Reconnaître les forces du Kimberley Process mais également ses limites, et par conséquent les obligations de l’industrie

Edward Asscher

Communiqué de presse – Dans un article publié dans le numéro d’août de Rapaport Magazine, intitulé « Les atrocités qui hantent les gisements diamantaires du Zimbabwe », Farai Maguwu, un courageux leader de la société civile, décrit la détresse des mineurs artisans dans la région de Marange.

Ils forment une communauté que M. Maguwu défend depuis longtemps. Le WDC respecte profondément les efforts désintéressés qu’il a engagés en leur nom, souvent avec des risques importants pour lui-même. Lorsqu’il a été arrêté en 2010 à cause de ses activités, le WDC a fait pression pour sa libération et s’en est fait le défenseur.

Je n’ai absolument pas l’intention de remettre en question les détails de son article. Son récit évoque des violations des droits de l’homme et des cas de corruption et d’extorsion, commis à Marange par des responsables de sécurité venant aussi bien de sociétés privées que de l’État.

Ce que je voudrais évoquer, c’est la capacité du Kimberley Process (KP) à traiter cette situation au Zimbabwe. En sous-titre à l’article de M. Maguwu, les rédacteurs-en-chef de Rapaport ont écrit que le KP « continue son écoblanchiment des diamants du conflit au Zimbabwe. » Je comprends leur sentiment mais ils attribuent au KP des pouvoirs qu’il n’a pas actuellement.

Pendant presque 19 ans, le Système de certification du Kimberley Process (KPCS) a connu un succès remarquable dans l’élimination de la quasi-totalité du marché du brut utilisé pour financer la guerre civile. Il faut noter que, d’après le document de base du KP, les « diamants du conflit » ne concernent que les diamants bruts utilisés par les mouvements rebelles pour financer des guerres contre des gouvernements légitimes. Par conséquent, puisqu’il n’existe à ce jour pas de guerre civile au Zimbabwe, par définition, aucun diamant du conflit n’est produit dans le pays.

Le KPCS est malheureusement limité dans son champ d’application. Sauf élargissement de son amplitude, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il apporte des solutions aux autres difficultés qui touchent les mineurs artisans, notamment les violations des droits de l’homme et du travail, la corruption et les pots-de-vin.

Le WDC estime depuis longtemps que la mission du KPCS doit être étendue afin qu’il puisse s’attaquer au type de difficultés que décrit M. Maguwu. Pour cela, il convient d’élargir la définition des « diamants du conflit », de sorte que l’organisme ait les pleins pouvoirs pour s’intéresser à tous les cas de violence systémique relative aux diamants bruts.

À cette fin, nous avons travaillé en étroite collaboration avec la coalition de la société civile et plusieurs autres participants du KP. Au cours du processus de révision de trois ans, qui s’est conclu en 2019, nous sommes parvenus à convaincre une majorité des participants du gouvernement que le changement était nécessaire. Nous ne sommes toutefois pas parvenus à obtenir un consensus total, nécessaire pour modifier la définition des « diamants du conflit ». Heureusement, ce sujet est toujours à l’ordre du jour du KP, grâce à la position de la présidence 2021, qui choisit de ne pas attendre le prochain cycle de révision de trois ans.

Je ne veux pas que l’on croie que nous sommes restés les bras croisés en attendant que le KP soit capable d’atteindre le consensus. Nous avons l’obligation de protéger les intérêts de nos fournisseurs, y compris des mineurs artisans, et de nos clients qui exigent que les produits qu’ils achètent aient une valeur sociale et que leur intégrité ne soit pas compromise.

C’est le but que l’industrie doit atteindre en appliquant des opérations de due diligence. Par conséquent, le WDC a mis à jour son Système de garanties, grâce auquel un vendeur de n’importe quel diamant brut, diamant taillé ou diamant serti sur un bijou déclare, sur son document de transaction, que la marchandise est conforme au KP, mais qu’elle respecte également les principes universels des droits de l’homme, des droits du travail et de la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent.

C’est également la raison pour laquelle nous encourageons les participants de notre chaîne d’approvisionnement à mettre en place des codes de bonnes pratiques, contrôlés par des tiers indépendants, comme celui qui a été développé par le Responsible Jewellery Council et par certaines sociétés minières.

Grâce à cet effort concerté, ainsi qu’à l’élargissement du champ d’application du KPCS, je considère que nous sommes en mesure de répondre aux types de questions que soulève M. Maguwu. Pour ceux qui vivent dans les pays où notre produit est extrait, transformé et vendu, le diamant doit être une ressource de développement durable et un symbole d’espoir pour les générations futures.

By Edward Asscher, WDC President

Source World Diamond Council