Sarine inaugure l’ère de la certification en interne

Avi Krawitz

Sarine Technologies vient de lancer une nouvelle plate-forme permettant aux fabricants d’exploiter ses systèmes de certification automatisée afin de publier un rapport en interne, répondant ainsi aux besoins des bijoutiers.

Au cours de la semaine du 9 mars, la société a présenté son innovation intitulée eGrading dans une campagne vidéo sur YouTube, prétendant que son concept « changerait la certification des diamants à jamais. » Celui-ci permet aux fabricants de produire eux-mêmes une certification tierce sur les 4C (taille, carats, couleur et pureté) et sur d’autres paramètres personnalisés exigés par le bijoutier, sans avoir à adresser le diamant à un laboratoire de certification.

« Nous considérons que le marché avance dans cette direction. Notre technologie est maintenant suffisamment mature pour que cela soit possible », a indiqué David Block, son PDG, à Rapaport News dans un point presse au Centre des innovations de Sarine à Hod Hasharon, en Israël. 

« L’aspect numérique permet de personnaliser le rapport, ce qui est difficile pour un laboratoire, a expliqué David Block.Lorsque vous certifiez le diamant à la source, le fabricant est alors responsable de son propre destin. »

L’initiative s’appuie sur les systèmes de certification automatisée de Sarine. La société avait annoncé pour la première fois en 2016 sa capacité à automatiser la certification de la couleur et de la pureté, et donc des 4C. Elle fait appel à l’apprentissage automatique de l’intelligence artificielle (IA) pour évaluer les résultats de certification de dizaines de milliers de diamants, afin de parvenir en toute confiance à sa décision de couleur et de pureté.

Autoriser le fabricant à exécuter le rapport lui permet d’assurer un service plus personnalisé pour le bijoutier. David Block considère qu’eGrading améliorera l’efficacité des fabricants, qui n’auront plus à envoyer leurs pierres au laboratoire, tout en conservant la vérification d’un tiers. Ils gagneront ainsi du temps, de l’argent et disposeront du diamant pour le vendre. Quant au détaillant, il peut acquérir les bonnes marchandises auprès de son fournisseur plus rapidement. 

Netflix versus vidéoclubs


David Block s’est appuyé sur l’expérience du marché de la vidéo pour savoir comment eGrading pourrait améliorer les capacités d’approvisionnement d’un bijoutier. 

Netflix est capable de vous suggérer les films que vous pourriez aimer, d’après ce que vous avez regardé, et vous permet de visionner la bande-annonce avant de vous décider, le tout confortablement installé dans votre canapé. Quel contraste par rapport au modèle des vidéoclubs, pour lesquels vous deviez aller en magasin choisir un film que vous risquiez de ne pas aimer, a indiqué David Block.

« La certification des diamants en est toujours à l’époque des vidéoclubs : le diamant doit être envoyé au laboratoire, puis il faut attendre que la certification soit faite (c’est le laboratoire qui décide qui passe en premier). Vous recevez ensuite la pierre avec certains critères qui sont souvent insuffisants au moment de vendre le diamant », a-t-il ajouté, expliquant que les certificats de laboratoire sont trop génériques.

Et même si le détaillant souhaite mettre en avant d’autres paramètres, comme la fluorescence de la pierre ou différents types d’inclusions, entre autres, David Block affirme qu’il est difficile et onéreux pour les laboratoires d’atteindre ce niveau de détail.

Le marché est prêt


Sarine prétend que sa technologie sera capable de fournir ces détails à mesure que le système évoluera, grâce aux principes d’apprentissage automatique de l’IA utilisés pour d’autres paramètres et qu’il applique à sa certification de couleur et de pureté.

En ce sens, son programme eGrading n’est pas un produit fini et ne le sera probablement jamais car les systèmes de Sarine évoluent et s’améliorent sans cesse, d’après David Block. « Nous présentons notre vision de l’avenir du marché. Nous avons développé la technologie qui devrait le rendre possible, d’après nous », a-t-il souligné.

La société s’attend à franchir plusieurs nouvelles étapes en 2020, à mesure qu’elle déploiera le programme sur le marché, a assuré David Block, sans en divulguer les détails.

Il considère que l’industrie est plus que prête à accueillir le changement culturel proposé par la société, faisant observer que « la filière intermédiaire est très portée sur la technologie. »

Un moyen pour une fin


David Block reconnaît aussi que d’autres pourraient entrer dans cette sphère. Des représentants de De Beers et du Gemological Institute of America (GIA) ont rejoint David Block dans un atelier à la Dubai Diamond Conference en septembre, affirmant que l’automatisation des processus diamantaires arriverait « plus tôt qu’on ne pense. » Chacun à son tour a souligné être prêt à proposer une solution.

Sarine pense qu’elle peut être en tête de la « révolution technologique » de l’industrie diamantaire, étant donné que cette technologie est sa compétence essentielle.
D’autres sociétés de développement technologique ciblent également d’autres domaines au sein de la filière diamantaire. La technologie, a-t-il souligné, jouera un rôle important pour amener des changements considérables dans l’industrie diamantaire. 

Dans ce sens, l’objectif de l’initiative eGrading de Sarine est de recentrer la vision actuelle des rapports de certification, a ajouté David Block. 

« La certification diamantaire n’est pas un but en soi. L’objectif est plutôt d’aider à tarifer un diamant et d’aider à trouver les articles recherchés, a indiqué David Block. Nous voulons améliorer le processus pour atteindre cet objectif d’approvisionnement des diamants. La manière dont les gens achètent les diamants va changer. Il est naturel que l’industrie bascule dans cette direction. »

Source Rapaport