouveau – une année déterminante pour la société.


Source Avi Krawitz

Rapport De Beers 2023 complet

Crédit photo : De Beers.