L’indicateur Hong Kong : intensité légère à modérée

Veronica Novosela

Vous pouvez exposer beaucoup d’articles, mais en aucun cas tout acheter. La Chine est un marché de consommation à la croissance rapide, qui affiche un souhait intense de s’impliquer à tous les niveaux du commerce des diamants, prête à coopérer avec tous les intervenants. Le salon de Hong Kong s’est transformé en une sorte d’indicateur pour évaluer la situation et l’humeur qui règne sur les marchés asiatiques. Les trente ans du Hong Kong Jewellery Fair sont une date importante, ils représentent un âge merveilleux, symbole de la solidité de sa position.[:]

L’édition de septembre du Hong Kong Jewellery & Gem Fair 2012, tant attendue et sur laquelle beaucoup misaient tous leurs espoirs lors de l’organisation de leurs voyages en Chine continentale, a finalement fermé ses portes.
Le premier jour a été mesuré et calme, certains pavillons fréquentés se remplissant lentement de visiteurs, mais il n’a pas affiché le rythme effréné attendu par les commerçants et autres participants. À la fin de la semaine, les ventes ont commencé à s’agiter, avec l’arrivée de nombreux acheteurs en provenance du Brésil, de Russie, d’Inde et de Chine. Parallèlement, les acheteurs américains et européens ont apparemment décidé d’attendre la fin de la période d’incertitude.

Il serait injuste de considérer que les résultats de ce salon sont meilleurs ou pires qu’en 2011 car, dans tous les cas, ils montrent une orientation durable du marché.

Souvenez-vous, lorsque les acheteurs chinois ont commencé leur folle course à la consommation de bijoux haut de gamme, de nombreuses sociétés se sont précipitées à la conquête de ce marché. Plusieurs marques n’ont pas tardé à y installer leurs filiales, usines, magasins, salles d’exposition ou bureaux. Certains ont immédiatement adhéré, d’autres plus tardivement, d’autres encore ne s’y sont pas résolus. Comme l’a dit un Américain : « Si vous n’allez pas en Asie, quelqu’un d’autre ira à votre place. »

Il y a plusieurs années, Hong Kong se limitait aux offres de gros et aux petites ventes de bibelots, un marché d’articles peu coûteux. Aujourd’hui, la région s’est fermement ancrée dans une position de leader mondial des salons de bijouterie et les grandes marques ont commencé à s’y rendre, apportant avec elles des bijoux exclusifs et de grosses pierres pour l’exposition. Après s’être refait une beauté, la Hong Kong moderne est devenue le point de mire du marché mondial de la joaillerie. Il ne faudra probablement que quelques années pour que la majeure partie de la consommation de diamants et de bijoux ne bascule des États-Unis vers la Chine.

Beaucoup tentent toujours d’analyser la situation désespérée qui se présenterait si les États-Unis perdaient leur position de leader. Les pays asiatiques paient leurs travailleurs un dixième de ce que règlent les Européens ou les Américains ; si les États-Unis veulent regagner leur place de numéro un, ils vont devoir proposer le même prix, une situation absolument inimaginable.
La Chine a mis en place et organisé un vaste marché de consommation des bijoux et Hong Kong est devenue le plus important salon pour l’industrie des diamants et des bijoux.

Ces cinq dernières années, l’essor de la consommation chinoise a stimulé les investissements sur le marché national. Mais il n’y a pas de période de croissance sans reculs et l’année 2011 a connu un ralentissement spectaculaire dû à la hausse des prix des matières premières utilisées pour les bijoux. Une reprise mitigée, enregistrée début 2012, a marqué de son empreinte le salon de février à Hong Kong. Au cours de l’année, la croissance a tenté de se relancer et le salon de septembre a montré une reprise très faible, mais néanmoins présente.

Nous avons interrogé plusieurs participants pour obtenir leur impression sur le dernier salon de Hong Kong.
Les négociants indiens en attendaient plus, ils ont tout de même obtenu certains résultats, mais pas dans la mesure attendue. Selon eux, les clients réguliers ont passé commande mais en quantités réduites.
Les diamantaires israéliens ont déclaré que le salon avait été marqué par une demande très calme des acheteurs ; pour certaines sociétés, la fréquentation et les ventes ont progressé tandis que, pour d’autres, elles ont diminué.
Un négociant belge, spécialisé dans les fantaisies, a expliqué que l’ambiance était plus détendue que lors du salon de 2011.
Comme pour la précédente exposition, les acheteurs brésiliens ont continué à analyser l’offre de pierres précieuses et les limites de leurs budgets.
La demande locale en Chine est restée modérée, il en va ainsi de l’Inde et d’autres pays d’Extrême-Orient.

Ces derniers temps, les habitudes de consommation dépendent intégralement de la demande des marchés asiatiques.
Les acheteurs se répartissent en deux catégories : ceux qui sont axés sur certaines marchandises de haute qualité, cherchant à acheter des pierres onéreuses de grande pureté, à partir de 1 carat, et ceux qui s’intéressent à une gamme de prix inférieure, plus proche de la valeur commerciale intermédiaire, allant jusqu’à 0,5 ou 1 carat (VS-SI).

La demande moyenne des consommateurs pour les bijoux de luxe a chuté, la plupart ne souhaitant pas dépenser de grosses sommes d’argent. Ils recherchent des articles abordables, trop largement répartis dans le parc des expositions de Hong Kong.
Ces bijoux sont désormais achetés aussi bien pour des occasions spéciales que pour le quotidien. Par le passé, les femmes recevaient des bijoux en cadeau de la part de leurs conjoints ; aujourd’hui, elles les choisissent et les achètent elles-mêmes.

Mais la grande question porte sur les attentes des participants. Espéraient-ils découvrir un indicateur ? Ou nourrissaient-ils l’espoir d’une reprise de la demande à court terme ? Le marché traverse une période d’incertitudes et il est impossible de le comprendre en n’ayant fréquenté qu’un seul salon. Hong Kong ne cherche pas à devenir la capitale mondiale des bijoux et, jusqu’à présent, il semble peu probable qu’elle réussisse à réunir l’Europe, l’Amérique et les autres.

Source Rough&Polished