Recherche : dialogue entre diamants naturels et diamants synthétiques

Rob Bates

La réunion d’hier sur les diamants synthétiques s’est révélée être un exercice très utile pour arriver à comprendre vers où se dirige l’industrie. Or, la rencontre n’était pas officielle, je ne peux donc pas rapporter grand-chose à ce sujet. J’aimerais cependant relayer le conseil que j’ai donné lors de cette réunion.[:]

Mais, avant cela, permettez-moi de revenir à l’époque où l’industrie a commencé à entendre parler des diamants de laboratoire. Quand Gemesis et Apollo Diamond ont fait irruption dans le paysage, les responsables de ces organisations ont tout fait pour les mettre en évidence et garantir leur qualité. Carter Clarke et Bryant Linares ont assisté à d’innombrables conférences de l’industrie. Les professionnels ont commencé à prendre conscience du produit. Certains ont commencé à le vendre.

Tout cela a changé. Les sociétés d’aujourd’hui ne sont pas transparentes, elles demeurent souvent impénétrables. Celles faisant dans le synthétique semblent de plus en plus se considérer comme extérieures à l’industrie traditionnelle.

Prenez, par exemple, le récent tumulte entourant les diamants synthétiques. Presque tous les groupes ont évoqué le sujet, y compris la De Beers. Mais une voix manquait dans tout ce tumulte : celle des fabricants de diamants de laboratoire. Ils se sont à peine manifestés sur ce sujet, qui présente pourtant un intérêt considérable pour eux. Les vieilles sociétés se sont mises en quatre pour faire savoir qu’elles s’engageaient en matière de transparence. Pourtant, quand on discute avec certains cadres aujourd’hui – pas tous, mais certains – ils déclarent qu’ils croient à la transparence, mais fondamentalement, que ce n’est pas leur problème.

En fait, ils sont bien concernés, et ce genre d’attitude manque singulièrement de perspective. L’absence de déclaration, en plus d’être illégale, nourrit une image négative des diamants de laboratoire. Pensez au pire cauchemar de l’industrie : un consommateur qui révèlerait à la télé qu’on lui a vendu des diamants de laboratoire, alors qu’il s’attendait à des diamants naturels. Non seulement cela serait préjudiciable à l’industrie du diamant naturel mais impacterait aussi l’industrie du synthétique. Les fabricants de diamants de laboratoire déclarent souvent qu’ils refusent le mot « synthétique » car ils ne veulent pas que leur produit soit associé au mot « faux ». Est-il préférable qu’il soit associé aux termes de « fraude », « déclaration inexacte » et « activité illégale » ? Quel message vaut-il mieux faire passer aux consommateurs – « J’ai acheté un diamant de laboratoire. C’est bien mieux qu’un diamant naturel. Je suis tout excité. » ou « J’ai reçu un diamant de laboratoire alors que je m’attendais à un diamant naturel. Je suis très contrarié » ? Il me semble que, si l’on ne veut pas que son produit passe pour « faux », il ne faut pas que les gens soient dupés. 

Et, en effet, plus les consommateurs sont déçus par les diamants, plus ils se tournent vers les pierres de couleur pour leurs bagues de fiançailles. Et cela nuit à tous ceux qui vendent des diamants, peu importe le type.

[two_third]Pour sortir de cette crise, l’industrie du diamant naturel pourrait entamer un dialogue avec celle du synthétique. Bien sûr, certaines organisations, comme la De Beers, seront par nature hostiles aux synthétiques, qui peuvent représenter une menace pour leur modèle économique. Il y aura aussi des zones de désaccord, surtout en ce qui concerne la nomenclature (« synthétique », « de culture » ou « étrangers aux conflits »). Ce n’est pas grave. Il n’est pas nécessaire que l’accord soit absolu. Au final, la plupart des questions de cet ordre seront réglées par la Federal Trade Commission aux États-Unis et il est possible que sa décision fixe une norme mondiale.[/two_third]

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« Pour sortir de cette crise, l’industrie du diamant naturel pourrait entamer un dialogue avec celle du synthétique. »

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L’industrie du diamant naturel et celle du synthétique ont bien plus en commun qu’il n’y paraît. Elles ont la même activité et vendent la même marchandise – seule diffère la méthode de production. En fin de compte, c’est le consommateur qui jugera si cette méthode est bonne, mauvaise ou si elle lui importe peu.

Un jour ou l’autre, l’industrie du synthétique et celle des diamants extraits devront coexister. Dans un sens, cela a déjà commencé. Les esprits éclairés vont devoir trouver un moyen de rendre cette coexistence un peu plus pacifique, de sorte que ce nouveau produit prometteur puisse être vendu de manière à protéger les clients et la réputation des industries. Car, au final, si les deux mondes ne se mettent pas à communiquer et à travailler ensemble, le contrecoup pourrait sérieusement affecter l’un et l’autre.

Source JCK Online