Les synthétiques se préparent à un contrôle écologique

Rob Bates

Six sociétés et détaillants de synthétiques viennent de signer un programme pilote pour procéder à un audit de leurs performances environnementales, sociales et de gouvernance à l’aune de critères prédéfinis.[:]

En cas de succès, leurs diamants seront certifiés par SCS Global Services comme étant développés de façon durable, bien qu’il soit possible que ce label finisse par changer.

Seuls des diamants individuels porteront la certification, après avoir fait l’objet d’un suivi et d’une traçabilité du fabricant au détaillant. Ainsi, par exemple, il est possible que la pierre centrale d’une bague porte la certification SCS, alors que ce ne sera pas le cas des pierres voisines. (Tout comme une pierre centrale porte parfois un rapport du GIA, alors que les pierres annexes n’en ont pas).

Le projet pilote, engagé par l’institut Lab-Grown Diamond Council, nouvellement créé, impliquera quatre fabricants – Green Rocks, Goldiam USA, Lusix et WD Lab Grown – ainsi que deux détaillants, Helzberg Diamonds et Swarovski.

L’actualité intervient après que la Federal Trade Commission (FTC) a déconseillé en avril à huit vendeurs de synthétiques d’utiliser des prétentions d’avantages environnementaux généraux, comme « écologique » et « durable », interdits par les Guides verts de l’agence.

Il est intéressant de noter qu’aucun des vendeurs de synthétiques ayant été avertis par la FTC ne participe au programme pilote. En réalité, la plupart des sociétés participantes ont déjà commencé à éviter les prétentions écologiques par le passé.

« Il s’agit de sociétés qui veulent agir comme il se doit, explique Stanley Mathuram, vice-président de SCS, qui a également travaillé avec Brilliant Earth et le Responsible Jewellery Council. Le message qu’elles nous délivrent actuellement est le suivant : « Nous soutenons le développement durable et telles sont nos pratiques qui le prouvent. » Il ne s’agit pas uniquement de la façon dont ces sociétés se positionnent par rapport aux diamants naturels. Il s’agit plutôt des pratiques propres à chacune et de la façon dont elles se mesurent à une norme transparente. »

Même si Diamond Foundry n’a pas été certifiée neutre en carbone par Natural Capital Partners, cette nouvelle référence va au-delà de ce critère, vers la « neutralité climatique », explique Stanley Mathuram.

« Nous ne nous contentons pas de mesurer votre empreinte électrique, pour que vous achetiez ensuite des compensations, explique Stanley Mathuram. Nous pouvons chercher des façons de réduire la consommation d’électricité. Cela va bien au-delà de la neutralité carbone, nous abordons une multitude de questions. Nous nous intéressons également au noir de carbone, à l’ozone, au méthane, ainsi qu’à d’autres polluants qui sont des sujets brûlants pour le climat. Nous parlons de l’eau, nous parlons des solvants, nous parlons des produits chimiques. »

L’initiative permettra également de surveiller les sociétés qui taillent les diamants et s’assurera qu’elles respectent les références actuelles en termes de main-d’œuvre et de sécurité.

Un autre élément clé du système est la bonne gouvernance. En ces temps de réglementation sur la lutte contre le blanchiment d’argent, où les acheteurs sont tenus de connaître leurs clients, les détaillants veulent de plus en plus d’informations sur l’identité de ceux qui détiennent les sociétés de synthétiques, explique Stanley Mathuram. Pourtant, de nombreux fabricants ne sont pas transparents et certains ont eu des liens avec des délinquants économiques en fuite, des organismes offshore ou l’armée chinoise.

« Nous voulons que les références soient alignées sur les règles de lutte contre la corruption et les pots-de-vin de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) pour savoir à qui ils appartiennent, explique Stanley Mathuram. Nous pouvons alors demander : « Quel est leur histoire ? Y a-t-il un risque de blanchiment d’argent ? Payent-ils des salaires corrects ? ». »

Un comité de références a été constitué pour développer des critères de certification. Parmi les membres, figurera le Dr Saleem Ali qui a écrit sur l’impact écologique des diamants naturels et synthétiques. (Aussi bien Stanley Mathuram que Saleem Ali sont aussi impliqués dans des initiatives visant à surveiller et certifier les opérations minières, y compris des producteurs de diamants, comme l’Initiative for Responsible Mining Assurance.)

Stanley Mathuram espère que les premières références seront développées dans environ cinq mois. Il entend qu’elles soient « strictes » et soumises à des révisions annuelles, en vue d’une amélioration continue. D’ailleurs, admet-il, il est possible que les sociétés aient besoin d’investir pour adapter leurs pratiques au code, notamment du fait que les synthétiques consomment une quantité d’énergie considérable pour leur fabrication.

« Ce sera probablement le cas, affirme-t-il. Il serait en effet trompeur de se dire « durable », sans changer ses pratiques. »

Les projets actuels défendent l’idée d’une certification intitulée « fabriqué de manière durable », bien que le mot « durable » soit l’un de ceux que la FTC a refusé, puisqu’il a différents sens en fonction des personnes. Stanley Mathuram affirme qu’il travaillera avec la FTC pour s’assurer que l’énoncé soit autorisé et affirme qu’il pourrait être modifié.

Il admet qu’il est également possible que des fabricants concurrents continuent de se qualifier « d’écologiques », malgré les avertissements de la FTC et l’absence de vérifications indépendantes.

« Ils peuvent essayer, explique-t-il. Mais vous aurez des sociétés comme Helzberg et Swarovski qui voudront ces certifications. Nous avons vu cela dans d’autres industries que nous certifions. Personne ne va aborder des sociétés qui ne peuvent pas affirmer qui les détient ou quelles sont leurs références sociales et environnementales. »

L’un des premiers participants au programme, Goldiam USA, espère qu’obtenir la certification permettra de se distinguer des autres.

« Tout le monde affirme avoir ses propres laboratoires de fabrication mais ce n’est souvent pas vrai, explique Devang Jhaveri, PDG de la société, qui vend des pierres naturelles et synthétiques. Cela montrera que nous fabriquons le produit nous-mêmes et que nous avons confiance dans notre processus. »

Il espère également que cela donnera davantage confiance aux consommateurs.

Une récente étude de MVI Marketing a montré que plus de 85 % des acheteurs de bijoux affirment qu’il est important de disposer d’une vérification indépendante de l’impact social et environnemental d’un diamant avant l’achat.

« Lorsqu’ils ont été interrogés sur la confiance que leur inspirerait une société qui crée ses propres références de prétentions en matière de responsabilité sociale et environnementale, puis réaliserait ses propres rapports, les consommateurs n’ont pas été convaincus », a indiqué un communiqué de MVI.

(Pour des questions de transparence, il faut noter que MVI a travaillé pour SCS, ainsi que pour des sociétés et organisations de synthétiques).

« Les consommateurs deviennent de plus en plus sophistiqués, explique Elizabeth Chatelain, présidente de MVI. Nous commençons à constater une résistance de la part des consommateurs, qui demandent : « Qui confirme et vérifie que ce que vous me dites est vrai ? ». »

Ou, comme l’explique Stanley Mathuram : « Vous ne pouvez pas parler de développement durable si personne ne connaît vos pratiques. »

Source JCK Online