Plus gros diamant synthétique CVD identifié en France

Aurélien Delaunay

Le Laboratoire Français de Gemmologie (LFG) détecte quelquefois des diamants synthétiques sur le marché français. Ces diamants synthétiques sont généralement des diamants de petites dimensions (entre 7/10 mm et 20/10 mm) mélangés dans des lots de diamants mêlés naturels destinés à être utilisés en pavage sur des bijoux.[:] Plus rarement, nous rencontrons des diamants synthétiques isolés de plus grandes dimensions (mais moins de 0,2 g équivalent à 1 ct).

Très récemment, le LFG a été sollicité par un client possédant un bureau de rachat de gemmes et de métaux précieux pour l’analyse de ce qu’il avait acheté pour un diamant naturel (Figure 1). Cette pierre de 0.44 g (équivalent à 2,13 ct) s’est révélée être un diamant de type IIa, c’est à dire potentiellement naturel, synthétique ou traité.

Ce type de diamant est donc soumis à d’autres analyses que les diamants de type Ia, notamment l’imagerie de luminescence, ou des spectres de photoluminescence à basse température, afin d’identifier la pierre.

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Figure 1 : diamant synthétique CVD de 0.44 g analysé au LFG

En observant la pierre à la loupe binoculaire, des inclusions graphitées (fractures d’éclatement) en nuages sont nettement visibles. D’autres inclusions souvent disposées sur un plan sont également observables laissant supposer que la formation de ces inclusions est liée à la morphologie de croissance du matériau (Figure 2).

Entre polariseurs croisés, des anomalies de polarisation parallèles, et perpendiculaires à la table, similaires à celles déjà documentées dans les diamants synthétiques CVD (dépôt chimique en phase vapeur) sont visibles (Figure 3 ; Delaunay A. et Fritsch E., Premiers diamants synthétiques déposés pour analyse au Laboratoire Français de Gemmologie, Revue de l’Association Française de Gemmologie, n°190, 2014). Ceci se vérifie dans plusieurs directions différentes, contrairement à certaines figures similaires observées dans certains type IIa naturels.

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Figure 2 : inclusions graphitées dans le diamant synthétique CVD, photo A. Delaunay x50

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Figure 3 : anomalies de polarisation observées entre filtres polariseurs croisés en forme de « brosse » caractéristique des diamants synthétiques CVD

La pierre a été ensuite observée avec le DiamondView™, instrument d’imagerie de luminescence avec une source de forte énergie à 220 nm. Des structures en couches parallèles caractéristiques des diamants synthétiques créés avec la méthode CVD sont observables (Figure 4). On note dans la figure au moins cinq épisodes de croissance successifs, séparés par des bandes plus fortement luminescentes, témoins de ces zones d’arrêt-reprise.

La nature de la pierre soumise a été confirmée en spectrométrie de photoluminescence à basse température avec la présence de centres caractéristiques des diamants synthétiques CVD comme le centre Si-Và 737 nm.

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Figure 4 : image DiamondView™ du diamant synthétique CVD avec les couches superposées nettement visibles (photo A. Herreweghe, LFG)

Ce diamant synthétique est le plus gros diamant synthétique CVD identifié en France au LFG. Aucune gravure n’a été observée sur le rondiste de cette pierre alors que la plupart des fabricants de diamants synthétiques inscrivent leur marque dans un souci de traçabilité. Cette pierre est donc un exemple frauduleux pour la faire passer pour un diamant naturel.

Les professionnels de la bijouterie-joaillerie en France doivent être avertis de ces dangers. Ils peuvent se prémunir en ayant une bonne connaissance en se formant ou en faisant analyser leurs pierres dans un laboratoire compétent.

Source LFG


Photos © LFG.