Si la règle d’or dans l’immobilier est de trouver l’emplacement idéal, dans l’industrie du diamant, il s’agit de nouer des relations. [:]Non seulement sur un plan personnel, entre négociants, acheteurs et fournisseurs, mais aussi entre les bourses du diamant, qui entrent de plus en plus en contact pour faciliter les échanges.
Déjà, en 2014, la bourse d’Israël avait accueilli le Diamond Dealers Club de New York (DDC) ; elle avait également co-organisé, avec le Gem and Jewellery Export Promotion Council (GJEPC) indien, un salon des diamants et des bijoux à Dubaï. Quant au salon commercial du diamant d’Anvers, accessible sur invitation uniquement, il était organisé pour la cinquième année consécutive. Certes, chacun de ces événements adopte un modèle différent, mais ils prouvent bien que la coopération se renforce au sein du marché mondial du diamant taillé.
Il est important de comprendre les objectifs de ces nouvelles relations entre les bourses diamantaires.
[two_third]Le rôle des salles de bourses du diamant a récemment été remis en question. Avec l’avènement d’Internet et un besoin sans cesse croissant de certifier des diamants, les marchandises sont désormais visibles en ligne et les négociations sont généralement conclues dans des bureaux, par téléphone ou derrière des portes fermées. Le parquet de la bourse a donc beaucoup perdu en vitalité et en pertinence.[/two_third][one_third_last]
« Le rôle des salles de bourses du diamant a récemment été remis en question. »
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Les bourses diamantaires d’Anvers, Israël et New York notamment ont engagé des efforts admirables pour restaurer une partie de ce dynamisme. Cette semaine, la Semaine américaine et internationale du diamant (au nom assez insipide) a réuni, en Israël, environ 400 sociétés exposantes, 350 acheteurs annoncés en provenance de 20 pays et 1 milliard de dollars de marchandises mises en vente.
Le même genre d’événement a été proposé à New York, avec l’organisation, par le DDC, en novembre, de la deuxième semaine annuelle du diamant d’Israël. Le DDC a également planifié la semaine du diamant d’Anvers à New York, en collaboration avec Beurs voor Diamanthandel, du 5 au 8 mai. Enfin, l’organisme est en pourparlers avec la bourse du diamant de Bharat, pour organiser une semaine du diamant de l’Inde à New York, bien que rien de concret ne soit encore précisé.
Notons la différence entre ces événements – qui visent à créer des réseaux entre les négociants – et les salons commerciaux des diamants et des bijoux, dont le succès se mesure globalement à la présence des détaillants.
Pendant sept jours au moins, durant les diverses « semaines du diamant », les négociants se remémorent les bousculades dont les salles de bourse étaient autrefois le théâtre. Cette semaine, en Israël, lors de la Semaine américaine et internationale du diamant, les fournisseurs ont remarqué que les échanges s’effectuaient presque exclusivement entre négociants et, surtout, entre Israéliens déjà présents dans la bourse.
Certains attendaient des détaillants étrangers, mais ils se sont trompés, car ces événements sont destinés aux négociants. Traiter avec des négociants fait resurgir un sentiment d’authenticité : celui d’un marché constitué de personnes et de leurs marchandises, aussi spectaculaires que négociables.
Toutefois, on ne mesure pas le succès d’un événement à sa simple existence. Les organisateurs doivent s’assurer qu’il va stimuler l’activité des centres, pour atteindre un niveau viable. Pour y parvenir, ces « semaines du diamant » doivent cibler des relations spécifiques, entre certains centres bien précis. Dès lors, la marque « semaine américaine et internationale du diamant en Israël » tombe mal à propos. Souligner la relation unique d’Israël avec les États-Unis – son principal marché –, comme cela était initialement prévu, aurait été suffisant et, surtout, plus efficace sur le long cours. Israël devrait rechercher des partenariats séparés avec les bourses diamantaires de Belgique, d’Inde ou de Shanghai et dans d’autres sites « internationaux », afin de renforcer ses relations à long terme.
Il devrait en aller de même pour l’Inde. Principal centre de fabrication au monde, l’Inde présente des besoins différents de ceux des centres de négoce. Du fait de l’abondance de marchandises qui y sont fabriquées, le pays prévoit que les acheteurs se rendent automatiquement à Mumbai et à Surat. L’Inde adopte donc une approche relativement insulaire, qui a nui à ses relations commerciales. En outre, les salons du GJEPC sont devenus des événements essentiellement nationaux.
Le salon Dubai Global Gem & Jewellery Fair, qui a eu lieu en mars, co-organisé par le GJEPC et le Dubai Multi-Commodities Centre (DMCC), a permis d’avancer dans la bonne direction – même si l’événement n’était pas entièrement consacré aux diamants. La bourse du diamant de Bharat rendrait un grand service à ses membres en participant à la semaine indienne du diamant proposée à New York – ou n’importe où ailleurs.
La formule est assez simple. Comme l’a expliqué David Lasher, directeur du marketing et du développement du DDC, « lorsque vous rassemblez des négociants dans la même pièce, il se passe des choses. » Or, les bourses diamantaires savent bien qu’elles doivent faciliter cet échange. Elles savent aussi que chaque centre a ses propres besoins, sa personnalité, ses acheteurs et une disponibilité de marchandises que les autres peuvent exploiter.
[two_third]Au contraire, sur le marché du brut, la concurrence fait rage entre les centres de négoce. Les relations se forgent entre les centres d’échange et les sociétés ou pays producteurs, puisque des centres comme Anvers, Israël et Dubaï se font concurrence pour l’approvisionnement de brut de leurs acheteurs et, ainsi, maintenir leur position sur le marché.[/two_third][one_third_last]
« Au contraire, sur le marché du brut, la concurrence fait rage entre les centres de négoce. »
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Cherchant à devenir un grand centre d’échange de brut, le Dubai Diamond Exchange (DDE) a coopté des responsables d’Afrique du Sud, du Zimbabwe et de Namibie à son conseil d’administration en 2014. Il a également signé, cette semaine, un accord de coopération avec ALROSA, la société minière russe.
La mondialisation du marché du brut est tout à fait différente de celle du marché du taillé, car elle se concentre généralement sur les sites où se trouvent les diamants bruts. À l’inverse, le réveil des salles de bourse montre la nature véritablement mondiale du marché des diamants taillés.
Il était inévitable que le modèle d’activité des bourses diamantaires change. On peut même noter une certaine ironie dans le fait qu’elles reviennent à leurs origines pour rester pertinentes. Elles doivent trouver des manières créatives de ramener les négociants dans la salle de bourse. Après tout, dans les échanges de taillé, les personnes comptent autant que les diamants. Pour faciliter leur essor, les centres de négoce basculent de la concurrence à la coopération.
Photo Antwerp Diamond Fair Trade