Un tout nouveau monde pour le marché des diamants

Avi Krawitz

Problèmes sanitaires mis à part, le marché diamantaire est en meilleure forme qu’il y a un an. En réalité, la dynamique du marché est sans doute plus saine qu’à n’importe quel moment au cours de la dernière décennie. Cela semble de plus en plus évident puisque les prix du taillé continuent de se renforcer.

La tendance positive peut paraître surprenante si l’on considère les difficultés provoquées par la Covid-19 l’année dernière. Mais elle est peut-être encore plus remarquable si l’on tient compte des conditions difficiles que vivait le marché diamantaire avant le début de la pandémie. On oublie facilement qu’avant 2020, le marché se définissait par un excès de l’offre, maintenant les prix du taillé sur une pente descendante perpétuelle.

L’industrie devait également affronter d’autres questions pressantes. Les sociétés essayaient de mettre au point des programmes de traçabilité pour garantir au consommateur que les diamants naturels sont produits de manière éthique, tandis que les grands fabricants s’aventuraient dans le monde des pierres synthétiques. Parallèlement, l’industrie se demandait comment intégrer les canaux numériques dans un marché travaillant traditionnellement en face à face.

Les temps ont rapidement changé avec la Covid-19. Les excédents se sont transformés en pénurie et la bascule vers le numérique est devenue une nécessité plutôt qu’une option, son adoption se faisant à peu près sans heurts. Les diamants synthétiques devenant plus présents, ils ont commencé à faire moins peur. Les programmes de traçabilité ont eux profité d’un rythme plus soutenu. Dans le même temps, la mondialisation s’est interrompue avec l’arrêt des voyages. Pourtant, le monde s’est rapproché : les réunions et conférences en présence se sont transformées en appels et webinaires sur Zoom. L’industrie a même appris à vivre sans salons commerciaux, du moins pendant un an… et peut-être deux.

Aujourd’hui, en 2021, les difficultés du secteur ont évolué et ses réponses ont mûri. L’offre demeure la plus grosse difficulté à court terme car l’Inde lutte contre une recrudescence des cas de coronavirus.


Mais à l’heure où d’autres marchés commencent à rouvrir, en particulier les grands centres de consommation que sont la Chine et les États-Unis, des questions plus importantes pour le long terme se posent à l’industrie. À quoi doit ressembler une stratégie numérique si les consommateurs retournent dans les boutiques et si les négociants recommencent à se rencontrer en personne ? Comment les fabricants s’adapteront-ils lorsque les sights reprendront au Botswana et que les programmes de valorisation laisseront plus de brut en Afrique australe ? Les acheteurs chinois d’articles de luxe retourneront-ils dans les capitales de la mode pour dépenser leur argent ou choisiront-ils de rester chez eux ? Les détaillants doivent-ils doubler la mise sur la Chine ? Et quel doit être l’axe de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) dans l’environnement post-pandémie ?

Telles sont les questions que nous abordons dans l’édition de mai du Rapaport Research Report. Et même si nous ne sommes pas encore en mesure d’offrir des réponses claires, il est utile de reconnaître que ces questions vont dicter l’ordre du jour de l’industrie diamantaire en 2021. Les perspectives sont largement différentes de ce qu’elles étaient il y a deux ans. Une fois de plus, nous vivons tous dans un monde très différent.

Source Rapaport