Stephan Wolzok : Quand, tous, nous pourrons reprendre nos vies «normalement», le marché fera de même

Alex Shishlo

Rubel & Ménasché, célèbre diamantaire parisien, fournit les maisons de joaillerie de la place Vendôme en marchandises haut-de-gamme depuis plus de 50 ans.

La société s’est vu accorder le statut d’Opérateur Économique Agréé (OEA) de la Commission européenne par le gouvernement français. Cela signifie qu’elle respecte les normes CE en matière de douanes, de tenue comptable, de solvabilité financière et de sûreté et sécurité.

Rubel & Ménasché a été l’une des premières sociétés à être certifiée par le Responsible Jewellery Council. 

Stephan Wolzok, PDG de Rubel & Ménasché, a aimablement accepté de répondre aux questions de Rough&Polished.

Comment la pandémie a-t-elle affecté les producteurs de diamants dans le monde ?

Il est certain que la pandémie a affecté les miniers. Mais ils ont eu le courage de conserver leurs marchandises une partie de l’année, de « tenir » leurs prix et de ne pas forcer les achats. De mon point de vue, ils avaient effectivement les moyens d’absorber les coûts des stocks… Ils ont ainsi été très actifs face à cette crise et ont tenu un rôle de régulateurs très positif. Ils ont soutenu l’ensemble de l’industrie. Leur attitude nous a permis, à nous chez Rubel & Ménasché par exemple, de continuer à acheter, stocker et fabriquer. On ne courrait effectivement pas de risque de baisse de valeur de notre marchandise. Aujourd’hui, les miniers remontent leurs prix, ils régulent l’offre, mais cela me semble juste. Nous avons eu, à mon avis, l’oxygène nécessaire.

Peut-on dire que le marché du diamant se redresse lentement ?

Oui bien sûr, les chiffres de la fin 2020 ont été bons, forts. Chez Rubel & Ménasché, nos carnets de commandes sont bien plus élevés, depuis juillet 2020, qu’à la même époque l’année dernière ! Il y a une vraie reprise sur tous les segments de produits, si ce n’est la haute joaillerie qui n’a pas encore retrouvé son rythme. Les marques prennent de plus en plus de parts de marché. La crise a bel et bien renforcé les grandes Maisons, ce que je retrouve dans les commandes passées à mon entreprise.

Enfin, depuis le 1er confinement, l’année dernière, nous avons tous dû faire des pauses par moments, mais la fermeture de tel ou tel pays était compensée par un autre et a permis de maintenir l’activité…

Quand, selon vous, sera-t-il possible de parler d’une véritable reprise du marché ?

Tout ce que je peux dire, c’est qu’on est sur une très bonne dynamique. La reprise complète ira de pair avec la vaccination. Quand, tous, nous pourrons reprendre nos vies « normalement », le marché fera de même.

Cette crise a eu ceci de bon que bon nombre de personnes ont eu envie de se faire plaisir avec des bijoux. Mais vraiment plaisir.

Quels sont les principaux moteurs de la croissance du marché à l’heure actuelle ?

L’un des principaux moteurs de croissance de notre industrie est le fait que nous communiquions sur nos diamants pour ressusciter l’envie, la flamme. Nous devons être clairs et honnêtes sur notre produit.

Certains consommateurs préfèreront des diamants venus de la terre, d’autres pas. Mais il faut retenir que notre industrie, les diamants naturels que nous proposons, sont intègres à plus de 99 % et que tous nous avons en tête d’atteindre les 100 % ! La transparence, de bonnes pratiques professionnelles, s’engager pour l’égalité, tout cela est fondamental. C’est bien cela qui est notre moteur de croissance. Et tout cela dans la gaité… Le diamant n’est pas un produit austère… Les yeux à son contact brillent toujours !

Vous le savez, dans notre secteur, tout est resté secret très longtemps. Le métier se transmettait de père en fils, on se baladait avec des diamants dans les poches et plein les poches… Il n’était alors pas question de crier sur les toits qu’on était diamantaire ! Et, par extension, on ne communiquait pas plus sur l’industrie que sur notre métier !
Petit à petit, les demandes des Maisons, des organismes financiers, des consommateurs ont changé la donne. On a fait le ménage, demandé des garanties, rendu le sourcing plus sûr… Bref, la transparence est vitale, comme d’avoir la certitude que votre fournisseur pourra vous livrer !

Pensez-vous que les spécialistes du marketing doivent élaborer une stratégie fondamentalement nouvelle, visant à populariser les diamants auprès de la « génération Internet » ?

Oui bien sûr qu’il faut développer une stratégie adaptée… Mais ne me demandez pas laquelle, je ne la connais pas ! Rubel & Ménasché travaille en B to B. Il faut donner aux plus jeunes le goût des diamants, faire naitre en eux les valeurs, l’émotion que véhiculent les diamants. La génération précédente portait peu ses bijoux, ce qui n’a pas aidé à y sensibiliser les jeunes ! Il faut donc reprendre le dialogue et raconter ce qu’est notre industrie, que ce soit ludique, clair, net ; raconter la belle histoire exactement telle qu’elle est. Cela éveillera des envies !

Dans quelle mesure pensez-vous que les diamants de laboratoire peuvent menacer le marché des pierres naturelles ?

Les diamants de laboratoire ne représentent aucune menace ! Arrêtons de penser cela. Chaque client doit trouver chaussure à son pied. Finalement, pourquoi ne pas porter les deux ? Selon les circonstances peut-être qu’une personne préfèrera s’offrir ou se faire offrir un diamant synthétique. Je suis persuadé que le synthétique pourrait faire venir de nouveaux clients au diamant naturel… Le plus important est que le message du bijoutier soit clair. Arrêtons d’avoir peur !

Dites-nous vos espoirs et votre vision pour l’année en cours, 2021.

Je pense que la Covid-19 ne doit pas être un prétexte pour faire moins. Clairement, ce n’est pas mon truc. Les gens sont inquiets. Mais, selon moi, on peut, tout en mesurant la menace, rester ouvert. Il faut aller encore plus vers les autres, être plus solidaires et faire attention à son voisin… oui celui qui est juste à côté de vous, que vous croisez tous les jours… Allez au commerce du coin de votre rue !

En ce sens, mon espoir serait que, suite à cette crise, tout le monde partage globalement un peu plus. Il n’est pas pensable pour moi qu’aujourd’hui des gens qui travaillent ne puissent s’offrir un toit à eux. On ne peut plus se dire « on ne peut pas » justement ! Il faut aller vers plus de partage ! Chez Rubel & Ménasché, c’est d’ailleurs quelque chose que l’on essaie de mettre en place. Le « bien vivre » et le « bien être » dans notre entreprise, dans la simplicité, sans grand discours.

J’espère que tous mes employés seront de plus en plus satisfaits de venir travailler chez nous ! J’ai envie qu’ils soient heureux et que leur expérience chez Rubel & Ménasché leur apporte beaucoup pour l’avenir…

Source Rough&Polished