Principes directeurs – RSE

Avi Krawitz

La conférence annuelle de Rapaport sur le commerce équitable, organisée à Las Vegas en juin, a cherché à développer un vaste ensemble de valeurs, vecteur d’une meilleure responsabilité sociale des entreprises (CSR) dans toute la chaîne d’approvisionnement des bijoux.[:] La conférence est parvenue à un consensus sur 10 à 12 points, conformes à ce que l’industrie souhaite appliquer dans ses programmes CSR.

Les discussions ont volontairement évité d’approfondir des actions spécifiques ou des mesures législatives qui pourraient peser sur le secteur.

« Notre objectif est de trouver un terrain d’entente quant aux valeurs souhaitables pour toute l’industrie, a déclaré Martin Rapaport, le président du Rapaport Group, qui animait la discussion. N’aborder que les grandes lignes, sans trop entrer dans les détails, donne aux gens l’occasion d’interagir, de trouver la bonne façon de participer, avec le juste équilibre pour chacun. »

Les intervenants rassemblaient des membres du secteur minier artisanal, des fabricants et des négociants de diamants, des joailliers, des représentants du secteur des pierres de couleur, ainsi que des représentants de la société civile et des gouvernements. Il s’agissait des personnes suivantes :

• Ngomesia Mayer-Kechom, directeur des programmes internationaux à la Diamond Development Initiative (DDI) ;

• Eric Braunwart, président de Columbia Gem House ;

• Moti Besser, directeur général de l’Israel Diamond Exchange (IDE) ;

• Gaetano Cavalieri, président de la World Jewellery Confederation (CIBJO) ;

• Kenneth Porter, responsable du développement de l’extraction minière équitable pour l’Alliance for Responsible Mining (ARM) ;

• Tebelelo Mazile Seretse, ambassadeur du Botswana aux États-Unis ;

• Martin Rapaport, président du Rapaport Group ;

• Christina Miller, directrice exécutive d’Ethical Metalsmiths ;

• David Bouffard, vice-président des affaires commerciales chez Signet Jewelers ;

• David Bonaparte, président et PDG de Jewelers of America ;

• Ronnie Vanderlinden, président de la Diamond Manufacturers Association of America (DMIA) ;

• Douglas Hucker, PDG de l’American Gem Trade Association (AGTA) ;

• Roland Naftule, vice-président du CIBJO.

Eric Braunwart a ouvert la discussion par une description de l’initiative Gem Vision 2020, développée par sa société avec ses associés au Malawi. Son but est d’élaborer des objectifs que les organisations peuvent soutenir et développer. L’idée découle vaguement des objectifs du Millénaire pour le développement des Nations unies, qui vise à soutenir les personnes les plus pauvres du monde.

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Crédit image : Groupe Bel. Les principes de la communication RSE selon le Groupe Bel.

Les principes de Gem Vision, décrits par Eric Braunwart, permettent aux parties prenantes de réaliser les points suivants :

1. Reconnaître et appuyer le fait que, de la mine jusqu’au consommateur, chaque acteur de l’industrie est important. Ce faisant, il a expliqué que l’industrie peut se rassembler pour tenter d’améliorer son produit et la valeur émotionnelle qu’il véhicule.

2. Développer le concept de beauté absolue des diamants, qui tienne compte tout autant de leur valeur intrinsèque que de leur valeur émotionnelle – à laquelle contribuent tous ceux qui travaillent à les mettre sur le marché.

3. Encourager tous les intervenants de la chaîne d’approvisionnement à se soutenir mutuellement pour atteindre leurs objectifs.

4. Identifier les normes de santé dans l’industrie.

5. Soutenir la protection de l’environnement en tous lieux et dans tous les secteurs.

6. Encourager et soutenir l’éducation dans différents lieux, pour aider les personnes à comprendre ce qu’est notre produit, comment il est fabriqué et, éventuellement, aider les membres de l’industrie à recevoir un enseignement qu’ils pourront aussi appliquer dans d’autres domaines.

7. Développer un ensemble minimum de normes de sécurité de base, qui pourront être utilisées dans toute la chaîne d’approvisionnement.

8. Soutenir le concept d’une diversification durable des emplois dans les différents domaines, mais en particulier dans les régions minières.

9. Améliorer le concept de l’utilisation des diamants et des bijoux en tant qu’outil d’atténuation de la pauvreté.

10. Encourager et promouvoir la beauté et la valeur émotionnelle d’une chaîne d’approvisionnement philanthropique.

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Lors des discussions qui ont suivi, il a été suggéré d’ajouter à la liste le principe suivant : refuser la « main-d’œuvre exploitée » dans toute la chaîne d’approvisionnement et offrir l’égalité des chances à chacun dans l’industrie.

Eric Braunwart a mis en exergue l’élément humain au sein de ces principes, de même que la nécessité de transcender le produit, pour favoriser les personnes impliquées dans l’industrie de la joaillerie. « Tout repose sur les personnes, a-t-il expliqué. Ce sont des personnes qui mettent notre produit sur le marché et des personnes qui l’achètent. Nous devons donc bien comprendre l’humain dans ce que nous faisons, pour que notre produit laisse une impression positive. »

Les discussions ont surtout insisté sur ce que cette initiative n’est pas. Premièrement, ce n’est pas une loi. Elle ne contraint pas non plus les membres du secteur à organiser des audits supplémentaires. Les participants ont évoqué une importante « lassitude » face aux audits dans l’industrie, due aux exigences des différents programmes de vérification des sources. La discussion a été soigneusement dirigée, de manière à éviter d’imposer de nouvelles obligations aux participants.

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« Mettre en exergue l’élément humain au sein de ces principes, de même que la nécessité de transcender le produit, pour favoriser les personnes impliquées dans l’industrie de la joaillerie. »

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L’intention de la réunion était plutôt de maintenir une liste aussi générale et intégrante que possible, afin que les principes s’appliquent à tous dans l’industrie. Les sociétés ou les organisations qui souhaitent s’impliquer plus avant sur des sujets spécifiques de leurs programmes CSR peuvent le faire d’elles-mêmes, sans enfreindre ces principes directeurs.

David Bouffard, de Signet, a souligné que, pour réussir, l’initiative nécessiterait le soutien tripartite de l’industrie, du gouvernement et de la société civile. Les participants en ont convenu, après avoir rejeté les craintes que l’implication du gouvernement risquait de donner lieu à de nouvelles lois – chose que très peu étaient prêts à soutenir.

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Eric Braunwart a souligné que l’idée était de se concentrer sur ce que tout le monde pouvait accepter, plutôt que d’essayer de trouver des solutions à des points de discorde. Cela pourrait expliquer l’absence inhabituelle de résistance qui a régné sur la discussion. Tout le monde a soutenu les principes généraux soulignés par Eric Braunwart, au moins oralement.

La prochaine étape consisterait à attester de cet accord par écrit. Les participants sont tombés d’accord sur la préparation d’un document ouvert. Celui-ci leur serait envoyé pour approbation et soulignerait les valeurs essentielles que l’industrie doit suivre.

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« La prochaine étape consisterait à attester de cet accord par écrit. »

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Certes, il sera peut-être plus compliqué d’obtenir le consensus des communautés représentées par les participants, mais les principes soulignés par Eric Braunwart – et, par défaut, le document à venir – ne devraient pas rencontrer beaucoup de résistance. Après tout, ces principes sont conçus de façon suffisamment large et inclusive pour s’appliquer à toute la chaîne d’approvisionnement des bijoux. L’idée, comme l’ont remarqué les participants, est de soutenir des valeurs auxquelles nous pouvons tous adhérer. Si l’on parvenait à définir cet ensemble de valeurs pour guider l’industrie, cela représenterait une avancée positive et montrerait que le marché des bijoux est en effet une chaîne d’approvisionnement proche de l’humain, qui se soucie plus des personnes que du produit.

Source Rapaport

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