L’espoir de jours meilleurs…

Aruna Gaitonde

Récemment, de nombreuses sociétés indiennes de diamants mais aussi de bijoux ont été durement touchées par le ralentissement des marchés de consommation internationaux. [:]D’une part, la demande est insuffisante par rapport à ce qu’elle était il y a quelque temps, que ce soit sur les marchés étrangers ou sur le territoire national. De l’autre, les clients retardent leurs paiements en raison de nombreux problèmes chez les exportateurs indiens. D’ailleurs, l’industrie appréhende plutôt la saison des fêtes à venir, et à juste titre… car les salons de la joaillerie aux États-Unis ou à Hong Kong pourraient bien se transformer cette année en pétards mouillés.

On estime qu’environ 25 sociétés diamantaires, principalement de petite taille, ont fermé leurs portes cette année. Le problème est toutefois bien plus profond. Les sociétés établies, plus importantes, connaissent elles aussi des périodes tumultueuses pour diverses raisons. Certains observateurs pensent que le marché diamantaire a souffert de la démonétisation. Un dollar fort complique encore la situation.

Aujourd’hui, avec les annonces de deux faillites qui circulent, l’humeur de l’industrie va continuer de baisser. Les tailleurs et les petites sociétés qui négocient du brut à Mumbai et à Surat et n’ont perçu que des marges très réduites ces derniers mois, vont perdre confiance dans tout le secteur.

Selon des analystes, l’année dernière, l’achat de brut est devenu plus onéreux en raison d’un dollar fort et de la démonétisation. Comme l’industrie dépend des banquiers pour financer ces achats, les banques prêteuses préservent aussi leurs deniers en appliquant des normes plus strictes. Impossible dès lors de créer des situations gagnant-gagnant, à tel point que plusieurs entreprises agonisent.

Il faut noter que l’industrie indienne des bijoux et des diamants gagne des devises étrangères, crée de nombreux emplois et contribue pour environ 6 % au PIB de l’Inde, ce qui stimule l’économie du pays. L’industrie a donc raison de quémander des miettes au gouvernement, comme l’exemption de la GST sur le brut, la matière première des exportations. Les membres de l’industrie sont d’avis qu’une main secourable du gouvernement aiderait grandement un marché confronté à plusieurs difficultés d’ordre international comme la demande, la devise, etc.

Le financement est l’un des gros problèmes de l’industrie : les fabricants en font les frais puisqu’ils règlent d’avance les sociétés minières pour s’approvisionner en brut et font crédit aux détaillants 90 jours et plus, ce qui affaiblit leur position financière. En outre, le coût du financement est exorbitant, ce que le secteur des micro, petites et moyennes entreprises (la colonne vertébrale de l’industrie diamantaire) n’est pas capable de supporter.

Ces derniers mois, l’industrie indienne des diamants et des bijoux a fait des efforts pour s’organiser et entrer dans le monde numérique. Les micros, petites et moyennes entreprises elles-mêmes commencent à devenir conformes et à progresser vers un système de transactions sans espèces au sein de l’industrie diamantaire.

Les analystes sont toutefois d’avis que, si l’industrie est solide, les banques résisteront car leurs intérêts sont étroitement liés. Et, puisque l’industrie diamantaire est un secteur complexe, les solutions doivent être personnalisées. Alors que les banques prêteuses peuvent appliquer soigneusement leurs procédures de due diligence lorsqu’elles comprennent l’écosystème de l’industrie diamantaire, les organisations commerciales du diamant doivent, elles, fournir des informations aux banques à propos de l’industrie et des sociétés qui la composent.

On dit que certaines sociétés détournent l’argent des prêts bancaires vers d’autres activités comme l’immobilier, etc., ce qui a évidemment un effet négatif sur leur cœur de métier. Alors, si les banques de financement, en plus de demander des garanties, s’assurent d’être prioritaires sur tous les actifs des clients, les reçus de dettes, les flux de trésorerie actuels et futurs, les stocks dans divers sites de la société et les créances dans le but de préserver leur avoir, c’est totalement légitime.

Aujourd’hui, il revient à certaines sociétés de diamants et de bijoux en Inde d’assainir leurs actes et de changer la façon dont elles travaillent. Si elles ne le font pas, toute l’industrie, qui s’appuie sur la confiance, la transparence et l’intégrité, en subira les conséquences…

Source Rough&Polished